Fleur de nard, Planter pour l'Année liturgique, Forum, 4real.thenetsmith.com

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Il a quatre ans, l’inauguration du pontificat sous le signe de Joseph et du nard

Le « gardien du Rédempteur » pour apprendre à « garder »

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C’est, en ce 19 mars 2017, le quatrième anniversaire de l’inauguration du pontificat du pape François, qui manifeste sur son blason la présence spéciale de saint Joseph – à droite de l’étoile d’or à huit branches, pour les huit béatitudes, représentant la Vierge Marie – : partout où il est exposé, notamment aux façades des églises de Rome, ce blason intrigue du fait de la fleur de nard de Joseph. Un saint Joseph en qui le pape voit un « gardien », « fort », « courageux », « travailleur », « discret » et « tendre », dont la puissante intercession ne fait jamais défaut. Le pape argentin a voulu inaugurer son pontificat ce jour-là.
Au cours de cette célébration solennelle place Saint-Pierre, en présence de délégations du monde entier, après un temps de recueillement au tombeau de Pierre, le pape a reçu « l’anneau du pêcheur » (du pêcheur de Galilée) et le pallium dont la laine blanche indique le pasteur portant la brebis sur ses épaules. Et six cardinaux lui ont juré obéissance, au nom de tout le collège cardinalice.
Quatre ans après, le pape a de nouveau salué la paternité de saint Joseph à l’angélus et dans un tweet posté sur son compte @Pontifex_fr: que « Saint Joseph, Époux de Marie et Patron de l’Église universelle, vous bénisse et vous garde. Et meilleurs vœux aux papas ! » C’est la fête de pères en Italie.
Et comme le 19 mars tombe un dimanche de carême, la solennité de saint Joseph est reportée, liturgiquement, à demain, lundi 20 mars.
Mais on peut dire que cette présence de saint Joseph dès le début du pontificat est une note caractéristique du pape François, même si saint Joseph était déjà présent chez Karol (Joseph) Wojtyla qui écrivit « Redemptoris Custos » et Joseph Ratzinger, mais aussi Angelo Giuseppe (Joseph) Roncalli…
La prière exaucée
On sait aussi que le pape tient dans sa chambre une statuette de saint Joseph dormant : Dieu, rapporte saint Matthieu lui parlait en songe, à l’instar du patriarche Joseph. Le pape a témoigné que cette image de Joseph lui apporte la paix, devant des supérieurs généraux reçus au Vatican en novembre 2016: « S’il y a un problème, je l’écris sur un papier à saint Joseph et je le mets sous une statuette (…) de saint Joseph qui dort. »
En répondant à la question d’un journaliste italien lors de son retour de Strasbourg, le 25 novembre 2014, il avait déjà confirmé cette présence de saint Joseph, et qu’il avait cette statuette dans sa chambre: « A chaque fois que j’ai demandé une chose à saint Joseph, il me l’a donnée. »
L’iconographie de saint Joseph le représente le plus souvent tenant une fleur de lys ou un rameau d’amandier fleuri. Le nard est peut-être une particularité des représentations de saint Joseph dans le monde hispano-américain, avec des racines bibliques. Selon une tradition répandue dans les pays hispaniques, Joseph portait à la main une branche de nard lorsqu’il vint demander Marie comme épouse. La fleur de nard dit la pureté et l’amour.
Le nard, que l’on trouve dans l’Ancien comme dans le Nouveau Testament, est une plante aromatique à tige longue et mince, et à plusieurs épis, de la même famille que le romarin par exemple ou la lavande.
Le parfum que l’on tire de son épi est évoqué comme signe d’amour, notamment dans le Cantique des Cantiques (Ct 1, 12 ; 4, 13-14) et dans l’Evangile, chez Marc (Mc 14, 3) et en Jean (Jn 12, 3). Pour le Cantique, le nard est le parfum de l’Epouse. Marc évoque un « parfum de nard de grand prix » – plus de trois cents deniers – dont une femme parfume la tête de Jésus, à Béthanie. Jean dit : « Marie ayant pris une livre de parfum de nard pur, d’un grand prix, en oignit les pieds de Jésus, et les essuya avec ses cheveux; et la maison fut remplie de l’odeur du parfum », ce qui rappelle le Cantique, et le mystère des épousailles mystiques de Dieu et de son peuple.
Joseph « gardien », l’inauguration du pontificat
Lorsque le blason du pape François a été connu, le 19 mars 2013, les journalistes ont eu du mal à y décrypter une fleur de nard, qui pouvait aussi être confondue avec une grappe de raisin, ce qui aurait été un symbole eucharistique. Or il s’agissait pour le pape François de porter dans ses armoiries un symbole de la protection et de l’amour de Joseph, saint patron de l’Eglise universelle. Le pape François a également téléphoné à Benoît XVI – Joseph Ratzinger – pour lui souhaiter ce jour-là une bonne fête.
