La corruption, un problème mondial et une plaie dans l'Eglise

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Conversation avec le pape dans l’avion de Manille à Rome

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Aujourd’hui, la corruption est un « problème mondial », y compris dans l’Eglise où elle est « une plaie », déclare le pape François lors d’une conférence de presse sur le vol Manille-Rome, après une semaine au Sri Lanka et aux Philippines, le 19 janvier 2015.

Devant les journalistes présents à bord, le pape a abordé divers thèmes, parmi lesquels la corruption au sein des gouvernements et de l’Église : « la corruption trouve facilement un abri au sein des institutions… Toutes les institutions peuvent tomber dedans », a-t-il fait observer, surtout les institutions ayant « beaucoup de chefs et de vice-chefs ».

Pour le pape, la corruption « tue » : elle consiste à « enlever au peuple », à « voler le peuple ». Aujourd’hui, a-t-il affirmé, « c’est un problème mondial ».

Le pape a illustré son propos par deux anecdotes vécues à Buenos Aires, la première concernant le gouvernement : « Une fois, en 2001, j’ai demandé au Chef du Cabinet du président de l’époque – un gouvernement que nous ne trouvions pas trop corrompu – : « Combien arrive à destination parmi les aides que vous envoyez dans le pays, que ce soit en liquide ou en nourriture ou en vêtements ? »… Cet homme, qui est un homme honnête, a répondu : « 35% ». »

Mais dans les institutions ecclésiales aussi, « il y a des cas », a-t-il ajouté en racontant sa seconde anecdote : « En 1994, je venais d’être nommé évêque du quartier de Flores à Buenos Aires. Deux employés ou fonctionnaires d’un ministère sont venus me dire : « Vous avez beaucoup de besoins ici, avec tous ces pauvres, dans les ‘Villas Miserias’ ! ». « Oh oui », ai-je dit en expliquant. « Mais nous pouvons vous aider. Nous avons, si vous voulez, une aide de 400.000 pesos ». À cette époque, le peso était équivalent au dollar : 400.000 dollars. « Et vous pouvez faire cela ? ». « Oui, oui… Mais pour cela, nous faisons un dépôt et puis vous nous donnez la moitié à nous ». À ce moment-là, je me suis demandé quoi faire : ou je les insulte, ou je fais l’idiot… Et j’ai fait l’idiot. J’ai dit, et c’était la vérité : « Vous savez que nous, dans les vicariats, nous n’avons pas de compte ; vous devez faire le dépôt à l’archevêché avec un reçu ». Et c’est tout. « Ah, nous ne savions pas… enchantés », et ils sont partis. »

Le pape a souligné : « Si ces deux-là avaient atterri ici directement, sans demander leur chemin, c’est parce que quelqu’un d’autre leur avait dit oui… la corruption, c’est facile à faire ». Il a exhorté à « demander pardon pour ces catholiques, ces chrétiens qui scandalisent par leur corruption. C’est une plaie dans l’Église ».

Les chrétiens peuvent être « pécheurs, oui ! » mais « corrompus, non ! Corrompus, jamais ! », a-t-il insisté selon une expression qu’il avait déjà utilisée lors d’une messe à Sainte-Marthe : « il y a beaucoup de saints, et des saints pécheurs, mais pas corrompus », a-t-il ajouté en invitant à « regarder de l’autre côté, aussi, dans l’Église sainte… ».

Avec une traduction de Constance Roques

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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