Discours du pape au clergé de Rome (2 mars) (I)

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ROME, Dimanche 12 mars 2006 (ZENIT.org) – Jeudi 2 mars, Benoît XVI a reçu les membres du clergé de Rome, au Vatican, comme il a coutume de le faire en début de carême. Nous publions la première partie du discours prononcé par le pape et, au-dessous, un résumé des interventions des prêtres auxquelles le pape répond dans son discours.

* * *

Je prends la parole immédiatement, sinon mon monologue risque de devenir trop long, si j’attends la fin de toutes les interventions. Je voudrais avant tout exprimer ma joie d’être ici avec vous, chers prêtres de Rome. C’est une joie réelle: celle de voir tant de bons pasteurs au service du « Bon Pasteur » ici, au premier Siège de la chrétienté, dans l’Eglise qui « préside à la charité » et qui doit être le modèle des autres Eglises locales. Merci pour votre service!

Nous avons l’exemple lumineux de Dom Andrea, qui nous indique ce que signifie « être » prêtre jusqu’au bout : mourir pour le Christ au moment de la prière et ainsi, témoigner, d’une part, de l’intériorité de sa propre vie dans le Christ et, de l’autre, donner son témoignage pour les hommes dans un lieu réellement « périphérique » du monde, entouré de la haine et du fanatisme. Il s’agit d’un témoignage qui inspire chacun à suivre le Christ, à donner sa vie pour les autres et à trouver, précisément ainsi, la Vie.

En ce qui concerne la première intervention, je voudrais avant tout adresser un grand merci pour cette merveilleuse poésie ! Il existe également des poètes et des artistes dans l’Eglise de Rome, parmi les prêtres de Rome, et j’aurai encore la possibilité de méditer et d’intérioriser ces belles paroles et de garder à l’esprit le fait que cette « fenêtre » est toujours « ouverte ». C’est peut-être l’occasion de rappeler l’héritage fondamental du grand pape Jean-Paul II, pour continuer d’assimiler toujours plus cet héritage.

Hier, nous avons commencé le Carême. La liturgie d’aujourd’hui nous offre une profonde indication de la signification essentielle du Carême: il s’agit d’un indicateur sur le chemin de notre vie. C’est pourquoi il me semble — je parle en me référant au pape Jean-Paul II — que nous devons insister un peu sur la première Lecture de la journée d’aujourd’hui. Le grand discours de Moïse sur le seuil de la Terre Sainte, après un pèlerinage de quarante ans dans le désert, est un résumé de toute la Torah, de toute la Loi. Nous trouvons ici l’essentiel non seulement pour le peuple juif, mais également pour nous. Cet élément essentiel est la parole de Dieu: « Je te propose la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction; choisis donc la vie » (Dt 30, 19). Cette parole fondamentale du Carême est également la parole fondamentale de l’héritage de notre grand pape Jean-Paul II: choisir la vie. Telle est notre vocation sacerdotale: choisir nous aussi la vie et aider les autres à choisir la vie. Il s’agit de renouveler pendant le Carême, notre « option fondamentale » en quelque sorte, l’option pour la vie.

Mais une question se pose immédiatement: comment choisit-on la vie? Comment fait-on ? En réfléchissant, il m’est venu à l’esprit que la grande défection du christianisme qu’a vécu l’Occident au cours des cent dernières années s’est réalisée précisément au nom de l’option pour la vie. On a dit — je pense à Nietzsche, mais également à tant d’autres — que le christianisme est une option contre la vie. A travers la Croix, à travers tous les commandements, à travers tous les « non » qu’il nous propose, il nous ferme la porte de la vie. Mais nous, nous voulons avoir la vie, et nous choisissons, nous optons, finalement, pour la vie en nous libérant de la Croix, en nous libérant de tous ces commandements et de tous ces « non ». Nous voulons avoir la vie en abondance, rien d’autre que la vie. Ici vient immédiatement en mémoire la parole de l’Evangile d’aujourd’hui : « Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi la sauvera » (Lc 9, 24). Tel est le paradoxe que nous devons avant tout garder en mémoire dans l’option pour la vie. Ce n’est pas en s’arrogeant la vie pour soi-même qu’on la trouve, mais seulement en la donnant, ce n’est pas en ayant la vie et en la prenant, mais en la donnant, qu’on peut la trouver. Tel est le sens ultime de la Croix: ne pas garder pour soi, mais donner la vie.

