Le pape souriant dans la foule © Vatican Media

Le pape souriant dans la foule © Vatican Media

«Gaudete et exsultate»: la sainteté ne t’enlèvera pas la joie

La mauvaise humeur n’est pas un signe de sainteté

Share this Entry

La sainteté ne t’enlèvera pas la joie, affirme le pape François dans son exhortation apostolique «Gaudete et exsultate» (« Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse »), publiée ce 9 avril 2018. Un document sur l’appel à la sainteté dans le monde actuel, où le terme « joie » apparaît 45 fois, couplé notamment avec le « sens de l’humour » et la nécessité de n’être « pas trop compliqués ».
« N’aie pas peur de la sainteté, encourage le pape dans son premier chapitre : elle ne t’enlèvera pas les forces, ni la vie ni la joie. C’est tout le contraire, car tu arriveras à être ce que le Père a pensé quand il t’a créé et tu seras fidèle à ton propre être. »
La sainteté « n’implique pas un esprit inhibé, triste, aigri, mélancolique ou un profil bas amorphe. Le saint est capable de vivre joyeux et avec le sens de l’humour », affirme-t-il : « Sans perdre le réalisme, il éclaire les autres avec un esprit positif et rempli d’espérance. »
Rien ne peut détruire la joie surnaturelle
Dans l’Ancien testament, rappelle le pape, « les prophètes annonçaient le temps de Jésus que nous sommes en train de vivre comme une révélation de la joie ». Et dans le Nouveau testament, « Jésus nous donne une assurance : ‘Vous serez tristes, mais votre tristesse se changera en joie […]. Je vous verrai de nouveau et votre cœur sera dans la joie, et votre joie, nul ne vous l’enlèvera’ » (Jn 16, 20.22).
« Il y a des moments difficiles, des temps de croix, admet-il, mais rien ne peut détruire la joie surnaturelle qui … naît de la certitude personnelle d’être infiniment aimé, au-delà de tout ». Et d’assurer : « Si nous laissons le Seigneur nous sortir de notre carapace et nous changer la vie, alors nous pourrons réaliser ce que demandait saint Paul : ‘Réjouissez-vous sans cesse dans le Seigneur, je le dis encore, réjouissez-vous’ » (Ph 4, 4).
Ordinairement, note encore le pape, la joie chrétienne est accompagnée du sens de l’humour, si remarquable, par exemple, chez saint Thomas More, chez saint Vincent de Paul ou chez saint Philippe Néri. « La mauvaise humeur n’est pas un signe de sainteté », insiste-t-il.
Positifs, reconnaissants et pas trop compliqués
Il souligne que Dieu invite au bonheur : « Mon fils, traite-toi bien […]. Ne te refuse pas le bonheur présent » (Si 14, 11.14). « Ce que nous recevons du Seigneur « afin d’en jouir » (1 Tm 6, 17) est tel que parfois la tristesse frise l’ingratitude de notre part, frise le repli sur nous-mêmes au point que nous sommes incapables de reconnaître les dons de Dieu », déplore le pape.
Pour trouver la joie, le pape François invite à être « positifs, reconnaissants et pas trop compliqués : ‘Au jour du bonheur, sois heureux […]. Dieu a fait l’homme tout droit, et lui, cherche bien des calculs’ (Qo 7, 14.29). En toute circonstance, il faut garder un esprit souple, et faire comme saint Paul : ‘J’ai appris en effet à me suffire en toute occasion’ (Ph 4, 11). »
La joie du chrétien, précise-t-il, n’est pas « la joie consumériste et individualiste si répandue dans certaines expériences culturelles d’aujourd’hui. Car le consumérisme ne fait que surcharger le cœur ; il peut offrir des plaisirs occasionnels et éphémères, mais pas la joie ». Au contraire, la vraie joie « se vit en communion… car ‘il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir’ (Ac 20, 35) ».
Le combat et la vigilance pour garder la joie
Ainsi, poursuit le pape François, « l’amour fraternel accroît notre capacité de joie, puisqu’il nous rend capables de jouir du bien des autres ». Mais « si nous nous concentrons sur nos propres besoins, nous nous condamnons à vivre avec peu de joie ».
Le pape recommande le « combat et la vigilance » pour garder cette joie chrétienne : « Il ne s’agit pas seulement d’un combat contre le monde et la mentalité mondaine qui nous trompe, nous abrutit et fait de nous des médiocres dépourvus d’engagement et sans joie. Il ne se réduit pas non plus à une lutte contre sa propre fragilité et contre ses propres inclinations (chacun a la sienne : la paresse, la luxure, l’envie, la jalousie, entre autres). C’est aussi une lutte permanente contre le diable qui est le prince du mal. »
« Le chemin de la sainteté, ajoute le pape, est une source de paix et de joie que nous offre l’Esprit, mais en même temps il demande que nous soyons avec ‘les lampes allumées’ (Lc 12, 35) et que nous restions attentifs : ‘Gardez-vous de toute espèce de mal’ (1Th 5, 22)… ‘Ne nous endormons pas’. »

Share this Entry

Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel