Bureaux du tribunal du Vatican © capture Zenit / RomeReports

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Justice : le financier italien Gianluigi Torzi remis en liberté provisoire

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Après une détention préventive dans l’affaire d’un immeuble londonien

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Le financier italien Gianluigi Torzi, originaire de la région du Molise, a été remis en liberté provisoire, indique le Saint-Siège ce 15 juin 2020. Dix jours plus tôt, le 5 juin, il avait été arrêté au Vatican pour extorsion, fraude et détournement de fonds, dans l’affaire de l’achat d’un immeuble à Londres.

A l’issue des interrogatoires, le Bureau du promoteur de justice a accordé sa liberté provisoire, prenant acte des documents remis par le suspect pour « la reconstitution des faits » qui sont objets de l’enquête.

Il encourt jusqu’à douze ans de prison. Les faits qui lui sont reprochés sont liés à l’achat et à la vente d’une propriété londonienne de Sloane Avenue, qui a impliqué un réseau de sociétés où figurent certains fonctionnaires de la Secrétairerie d’État.

« On conteste à l’accusé divers actes d’extorsion, détournement de fonds, fraude aggravée et auto-blanchiment, des crimes pour lesquels la loi du Vatican prévoit des peines pouvant aller jusqu’à douze ans d’emprisonnement », expliquait un communiqué du Vatican au moment de l’arrestation. Gianluigi Torzi était détenu à la caserne de la gendarmerie du petit Etat.

L’immeuble au centre de l’enquête est un ancien entrepôt de Harrods dans le quartier de Chelsea. Érigé en 1911, il a été reconstruit en 1990. Le financier Raffaele Mincione a vendu le bâtiment au Vatican : la Secrétairerie du Vatican a souscrit pour cela les actions d’un fonds dirigé par Mincione.

L’argent de l’Obole de Saint Pierre aurait financé, selon l’accusation, une série d’opérations dirigées par Mincione, dont la souscription d’une obligation émise par une société du Luxembourg, également détenue par Mincione, et l’acquisition d’actions.

En plus des 18 millions de pertes dues à la dépréciation des actions du fonds, le Saint-Siège a versé 40 millions d’euros supplémentaires à Mincione, afin d’acquérir à nouveau l’intégralité de la propriété de l’immeuble: un investissement jugé disproportionné par rapport à la valeur de la propriété, grevée d’une hypothèque coûteuse.

Le financier Gianluigi Torzi a pour sa part conservé des actions avec droit de vote d’une société anonyme, Gutt Sa, impliquée dans le passage de propriété, mais dissoute en 2019.

On estime que le Vatican a dû débourser 15 millions d’euros supplémentaires pour acquérir la propriété, désormais entre les mains de 60 Sa Ltd, enregistrée à la Companies House en mars 2019 avec une livre de capital initial et la Secrétairerie d’État comme unique actionnaire. Au total, selon les accusations, le Saint-Siège aurait payé plus de 350 millions d’euros pour un immeuble que Raffaele Mincione’s Time and Life avait acquis en 2012 pour 129 millions de livres (près de 145 millions d’euros).

En Italie, Gianluigi Torzi détient toujours des fonctions dans des entreprises familiales. Mais il est surtout très actif à Londres, comme administrateur de six sociétés, toutes à la même adresse, au 33 Bruton Place, à Mayfair, à deux pas de Hyde Park. Le financier a commencé comme courtier, puis est passé à la banque d’investissement et à la finance.

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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