Ainsi, Nouveau et Ancien Testament vont de pair. Dans la première Lecture du Deutéronome, la réponse de Dieu est: « Écoute les commandements que je te donne aujourd’hui : aimer le Seigneur ton Dieu, marcher dans ses chemins, garder ses ordres, ses commandements et ses décrets. Alors, tu vivras et te multiplieras ; le Seigneur ton Dieu te bénira dans le pays dont tu vas prendre possession » (30, 16). A première vue, cela ne nous plaît pas, mais c’est le chemin: l’option pour la vie et l’option pour Dieu sont identiques. Le Seigneur le dit dans l’Evangile de saint Jean: « La vie éternelle, c’est de te connaître, toi » (Jn 17, 3). La vie humaine est une relation. Ce n’est qu’au sein d’une relation, et non pas fermés sur nous-mêmes, que nous pouvons avoir la vie. Et la relation fondamentale est la relation avec le Créateur, car les autres relations sont fragiles. Choisir Dieu est donc l’essentiel. Un monde vide de Dieu, un monde qui a oublié Dieu perd la vie et tombe dans une culture de la mort. Choisir la vie, faire le choix de la vie, signifie donc avant tout choisir l’option-relation avec Dieu. Mais la question suivante se pose aussitôt: avec quel Dieu ? Ici encore, l’Evangile nous vient en aide: avec ce Dieu qui nous a montré son visage dans le Christ, avec le Dieu qui a vaincu la haine sur la Croix, c’est-à-dire dans l’amour jusqu’à la fin. Ainsi, en choisissant ce Dieu, nous choisissons la vie.

Le pape Jean-Paul II nous a donné la grande encyclique Evangelium vitae. Il apparaît de façon visible, dans cette encyclique — qui est en quelque sorte un tour d’horizon des problèmes de la culture actuelle, de ses espérances et de ses dangers — qu’une société qui oublie Dieu, qui exclut Dieu, précisément pour avoir la vie, tombe dans une culture de la mort. C’est précisément en voulant avoir la vie que l’on dit « non » à l’enfant, car il ôte quelque chose à ma vie; on dit « non » à l’avenir, pour avoir tout le présent ; on dit « non » tant à la vie qui naît qu’à la vie qui souffre, qui va vers la mort. Cette apparente culture de la vie devient l’anti-culture de la mort, dans laquelle Dieu est absent, dans laquelle est absent le Dieu qui n’ordonne pas la haine, mais qui vainc la haine. Ici, nous faisons le choix véritable de la vie. Tout est alors lié: l’option la plus profonde pour le Christ crucifié avec l’option la plus totale pour la vie, du premier jusqu’au dernier moment.

Cela me semble, d’une certaine façon, également le coeur de notre pastorale; aider à faire un véritable choix pour la vie, renouveler la relation avec Dieu comme la relation qui nous donne la vie et nous indique le chemin vers la vie. Et ainsi, aimer à nouveau le Christ qui, de l’Etre le plus inconnu auquel nous n’arrivions pas et qui demeurait énigmatique, est devenu un Dieu connu, un Dieu au visage humain, un Dieu qui est amour. Nous gardons précisément à l’esprit ce point fondamental pour la vie et nous considérons que dans ce programme est présent tout l’Evangile, de l’Ancien au Nouveau Testament, qui a comme centre le Christ. Le Carême, pour nous aussi, devrait être un temps pour renouveler notre connaissance de Dieu, notre amitié avec Jésus, pour être ainsi capables de guider les autres de façon convaincante à l’option pour la vie, qui est avant tout une option pour Dieu. Nous devons comprendre clairement qu’en choisissant le Christ, nous n’avons pas choisi la négation de la vie, mais nous avons réellement choisi la vie en abo
ndance.

L’option chrétienne est, au fond, très simple: il s’agit de l’option du « oui » à la vie. Mais ce « oui » ne se réalise qu’avec un Dieu qui n’est pas inconnu, avec un Dieu au visage humain. Il se réalise en suivant ce Dieu dans la communion de l’amour. Ce que j’ai dit jusqu’à présent veut être une façon de renouveler notre souvenir à l’égard du grand pape Jean-Paul II.

Venons-en à présent à la deuxième intervention, si sympathique, à propos des mères. Je dirais qu’à présent, je n’ai pas de grands programmes, de paroles que vous puissiez transmettre aux mères. Dites simplement: le pape vous remercie ! Il vous remercie, car vous avez donné la vie, car vous voulez aider cette vie qui grandit et vous voulez ainsi construire un monde humain, contribuant à un avenir humain. Et vous le faites non seulement en donnant la vie biologique, mais en communiquant le centre de la vie, en voulant faire connaître Jésus, en introduisant vos enfants à la connaissance de Jésus, à l’amitié avec Jésus. Tel est le fondement de toute catéchèse. Il faut donc remercier les mères, surtout car elles ont eu le courage de donner la vie. Et il faut prier les mères de compléter ce don de la vie par le don de l’amitié avec Jésus.

