« La joie de proclamer Jésus et son Evangile », par le P. Cantalamessa

L’Avent et « l’onction de foi », témoignage

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Anita Bourdin           

ROME, vendredi 7 décembre 2012 (Zenit.org) – « L’onction de l’Esprit Saint produit un autre effet, pour ainsi dire, « collatéral » chez l’annonciateur: elle lui fait éprouver la joie de proclamer Jésus et son Evangile », explique le prédicateur de la Maison pontificale, le P. Raniero Cantalamessa qui a tenu sa première prédication de l’Avent, ce vendredi matin, au Vatican en présence de Benoît XVI et de la curie romaine (cf. « Documents » pour le texte intégral). Il s’agit aussi d’un témoignage personnel de moments « d’onction de foi » vécue par le capucin le plus connu de la télévision italienne.

Dans la troisième partie de cette prédication, le P. Cantalamessa affirme le lien entre l’Esprit Saint, l’évangélisation et la joie chrétienne: « L’onction de l’Esprit Saint produit un autre effet, pour ainsi dire, « collatéral » chez l’annonciateur: elle lui fait éprouver la joie de proclamer Jésus et son Evangile. Elle transforme l’obligation et le devoir de l’évangélisation en un honneur et un motif de fierté. C’est la joie que connaît bien le messager qui porte à une ville assiégée l’annonce que son siège a été levé, ou le héraut qui dans l’Antiquité arrivait à la ville pour annoncer qu’une victoire décisive avait été remporter par son armée. L’« heureuse nouvelle », procure d’abord du bonheur à celui qui la porte avant même de la procurer à celui qui la reçoit. »

Il donne comme exemple de joie qui accompagne ce qu’il appelle « l’onction de foi » cet épisode du « Mémorial » de Blaise Pascal : « Un exemple évident d’onction de la foi est le « Mémorial » de Blaise Pascal, cette expérience faite par lui dans la nuit du 23 novembre 1654, fixée par de courtes  exclamations, qu’on a  retrouvé après sa mort, à l’intérieur de sa veste: « Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob, non des philosophes et des savants. Certitude. Certitude. Sentiment. Joie. Paix. Dieu de Jésus Christ […]. Il ne se trouve que par les voies enseignées dans l’Evangile. […] Joie, joie. Joie, larmes de joie. […] Ceci est la vie éternelle, qu’ils te connaissent toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ ». »

« En général, a-t-il expliqué, on expérimente une onction de foi quand sur une Parole de Dieu ou une affirmation de foi, tombe la lumière de l’Esprit Saint, un moment qui s’accompagne aussi d’habitude d’une forte émotion. Une fois, à l’occasion de la fête du Christ Roi, j’écoutais dans la première lecture de la Messe la prophétie de Daniel sur le Fils de l’homme:« Je regardais, au cours des visions de la nuit, et je voyais venir, avec les nuées du ciel, comme un Fils d’homme ; il parvint jusqu’au Vieillard, et on le fit avancer devant lui; Et il lui fut donné domination, gloire et royauté ; tous les peuples, toutes les nations et toutes les langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et sa royauté, une royauté qui ne sera pas détruite » (Dn 7,13-14). »

Il explique : « Le Nouveau Testament, on le sait, a vu se réaliser la prophétie de Daniel en Jésus; lui-même devant le sanhédrin l’a fait sienne (cf. Mt 26, 64); une phrase de la prophétie est entrée dans le Credo : « et son règne n’aura pas de fin »  (« cuius regnum non erit finis »). Je connaissais tout cela, pour l’avoir étudié, mais là c’était autre chose. C’était comme si la scène se déroulait  sous mes yeux. Oui, ce fils de l’homme qui avançait était Jésus en personne. Tous les doutes et toutes les explications alternatives des savants, que je connaissais bien aussi, me semblaient, à ce moment-là, de simples prétextes pour ne pas croire. Je vivais, sans le savoir, une onction de la foi. »

Il cite cette autre expérience personnelle : « Une autre fois (je crois avoir déjà mentionnée cette expérience autrefois, mais elle aide a comprendre l’idée), j’étais en train d’assister à la messe de minuit de Jean-Paul II à Saint-Pierre. Le moment arriva de chanter la Calende, c’est-à-dire la proclamation solennelle de la naissance du Sauveur, présente dans l’ancien Martyrologe et réintroduite dans la liturgie de Noël après Vatican II:

« Beaucoup de siècles après la création du monde … Treize siècles après la sortie d’Egypte … A la cent quatre-vingt-quinzième Olympiade, En l’an 752 de la fondation de Rome … Dans la quarante-deuxième année de l’empire de César Auguste, Jésus-Christ, Dieu éternel et Fils du Père éternel, ayant été conçu du Saint Esprit, et neuf mois s’étant écoulés depuis sa conception, est né à Bethléem de Juda, fait homme de la Vierge Marie ». »

Et voilà l’événement spirituel : « A ces dernières paroles, une soudaine clarté se fit en moi et je disait à moi-même: « C’est vrai! Tout ce que l’on chante est vrai! Ce ne sont pas que des mots. L’éternel est donc entré dans le temps. Le dernier événement de la série a fait éclater la série; il a créé un « avant » et un « après » irréversibles; le temps qui, avant, se calculait en fonction des divers évènements (telle olympiade, règne d’untel), se calcule maintenant par rapport à un seul événement : avant lui, et après lui. Une émotion subite s’empara de ma personne, et tout ce que j’arrivais à dire c’était: « Merci, très sainte Trinité, et merci aussi à toi, sainte Mère de Dieu ! ». »

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ZENIT Staff

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