« Reveillez le monde ! Soyez témoins d’une manière différente de faire, d’agir, de vivre ! » : c’est l’exhortation du pape François aux religieux et religieuses du monde qu’il exhorte à s’impliquer « dans les situations d’exclusion et de marginalisation ».
Quant aux prêtres, ils doivent être « des pères, des frères, des compagnons de route », estime aussi le pape, invitant à axer leur formation sur « le coeur ».
La revue jésuite italienne Civiltà Cattolica publie en exclusivité une transcription de la conversation entre le pape François et 120 membres de l’Union des supérieurs généraux (USG), qui a eu lieu le 29 novembre 2013, au Vatican.
Le pape leur avait consacré trois heures entières, durant lesquelles il n’avait pas prononcé de discours mais un long dialogue « fraternel », « vivant et spontané », dont des extraits avaient été rapportés dans un communiqué de l’USG (cf. Zenit du 29 novembre 2013).
Le texte d’une quinzaine de pages, disponible en italien, anglais et espagnol, est présenté par le P. Antonio Spadaro, directeur de la revue, qui avait pris des notes lors de la rencontre.
Parmi les thèmes abordés, le P. Spadaro distingue « la complexité de la vie, faite de grâce et de péché, la nécessité d’être prophètes dans le monde, de vivre la fraternité, la dénonciation des attitudes hypocrites et du fondamentalisme, l’éloge de la décision de Benoît XVI de lutter contre les cas d’abus, l’importance des charismes, la nécessité de la tendresse, l’appel à ‘caresser les conflits’ et à provoquer une secousse pour réveiller le monde endormi ».
Lors de cette rencontre, le pape François a notamment annoncé que l’année 2015 serait dédiée à la vie consacrée (cf. Zenit du 29 novembre). La vie religieuse est pour le monde « un signal d’alarme », car elle propose « des attitudes peu communes », comme « la générosité, le détachement, le sacrifice, l’oubli de soi pour les autres », a-t-il expliqué.
« Reveillez le monde ! Soyez témoins d’une manière différente de faire, d’agir, de vivre ! Il est possible de vivre différemment en ce monde », les a-t-il exhortés.
Evoquant l’évangélisation, le pape s’est soucié particulièrement de la pastorale des jeunes : « celui qui travaille avec les jeunes ne peut pas s’exprimer comme dans un traité… il faut un nouveau langage, une nouvelle façon de dire les choses… aujourd’hui Dieu demande de sortir du nid pour être envoyés. »
« Comment annoncer Jésus à une génération qui change ? » : telle est la question à se poser. En outre, a-t-il souligné, « le devoir éducatif est une mission clé, clé, clé ! ».
Il a insisté sur la formation des futurs prêtres, qui n’est pas « une tâche policière », mais « artisanale » : « Il faut former le cœur. Autrement nous formons de petits monstres. Et puis ces petits monstres forment le peuple de Dieu. Cela me donne vraiment la chair de poule ».
De même pour les religieux : « Pensons à ces religieux qui ont le cœur acide comme le vinaigre : ils ne sont pas faits pour le peuple. Nous ne devons pas former des administrateurs, mais des pères, des frères, des compagnons de route », a-t-il ajouté.
Si l’appel à aller « vers les périphéries, vers les frontières », est aussi adressé aux religieux, ils doivent cependant le faire « selon leurs charismes ». Le pape a appelé à discerner les périphéries prioritaires « dans les situations d’exclusion et de marginalisation » et à y envoyer « les personnes les plus douées » car « les situations à grand risque demandent courage et prière ».
Enfin, il a parlé de la vie en communauté : « la fraternité religieuse est une expérience d’amour qui va au-delà des conflits » : « les conflits sont inévitables » et il s’agit de « les accepter » et de les affronter avec « une tendresse eucharistique ».