La troisième intervention était du recteur de l’église Sainte-Anastasie. Je voudrais dire ici, entre parenthèses, que l’église Sainte-Anasthasie m’était déjà chère avant d’y rendre visite, car c’était l’église titulaire de notre cher cardinal Faulhaber. Il nous a toujours dit qu’à Rome, il avait une église, celle de Sainte-Anasthasie. Nous nous sommes toujours rencontrés avec cette communauté à l’occasion de la deuxième Messe de Noël, consacrée à la « station » de sainte Anasthasie. Les historiens disent que c’est là que le pape devait rendre visite au gouverneur byzantin, qui y avait son siège. L’église nous fait penser également à cette sainte, et également à l’« Anastasis »: à Noël, nous pensons également à la Résurrection. Je ne savais pas, et je suis content d’en avoir été informé, qu’à présent, cette église est le siège de l’« Adoration perpétuelle »; il s’agit donc d’un point central de la vie de foi à Rome. Je place avec confiance cette proposition de créer, dans les cinq secteurs du diocèse de Rome, cinq lieux d’adoration perpétuelle, entre les mains du Cardinal-Vicaire. Je voudrais simplement dire que je rends grâce à Dieu, car après le Concile, après une période où le sens de l’adoration eucharistique manquait quelque peu, la joie de cette adoration a été redécouverte partout dans l’Eglise, comme nous l’avons vu et entendu au cours du Synode sur l’Eucharistie. Certes, à travers la Constitution conciliaire sur la Liturgie, on a surtout redécouvert toute la richesse de l’Eucharistie célébrée, dans laquelle se réalise le testament du Seigneur: Il se donne à nous et nous répondons en nous donnant à Lui. Mais à présent, nous avons découvert que cet aspect central que nous a donné le Seigneur en pouvant célébrer son sacrifice et entrer ainsi en communion sacramentelle, presque corporelle, avec Lui, perd de sa profondeur et également de sa richesse humaine s’il manque l’Adoration, comme acte découlant de la communion reçue : l’adoration consiste à entrer, au plus profond de notre cœur, en communion avec le Seigneur, qui est présent de façon corporelle dans l’Eucharistie. Dans l’Ostensoir, il se donne toujours entre nos mains, et nous invite à nous unir à sa Présence, à son Corps ressuscité.

A présent, venons-en à la quatrième question. Si j’ai bien compris, mais je n’en suis pas sûr, c’était la suivante: « Comment parvenir à une foi vivante, à une foi réellement catholique, à une foi concrète, vive et efficace ? ». La foi, en définitive, est un don. La première condition est donc de se laisser donner quelque chose, de ne pas être auto-suffisants, de pas faire tout tout seul, car cela n’est pas possible, mais de nous ouvrir, conscients du fait que le Seigneur donne réellement. Il me semble que ce geste d’ouverture est également le premier geste de la prière: être ouvert à la présence du Seigneur et à son don. C’est aussi le premier pas lorsque nous recevons quelque chose que nous ne faisons pas et que nous ne pouvons pas avoir par nous-mêmes. Ce geste d’ouverture, de prière — donne-moi la foi, Seigneur ! — doit être réalisé de tout notre être. Nous devons entrer dans cette disponibilité d’accepter ce don et de laisser ce don imprégner notre pensée, nos sentiments, notre volonté. Il me semble très important ici de souligner un point essentiel: personne ne croit, seul, par lui-même. Nous croyons toujours dans et avec l’Eglise. Le credo est toujours un acte partagé, qui nous introduit dans une communion de chemin, de vie, de parole, de pensée. Nous n’« accomplissons » pas la foi, en ce sens que c’est avant tout Dieu qui la donne. Mais nous ne l’« accomplissons » pas également dans le sens où elle ne doit pas être inventée par nous. Nous devons nous laisser entraîner, d’une certaine manière, dans la communion de la foi, de l’Eglise. Croire est un acte catholique en soi. C’est une participation à cette grande certitude, qui est présente dans le sujet vivant de l’Eglise. Ce n’est qu’ainsi que nous pouvons également comprendre l’Ecriture Sainte dans la diversité d’une lecture qui se développe depuis mille ans. Il s’agit d’une Ecriture, car c’est l’expression de l’unique sujet — le Peuple de Dieu — qui, au cours de son pèlerinage, est toujours le même sujet. Naturellement, il s’agit d’un sujet qui ne parle pas de lui-même, mais c’est un sujet créé par Dieu — l’expression classique est « inspiré » —, un sujet qui reçoit, puis qui traduit et communique cette parole. Cette synergie est très importante. Nous savons que le Coran, selon la foi islamique, est une parole donnée oralement par Dieu, sans médiation humaine. Le Prophète n’y est pour rien. Il l’a uniquement écrite et transmise. C’est la pure parole de Dieu. Tandis que pour nous, Dieu entre en communion avec nous, il nous fait coopérer, il crée ce sujet et c’est dans ce sujet que croît et se développe sa parole. Cette partie humaine est essentielle, et nous donne également la possibilité de voir que les paroles individuelles ne deviennent réellement Parole de Dieu que dans l’unité de toute l’Ecriture, dans le sujet vivant du peuple de Dieu. Le premier élément est donc le don de Dieu; le second est la participation à la foi du peuple en pèlerinage, la communion dans la Sainte Eglise, qui, pour sa part, reçoit le Verbe de Dieu, qui est le Corps du Christ, animé par la Parole vivante, par le Logos divin. Nous devons approfondir, jour après jour, notre communion avec la Sainte Eglise et ainsi avec la Parole de Dieu. Il ne s’agit pas de deux choses opposées, si bien que nous ne pouvons pas dire: je préfère l’Eglise ou je préfère la Parole de Dieu. On fait partie de l’Eglise, on devient membre de l’Eglise, et en même temps on vit de la Parole de Dieu, qui est la force de vie dans l’Eglise. Et celui qui vit de la Parole de Dieu ne peut la vivre que parce qu’elle est active et vitale dans l’Eglise vivante.

