Le cardinal Tauran évoque le triple défi posé aux chrétiens et musulmans

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Lors d’une conférence à Villeurbanne (France)

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ROME, Vendredi 27 Novembre 2009 (ZENIT.org) – C’est un « triple défi » que chrétiens et musulmans doivent relever, a affirmé le cardinal Jean-Louis Tauran : « le défi de l’identité » (savoir et accepter ce que nous sommes nous-mêmes), « le défi de l’altérité » (nos différences sont sources d’enrichissement) et « le défi de la sincérité » (les croyants ne peuvent pas renoncer à proposer leur foi, mais ils doivent le faire dans les limites du respect et de la dignité de chaque être humain).

Le président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux s’est exprimé à l’occasion d’une conférence à Villeurbanne, le 17 novembre 2009. L’intégralité de son intervention a été publiée sur le site du diocèse de Lyon.

Dans son intervention, il a rappelé combien le dialogue interreligieux « repose sur des rapports de confiance entre adeptes de religions diverses en vue de se connaître, de s’enrichir mutuellement et de considérer comment ensemble coopérer au bien commun ».

« Il ne s’agit pas de renoncer à sa propre foi ». « Il s’agit de se laisser interpeller par les convictions d’autrui, d’accepter de prendre en considération des arguments différents des miens ou de ceux de ma communauté ».

Ainsi, pour le cardinal Tauran, les « conditions d’un dialogue interreligieux fécond » sont multiples : « avoir une idée claire de sa propre religion », « être humble » (reconnaître les erreurs d’hier et d’aujourd’hui), « reconnaître les valeurs de l’autre » (il n’est pas nécessairement un ennemi) et « partager les valeurs que nous avons en commun ».

Dans le dialogue interreligieux, « on ne met pas sa foi entre parenthèses, ce qui implique une connaissance de sa propre tradition ». « Le dialogue n’est pas une stratégie ou un moyen pour convertir, bien qu’un tel dialogue puisse favoriser la conversion ». « Le dialogue, pour être sincère, doit être mené sans arrière-pensée ».

Pour le cardinal français, les « réflexions, rencontres et initiatives » de chrétiens et musulmans « constituent un apport particulièrement positif pour nos sociétés qui si souvent se sont organisées sans Dieu, parfois contre lui ». « Les croyants peuvent offrir à leurs compagnons d’humanité, en particulier aux responsables des sociétés, des valeurs susceptibles de contribuer à l’harmonie des esprits, à la rencontre des cultures et à la conservation du bien commun ».

Malgré tout, « de graves difficultés subsistent », a-t-il ajouté, citant « les responsables musulmans les plus éclairés (qui) ne parviennent pas à faire admettre à leurs coreligionnaires le principe de la liberté de changer de religion selon sa conscience », ou encore « le climat nouveau que nous expérimentons au niveau des élites (qui) n’a pas encore pénétré la base de la société ».

« Mais je suis persuadé qu’il faut continuer à se rencontrer pour écouter, comprendre et suggérer des accommodements concrets et modestes qui puissent ouvrir la voie à des discussions à la fois plus concrètes et plus profondes », a conclu le haut prélat. « L’histoire comme les religions enseignent qu’il n’y a qu’un seul avenir possible : l’avenir partagé ».

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ZENIT Staff

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