Le pape François invite les pèlerins à franchir « avec foi », la Porte Sainte du Jubilé extraordinaire de la miséricorde, qui s’achève le 20 novembre 2016, pour eux-mêmes, pour leurs proches et pour les défunts. Une Porte ouverte dans chaque diocèse et dans de nombreux sanctuaires, et pas seulement à Rome, c’est une des grandes nouveautés de ce Jubilé. Une Porte pour faire l’expérience de la miséricorde.
Le pape a lancé cette invitation en italien au terme de l’audience générale de ce mercredi 7 septembre 2016, place Saint-Pierre.
« Je vous souhaite, a dit le pape, un pèlerinage jubilaire riche en fruits spirituels afin qu’en franchissant la Porte Sainte avec foi, vous obteniez l’indulgence pour vous-mêmes, pour ceux qui vont sont chers, et pour vos défunts. »
L’indulgence plénière peut être reçue aux conditions habituelles indiquées par l’Eglise (communion et réconciliation sacramentelles, prière aux intentions du pape, Credo, renoncement au mal) et aux conditions indiquées par le pape François dans sa bulle d’indiction du Jubilé, Misericordiae Vultus en particulier pour différentes catégories de catholiques: personnes âgées, malades, détenus, mais aussi personnes qui s’occupent des malades… Il invite par exemple les détenus à transformer spirituellement la porte de leur cellule en Porte sainte.
L' »indulgence » est une façon qu’a l’Eglise de puiser dans les mérites infinis du Christ mort et ressuscité, pour les appliquer aux baptisés et les libérer non seulement du péché (ce que fait l’absolution sacramentelle) mais aussi des peines dues aux conséquences des péchés.
Le pape François l’explique ainsi dans Misericordiae Vultus: « Malgré le pardon, notre vie est marquée par les contradictions qui sont la conséquence de nos péchés. Dans le sacrement de la Réconciliation, Dieu pardonne les péchés, et ils sont réellement effacés, cependant que demeure l’empreinte négative des péchés dans nos comportements et nos pensées. La miséricorde de Dieu est cependant plus forte que ceci. Elle devient indulgence du Père qui rejoint le pécheur pardonné à travers l’Epouse du Christ, et le libère de tout ce qui reste des conséquences du péché, lui donnant d’agir avec charité, de grandir dans l’amour plutôt que de retomber dans le péché » (MV 22).
Le pape insiste sur la communion des saints avant d’ajouter: « Vivre l’indulgence de l’Année Sainte, c’est s’approcher de la miséricorde du Père, avec la certitude que son pardon s’étend à toute la vie des croyants. L’indulgence, c’est l’expérience de la sainteté de l’Eglise qui donne à tous de prendre part au bénéfice de la rédemption du Christ, en faisant en sorte que le pardon parvienne jusqu’aux extrêmes conséquences que rejoint l’amour de Dieu. Vivons intensément le Jubilé, en demandant au Père le pardon des péchés et l’étendue de son indulgence miséricordieuse » (MV 22).
Le pape a donné aux prêtres des pouvoirs spéciaux pour le Jubilé, notamment de donner le pardon au Nom de Dieu aux personnes ayant concourus à un avortement – par exemple le personnel médical ou les familles, pas seulement le père ou la mère de l’enfant -, ce qui est habituellement réservé à l’évêque.
Il a aussi envoyé dans le monde entier, le mercredi des Cendres, des « missionnaires de la miséricorde » avec le pouvoir de remettre des péchés réservés au Siège apostolique: ils sont un peu plus de 800.
« Ce seront des prêtres, annonçait le pape, à qui j’aurai donné l’autorité pour pardonner aussi les péchés qui sont réservés au Siège Apostolique, afin de rendre explicite l’étendue de leur mandat. Ils seront surtout signe vivant de la façon dont le Père accueille ceux qui sont à la recherche de son pardon. Ils seront des missionnaires de la miséricorde car ils se feront auprès de tous l’instrument d’une rencontre riche en humanité, source de libération, lourde de responsabilité afin de dépasser les obstacles à la reprise de la vie nouvelle du Baptême » (MV 18).
Les péchés réservés au Siège apostolique sont au nombre de 5: le péché de profanation de la Sainte Eucharistie, les péchés d’absolution du complice d’un péché (6e commandement), d’ordination épiscopale sans mandat du pape, de violation du secret sacramentel (confession) et du péché de violence physique contre le Saint-Père. Mais, a fait observer Mgr Rino Fisichella, coordinateur du Jubilé « les paroles peuvent être pire que des pierres parfois ».
Toujours en italien, lors de l’audience de ce mercredi matin, le pape François s’est adressé, comme à l’accoutumée, aux jeunes, aux malades et aux nouveaux mariés, les invitant à mettre en œuvre l’héritage spirituel de Mère Teresa : « Dimanche dernier nous avons célébré canonisation de Mère Teresa de Calcutta. Chers jeunes, devenez comme elle des artisans de miséricorde. Chers malades, percevez sa proximité pleine de compassion, spécialement à l’heure de la croix. Chers nouveaux mariés, invoquez-la pour que le soin et l’attention pour les plus faibles ne manque jamais dans vos familles. »
Audience du 7 septembre 2016, capture CTV
Jubilé: franchir la Porte Sainte y compris pour les défunts
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