La cinquième intervention concernait Pie XII. Merci pour cette intervention. C’était le pape de ma jeunesse. Nous l’avons tous vénéré. Comme nous l’avons dit à juste titre, il a beaucoup aimé le peuple allemand, il l’a défendu également au cours de la grande catastrophe après la guerre. Et je dois ajouter qu’avant d’être Nonce à Berlin, il était Nonce à Münich, car au début, Berlin n’avait pas encore de représentation pontificale. Il était même très proche de nous. Cela me semble une occasion propice pour exprimer ma gratitude à tous les grands papes du siècle dernier. Le siècle s’est ouvert avec saint Pie X, puis Benoît XV, puis Pie XI, Pie XII, Jean XXIII, Paul VI, Jean-Paul Ier et Jean-Paul II. Il me semble que cela représente un don spécial dans un siècle aussi
difficile, avec deux guerres mondiales, avec deux idéologies destructrices: le fascisme-nazisme et le communisme. C’est précisément au cours de ce siècle, qui s’est opposé à la foi de l’Eglise, que le Seigneur nous a donné une succession de grands papes, et ainsi, un héritage spirituel qui a confirmé, dirais-je, historiquement, la vérité du primat du successeur de Pierre.

L’intervention successive consacrée à la famille provenait du curé de Santa Silvia. Ici, je ne peux qu’être entièrement d’accord. Dans les visites « ad limina » également, je parle toujours avec les évêques, de la famille, menacée, de diverses façons, dans le monde. Elle est menacée en Afrique, car on rencontre des difficultés à passer du « mariage coutumier » au « mariage religieux » par peur d’une situation définitive.

Tandis qu’en Occident, la peur de l’enfant est motivée par la crainte de perdre quelque chose de la vie, là-bas, c’est le contraire: jusqu’à ce qu’il soit prouvé que la femme aura des enfants, on ne peut oser le mariage définitif. C’est pourquoi le nombre de mariage religieux demeure relativement bas, et de nombreux « bons » chrétiens, qui ont une très grande volonté d’être chrétiens, ne franchissent pas ce dernier pas. Le mariage est menacé également en Amérique latine pour d’autres raisons, et il est fortement menacé, comme nous le savons, en Occident. Nous devons aider d’autant plus, en tant qu’Eglise, les familles qui représentent la cellule fondamentale de toute société saine. C’est le seul moyen de créer dans la famille une communion des générations, dans laquelle la mémoire du passé vit dans le présent et s’ouvre à l’avenir. Ainsi, la vie se poursuit, se développe et va réellement de l’avant. Aucun véritable progrès n’est possible sans cette continuité de vie, et, de même, sans l’élément religieux. Sans la confiance en Dieu, sans la confiance dans le Christ qui nous donne également la capacité de la foi et de la vie, la famille ne peut survivre. Nous le voyons aujourd’hui. Seule la foi dans le Christ et seul le partage de la foi de l’Eglise sauve la famille et, d’autre part, l’Eglise ne peut vivre que si la famille est sauvée. Je ne possède pas de solution toute faite. Mais il me semble que nous devons toujours garder cela à l’esprit. C’est pourquoi nous devons faire tout notre possible pour sauvegarder la famille: cercles familiaux, catéchèses familiales, enseigner la prière en famille. Cela me semble très important: là où l’on prie ensemble, là où le Seigneur est présent, est présente cette force qui peut également rompre la «sclérose», la dureté du cœur qui, selon le Seigneur, est le véritable motif du divorce. Seule la présence du Seigneur, nous aide à vivre réellement ce qui était voulu dès le début par le Créateur et qui a été renouvelé par le Rédempteur. Enseigner la prière familiale et ainsi, inviter à la prière avec l’Eglise. Et trouver ensuite d’autres moyens.

