Terre sainte: Pour la sécurité, la paix, la vie nouvelle des deux peuples

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Message du patriarche latin

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CITE DU VATICAN, Jeudi 8 avril 2004 (ZENIT.org) – « Accompagnez de vos prières vos frères et sœurs et toute personne humaine engagée dans ce conflit sanglant, puisse Dieu avoir pitié et accorder à cette terre et à ses deux peuples la sécurité, la paix et la vie nouvelle », demande le patriarche latin de Jérusalem.

Voici le message de Pâques de Mgr Michel Sabbah, dans le texte officiel en français publié par le patriarcat.

Frères et Soeurs

Le Christ est ressuscité. Il est notre joie et notre force
1. La fête de Pâque est l’occasion de nouvelles grâces, qui renouvellent en nous l’esprit et le cœur, et nous donne une force nouvelle afin de persévérer dans l’accomplissement de nos devoirs dans notre Eglise et dans notre société. Nous continuons ainsi à servir et à aimer tous nos frères et sœurs quelle que soit leur religion ou leur nationalité. Notre commandement par excellence comme chrétiens est en effet celui de l’amour qui voit en toute personne humaine la face de Dieu, et qui aime toute personne humaine comme Dieu lui-même l’aime.
A toutes nos paroisses j’adresse mes vœux sincères de renouveau et de persévérance dans le service et l’amour qui est la perfection de toute personne humaine, comme de toutes les lois. La Résurrection glorieuse du Christ nous remplit donc de la joie et de la force d’une vie nouvelle et fait de nous un homme nouveau, plein d’espérance et d’amour, comme le dit St Paul : «L’espérance ne déçoit point, parce que l’amour de Dieu a été répandu en nos cœurs par le Saint Esprit qui nous fut donné » (Ro 5,6). Que la fête soit donc pour nous une occasion de croître dans la foi de l’homme nouveau qui voit toute chose et toute personne humaine avec le regard de Dieu Créateur et Rédempteur de tous. C’est pourquoi convertissons-nous afin d’être véritablement porteurs de la grâce et de la lumière de Dieu dans nos familles, nos paroisses et nos sociétés.

2. Célébrant la fête de la glorieuse Pâque, nous ne pouvons que regarder avec une grande peine la situation de mort qui entoure les Lieux Saints et tous les habitants de ce pays: une situation qui semble sans issue, d’hommes égarés qui cherchent la vie dans les ténèbres de la mort, de l’oppression des autres.
Nous vivons des jours où la raison est absente, et nous nous trouvons abandonnés à la « folie des hommes » qui ne voient de solution que dans l’effusion de sang et dans l’écrasement de la personne humaine. C’est pourquoi, les villes sont occupées et réoccupées et attaquées ; des personnes sont tuées, d’autres sont faits prisonniers, et, en même temps, le siège continue sur toute ville et village et toute la vie quotidienne est soumise à l’oppression.
Comment en sortir ? il faut que les responsables retournent à la raison et admettent que toute personne humaine est égale, qu’elle soit palestinienne ou israélienne. Deuxièmement, lorsque la violence s’arrête d’un côté il faut qu’elle s’arrête de l’autre aussi. Que les responsables tirent la leçon de ce qu’ils ont fait jusque maintenant après trois ans de mort et de démolition, sans atteindre la sécurité voulue. Ils ont tué des milliers et le peuple est resté tel quel à réclamer sa liberté. Et s’ils continuent dans cette voie, ils tueront encore d’autres et le peuple restera encore à réclamer sa liberté. La solution consiste donc à écouter la voie des opprimés et à leur redonner leur liberté. Il est temps que les responsables retournent à la raison et tirent tout simplement la leçon de ce qui s’est passé. Ainsi seulement ils éviteront pour eux-mêmes et pour leurs peuples le poids d’une nouvelle effusion de sang et la permanence de l’insécurité. Qu’ils prennent la véritable voie de la sécurité : les cœurs amis sont les seuls garants de la sécurité. Et les coeurs aujourd’hui hostiles seront demain des cœurs amis une fois que leur liberté et leur terre leur seront rendues. Alors tombera le mur qui se construit aujourd’hui, en même temps que tomberont les murs de haine dressés dans les cœurs. Alors la sécurité fleurira, sans besoin de mur ni d’armes de destruction.
Nous demandons à Dieu d’ouvrir les cœurs et de faire que la grâce de Pâque devienne pour tous une force de passer de la mort à la vie, et surtout dans l’histoire de la terre sainte qui se fait aujourd’hui.

3. A nos fidèles qui vivent sous le siège, et qui se retrouvent maintenant derrière le mur de séparation, nous disons : avec votre résistance à toute oppression, accompagnez tous les événements de vos prières et de votre patience. Renouvelez votre espérance avec la joie et la force de la résurrection. Ne vous laissez pas aller à la logique de la haine ; gardez par contre votre liberté d’esprit, afin de persévérer dans l’amour qui sera votre rédemption et celle de tous les habitants de cette terre sainte. Et à nos fidèles qui sont en dehors du siège, dans les différentes paroisses du diocèse : accompagnez de vos prières vos frères et sœurs et toute personne humaine engagée dans ce conflit sanglant, puisse Dieu avoir pitié et accorder à cette terre et à ses deux peuples la sécurité, la paix et la vie nouvelle. Le prophète dit : « Je leur donnerai un seul cœur et je mettrai en eux un esprit nouveau ; j’extirperai de leur chair le coeur de pierre et je leur donnerai un cœur de chair » (Ez 11,19 ; 36,26). Nous demandons au Christ ressuscité de nous accorder cette grâce. La Pâque sera ainsi pour nous aussi une résurrection et un passage de la mort à la vie sûre et tranquille sous le regard vigilant de Dieu. Amen.
Bonne et sainte fête de Pâque

+ Michel Sabbah, Patriarche
Jérusalem, 5 avril 2000

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ZENIT Staff

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