Inde : le gouvernement de l’Orissa sommé de protéger les chrétiens

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Intervention de la Cour suprême

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ROME, Lundi 12 janvier 2009 (ZENIT.org) – La Cour suprême de l’Inde ordonne au gouvernement de l’Orissa de protéger les chrétiens, sous peine d’être destitué, a indiqué « Eglises d’Asie » (EDA), l’agence des Missions étrangères de Paris, le 9 janvier.

L’Eglise s’est félicitée de ce que la Cour suprême de l’Inde (1), dans une directive du 5 janvier dernier, ait menacé le gouvernement de l’Orissa de le destituer s’il n’arrivait pas à protéger les minorités religieuses.  

Le 7 janvier 2009, lors d’une conférence de presse, le cardinal Varkey Vithayathil, archevêque syro-malabar d’Ernakulam-Angamaly (Etat du Kerala), déclarait : « La communauté chrétienne a toujours cru en la justice de ce pays qui sait quand il le faut, défendre les droits des minorités ». Le cardinal, président de  la Conférence des évêques catholiques de l’Inde (CBCI) a remercié la Cour suprême d’avoir clairement réaffirmé la responsabilité de l’Etat de l’Orissa concernant les droits fondamentaux des minorités.   

Mgr Stanislaus Fernandes, archevêque de Gandhinagar (Etat du Gujarat), secrétaire général de la CBCI, a quant à lui, exprimé le vif soulagement qu’avait ressenti la communauté chrétienne, spécialement celle de l’Orissa. « Il est malheureux que la communauté chrétienne ait été victime de manoeuvres malintentionnées de la part de quelques groupes radicaux », a-t-il dit, assurant que malgré ces difficultés, l’Eglise continuerait sa mission auprès des pauvres et des opprimés, sans distinction de caste, de race ou de religion.  

Cette décision de la Cour suprême faisait suite à une requête de Mgr Raphaël Cheenath, archevêque de Cuttack-Bhubaneswar, demandant que l’on assure la sécurité des chrétiens de son diocèse de l’Orissa où durant sept semaines, des groupes hindouistes avaient causé la mort de plus de 60 personnes et déplacé des milliers de familles (2).

Mgr Cheenath a rappelé qu’environ 80.000 chrétiens continuaient à l’heure actuelle de vivre dans les camps de réfugiés mis en place par le gouvernement, pendant que des centaines d’autres erraient loin de leurs maisons et de leurs villages, dans la crainte de nouvelles attaques. Il a expliqué à Ucanews que les chrétiens qui voulaient revenir dans leurs villages n’avaient que le choix de devenir hindous ou d’être massacrés, ajoutant qu’il se réjouissait que la Cour suprême ait choisi d’utiliser le terme de « persécution »  pour qualifier les violences perpétrées en Orissa.  

« Nous sommes un pays laïc. Nous ne pouvons accepter que des minorités soient persécutées », ont en effet martelé les trois juges, à la tête desquels se trouvait le président de  la Cour suprême, K.G Balakrishnan. « Si le gouvernement [de l’Orissa] est incapable de les protéger, il doit démissionner », a déclaré la Cour.  « Il est du devoir du gouvernement de l’Etat de protéger les communautés minoritaires. Vous [le gouvernement de l’Orissa] ne l’avez fait que lorsque 50.000 personnes de ces minorités ont dû fuir dans la jungle ».   

Le gouvernement de l’Orissa qui s’était engagé à juguler la violence antichrétienne dès ses débuts le 24 août 2008, mais n’avait mis en œuvre aucun moyen pour la faire cesser, a été ces dernières semaines, accusé de connivence avec les partis extrémistes hindous responsables des exactions.

L’Etat de l’Orissa dont 94 % de la population est hindoue (3), est gouverné par une coalition formée d’un parti régional et du Bharatiya Janata Party (BJP, Parti du peuple indien), pro-hindou et fortement impliqué dans les attaques antichrétiennes. Le père Babu Joseph, porte-parole de la Conférence des évêques de l’Inde a déclaré à ce propos à Ucanews le 7 janvier dernier : « Même après tant d’attaques, il y avait une mauvaise volonté manifeste de la part des politiques. La directive de la Cour suprême est plus que bienvenue ».  

Selon le quotidien indien The Hindu (4), la Cour suprême a demandé au gouvernement de l’Orissa de mettre en place avec le ministère fédéral de l’intérieur, le déploiement de forces armées dans le district du Kandhamal, épicentre des violences contre les chrétiens et ce, jusqu’aux élections prévues dans deux mois. Les juges ont également ordonné à l’Orissa de verser les indemnisations demandées pour les églises et bâtiments ecclésiastiques détruits par les hindouistes (5).   
 

(1) La Cour suprême de l’Inde est la plus haute juridiction du pays, jouant le rôle d’un tribunal fédéral, gardien de la Constitution et de la plus haute cour d’appel. Elle se compose d’un président (‘Chief Justice of India’) et de 25 juges assistants, désignés par le président indien, selon les préconisations du premier ministre. La Cour suprême intervient notamment dans les conflits avec les Etats fédérés.

(2) Chiffres officiels du gouvernement de l’Orissa. Les sources ecclésiastiques font mention de plusieurs centaines de morts et de près de 100.000 réfugiés. A propos des violences antichrétiennes en Orissa, voir EDA 490, 491, 492, 493, 494, 495, 496.

(3) Sur une population d’environ 37 millions d’habitants, les chrétiens sont la minorité religieuse la plus importante de l’Etat avec 2,4 % de la population, suivis de près par les musulmans ( 2,1 %).

(4) The Hindu, 06.01.09

(5) L’Etat d’Orissa avait refusé l’indemnisation des lieux de cultes détruits, au nom du principe de laïcité.

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ZENIT Staff

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