Il disait notamment dans son homélie, sous les applaudissements: « Je remercie le Seigneur de pouvoir célébrer cette Messe de l’inauguration de mon ministère pétrinien en la solennité de saint Joseph, époux de la Vierge Marie et Patron de l’Église universelle : c’est une coïncidence très riche de signification, et c’est aussi la fête de mon vénéré Prédécesseur : nous lui sommes proches par la prière, pleins d’affection et de reconnaissance. »
Il commentait le titre de Joseph de « Custos », mis en valeur par saint Jean-Paul II dans son exhortation apostolique Redemptoris Custos, « sur la figure et la mission de saint Joseph dans la vie du Christ et de l’Eglise », en date de la fête de l’Assomption de la Vierge Marie, le 15 août 1989. Jean-Paul II portait le nom de Joseph comme second prénom, comme son père.
Le pape François le citait en disant : « Nous avons entendu dans l’Évangile que « Joseph fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse » (Mt 1, 24). Dans ces paroles est déjà contenue la mission que Dieu confie à Joseph, celle d’être custos, gardien. Gardien de qui? De Marie et de Jésus ; mais c’est une garde qui s’étend ensuite à l’Église, comme l’a souligné le bienheureux Jean-Paul II: « Saint Joseph a pris un soin affectueux de Marie et s’est consacré avec joie à l’éducation de Jésus Christ, de même il est le gardien et le protecteur de son Corps mystique, l’Église, dont la Vierge sainte est la figure et le modèle » (Redemptoris Custos, n. 1). » Le pape développera souvent ce thème du « gardien » notamment pour la « sauve-garde » de la création et l’écologie humaine intégrale: c’est un leit-motiv de l’encyclique « Laudato si’« .
On serait ainsi tenté de voir dans saint Joseph aussi le « gardien » du pontificat du pape François, sous le signe du service et du service des plus démunis : « N’oublions jamais que le vrai pouvoir est le service et que le Pape aussi pour exercer le pouvoir doit entrer toujours plus dans ce service qui a son sommet lumineux sur la Croix ; il doit regarder vers le service humble, concret, riche de foi, de saint Joseph et comme lui, ouvrir les bras pour garder tout le Peuple de Dieu et accueillir avec affection et tendresse l’humanité tout entière, spécialement les plus pauvres, les plus faibles, les plus petits, ceux que Matthieu décrit dans le jugement final sur la charité : celui qui a faim, soif, est étranger, nu, malade, en prison (cf. Mt 25, 31-46). Seul celui qui sert avec amour sait garder ! »
Protège cette terre et donne-lui la paix
Le pape soulignait la discrétion de l’action de saint Joseph et il le décrivait plein de « tendresse » : « Dans les Évangiles, saint Joseph apparaît comme un homme fort, courageux, travailleur, mais dans son âme émerge une grande tendresse, qui n’est pas la vertu du faible, mais au contraire, dénote une force d’âme et une capacité d’attention, de compassion, de vraie ouverture à l’autre, d’amour. Nous ne devons pas avoir peur de la bonté, de la tendresse! »
Enfin, le pape François a composé cette prière à saint Joseph, pour obtenir la paix et la sainteté, à l’occasion la consécration de la Cité du Vatican à saint Joseph, en présence du pape émérite Benoît XVI, Joseph Ratzinger, le 5 juillet 2013 :
« Saint Joseph,
Gardien du Rédempteur
et très chaste Epoux de la bienheureuse Vierge Marie,
accueille avec bienveillance l’acte de dévotion
et de consécration
que nous t’adressons aujourd’hui.

Protège cette terre et donne-lui la paix:
elle a été baignée par le sang de saint Pierre
et des premiers martyrs romains;
protège nous et ravive la grâce du baptême
de ceux qui y vivent et y travaillent;
protège et augmente la foi des pèlerins
qui viennent ici de toutes les régions du monde.

Nous te consacrons les fatigues et les joies de chaque jour;
nous te consacrons les attentes et les espérances de l’Eglise;
nous te consacrons les pensées, les désirs et les oeuvres:
que tout s’accomplisse dans le Nom du Seigneur Jésus.

Ta protection douce, ferme et silencieuse
a soutenu, guidé et consolé la vie cachée
de la sainte Famille de Nazareth:
protège nos familles,
renouvelle aussi pour nous ta paternité
et garde nous fidèles jusqu’à la fin.

Nous plaçons aujourd’hui, avec une confiance renouvelée,
sous ton regard bienveillant et sage,
les évêques et les prêtres,
les personnes consacrées et les fidèles laïcs,
qui travaillent et vivent au Vatican:
protège leur vocation,
et enrichis-la de toutes les vertus nécessaires
pour grandir dans la sainteté.

Amen. »

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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