Focolari: Au cœur du charisme de l’unité, le commandement de l’amour

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Par Chiara Lubich

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CITE DU VATICAN, Vendredi 9 avril 2004 (ZENIT.org) – Au cœur du charisme de l’unité, caractéristique du « Mouvement des Focolari » (http://www.focolari.org), ou « Œuvre de Marie », il y a « le commandement de l’amour », donné par Jésus à ses Apôtres le soir du Jeudi saint, explique Chiara Lubich, fondatrice du mouvement.

Zenit – D’où viennent la force et l’enthousiasme du Mouvement des Focolari? D’où vient cet amour ardent?

Ch. Lubich : D’une grande découverte qui est au cœur du charisme de l’unité: ce commandement que Jésus définit comme nouveau, et comme sien: « Aimez-vous les uns les autres COMME je vous ai aimés ». Lorsqu’il est vécu de façon radicale, il engendre l’unité et il apporte avec lui une conséquence extraordinaire: Jésus lui-même; le Ressuscité est présent au milieu de nous, comme il l’a promis, à « ceux qui, à deux ou trois sont réunis en son nom », c’est-à-dire dans son amour, comme le disent les Pères.
Une page des débuts du Mouvement dit la surprise pour les premières découvertes: « L’unité! Elle se sent, se voit, on s’en réjouit, mais elle est ineffable! Tous jouissent de sa présence, tous souffrent de son absence. Elle est paix, joie, ardeur, climat d’héroïsme, de générosité suprême. C’est Jésus au milieu de nous! » Avec lui, c’est la Pâque perpétuelle.

Zenit – Au moment où le terrorisme suscite un climat de peur, quelle réponse apporte le mystère du Vendredi saint, de la Résurrection?

Ch. Lubich : C’est chaque jour le vendredi Saint. Lorsqu’on regarde le journal télévisé, devant la succession des meurtres et des attentats, ces images de violence inhumaine, les cris de souffrance, résonne le cri d’abandon de Jésus en croix vers le Père: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? C’est son épreuve la plus grande, la ténèbre la plus obscure. Mais ce cri n’est pas resté sans réponse. Jésus n’est pas demeuré enfermé dans cette souffrance infinie, mais par un effort immense et inimaginable, il s’est remis au Père, en dépassant cette douleur immense, et il a ainsi ramené les hommes dans le sein du père, et dans l’embrassement réciproque.

Nous savons quelles sont les causes les plus profondes du terrorisme: le ressentiment, la haine contenue, le désir de vengeance couvé par des peuples opprimés depuis longtemps parce que les richesses ne sont pas partagées, les droits ne sont pas reconnus. Ce qui manque, c’est la communion, le partage, la solidarité. Mais on sait que les richesses ne bougent pas si les cœurs ne bougent pas. Il est donc urgent de susciter dans le monde partout, des espaces de fraternité, cette fraternité conquise sur la croix.

De la Croix, Jésus nous donne cette leçon si haute, divine, héroïque, sur ce que c’est que l’amour. Un amour qui ne fait pas de distinction, mais aime TOUS, n’attend pas de retour, mais prend toujours l’initiative, qui sait se faire UN avec l’autre, sait vivre l’autre, qui a une mesure sans mesure, qui sait donner la vie.

Cet amour a une force divine, peut déclencher la révolution chrétienne la plus puissante, qui doit envahir non seulement le domaine spirituel, mais aussi le domaine humain, en en renouvelant toutes ses expressions, de la culture, de la politique, de l’économie, de la science, de la communication. Ce sera là la lutte plus radicale au terrorisme: nous montrerons la puissance de la résurrection qui a vaincu la haine et la mort, le vrai visage du christianisme, un visage bien différent du monde occidental.

Zenit : Un de vos charismes est le dialogue œcuménique et le dialogue interreligieux. A ce propos, dans son livre « Foi, vérité et tolérance », le cardinal Joseph Ratzinger rappelle que le dialogue ne peut porter du fruit que si l’on ne renonce pas à proclamer la vérité. Quelle est votre position?

Ch. Lubich : Nous partageons cette position. Une conviction qui s’est renforcée pendant des décennies de dialogue: ce qu’attendent de nous, chrétiens, les personnes d’autres religions, est surtout un témoignage concret de l’amour puisé à l’Evangile, que tous désirent et accueillent comme la réponse à la vocation à l’amour de tout être humain. Ce n’est pas un hasard si la règle d’or est commune à toutes les religions: « Fais aux autres ce que tu voudrais qu’ils te fassent ». Dans le climat d’amour réciproque que suscite la Règle d’or, on peut en effet établir un dialogue avec nos partenaires, un dialogue dans lequel on essaye de se faire « rien », de se faire « un » avec l’autre, pour « entrer » d’une certaine façon en eux. C’est un art parfois fatigant, mais toujours vital et fécond. L’effet est double: il nous aide à nous inculturer en arrivant ainsi à connaître la religion, le langage de l’autre, et prédispose les autres à nous écouter. En effet, nous avons noté que l’interlocuteur reste frappé et demande des explications. Nous pouvons passer ainsi à « l’annonce respectueuse » où, par loyauté envers Dieu et envers nous-mêmes, et par sincérité aussi envers le prochain, nous disons ce que notre religion affirme au sujet de ce dont on parle, sans pour autant rien imposer à l’autre, sans le moindre prosélytisme, mais par amour. Et c’est le moment où, pour nous, chrétiens, le dialogue débouche sur l’annonce de l’Evangile.

Zenit : Maria est au centre de votre spiritualité et de votre action. Comment la Vierge Marie peut-elle favoriser le dialogue œcuménique et interreligieux?

Ch. Lubich : Marie est maîtresse du dialogue. Même si elle est « super-élue », elle a su se faire « rien » par amour, dans l’accueil total et sans condition des projets de Dieu. C’est cet accueil, ce vide d’amour que nos sœurs et frères des autres fois doivent trouver chez nous, chrétiens, pour découvrir l’amour de Dieu qui à travers nous les aime immensément. Cela devient alors une expérience vivante, dans le dialogue avec les juifs, et les musulmans, les bouddhistes et les hindous, ces paroles prononcées par le pape à Madras, en Inde: « A travers le dialogue faisons en sorte que Dieu soit présent au milieu de nous, parce que lorsque nous nous ouvrons les uns aux autres dans le dialogue, nous nous ouvrons aussi à Dieu. Et le fruit, c’est l’union entre les hommes et l’union des hommes avec Dieu ». Ensemble, nous pouvons ainsi travailler pour que le pluralisme religieux ne soit pas source de divisions et de conflits, mais concourt à recomposer la famille humaine dans la fraternité.

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ZENIT Staff

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