[Fin de la première partie du discours de Benoît XVI]

Voici les résumés des interventions des prêtres, proposés par le site du Vatican (cf. www.vatican.va) auxquels Benoît XVI a répondu ci-dessus

Le père Lucio Maria Zappatore, carme, curé de « Santa Maria Regina Mundi », à Torre Spaccata (Secteur Est, XVIe Préfecture), a été le premier à prendre la parole. «Très Saint-Père, a-t-il dit, c’est la première fois que nous nous réunissons avec vous pour cette rencontre de carême. Je voudrais évoquer le bien-aimé Serviteur de Dieu Jean-Paul II. La dernière fois que nous l’avons rencontré, lors du carême 2004, il nous a salués avec les trois phrases en dialecte romain qui sont désormais devenues célèbres: « Dàmose da fà ! » (« Remuons-nous ! »), « Volèmose bene! » (« Aimons-nous ! »), « Semo romani ! » (« On est des romains ! »), et qui ont fait le tour du monde ». «Quant à nous, curés de Rome, a ajouté le père Lucia Maria, nous les conservons jalousement dans nos cœurs, comme son testament spirituel. Mais à présent, nous devons regarder devant nous. Aujourd’hui, c’est le nouveau pape que nous rencontrons. J’ai voulu pour ma part percevoir un signe de continuité entre vous et votre bien-aimé prédécesseur dans la phrase que vous avez prononcée lors des funérailles du pape Karol Wojtyla. Une phrase qui a suspendu, l’espace d’un instant, la tristesse de nos cœurs et a fait retentir la Place Saint-Pierre d’un tonnerre interminable d’applaudissements, lorsque vous avez dit: « Nous pouvons être sûrs que notre pape bien-aimé est maintenant à la fenêtre de la Maison du Père, qu’il nous voit et qu’il nous bénit ». A ce moment-là, a-t-il précisé, nous avons tous réalisé que nous avions le nouveau pape devant nous ». A partir de cette phrase, le religieux carme a composé un sonnet en dialecte romain qu’il a dédié à Benoît XVI, intitulé « Na finestra su ner cielo » (Une fenêtre, là-haut, dans le ciel).

Le Père Flavio Allegro, de la congrégation de Saint-Joseph, curé de « San Leonardo Murialdo » (Secteur Sud, XXIIIe Préfecture) a pris comme point de départ sa rencontre, un après-midi, il y a dizaine d’années devant la crèche de la Place Saint-Pierre, avec celui qui était alors le cardinal Joseph Ratzinger. « Je suis venu à votre rencontre pour vous saluer, a-t-il raconté, et la foule nombreuse qui était derrière nous, vous reconnaissant, a commencé à applaudir. Alors, de manière très affable, en indiquant une dame âgé et fragile qui était venue avec vous, vous aviez alors dit: Ne m’applaudissez donc pas, applaudissez plutôt cette dame. C’est une mère de famille ». Le Père Allegro a voulu rappeler l’épisode, pour demander, en tant que curé, une parole de réconfort et de joie: « En nous souvenant de nos mères, a-t-il expliqué, de leur foi, de l’influence et de la force spirituelle qu’elles ont apportées à notre formation humaine et chrétienne, aidez-nous, Votre Sainteté, à parler aux mères de tous les enfants, des jeunes qui fréquentent le catéchisme, souvent distraits et facilement absents. Votre Sainteté, dites-nous un mot, que nous puissions ramener chez nous, à ces mères de famille, pour que nous puissions leur dire: ‘voici ce que vous dit le pape’ ».

Dom Alberto Pacini est le Recteur de « Sant’Anastasia al Palatino », qui, de 1959 à 1999, fut confiée aux Bénédictins olivétains et qui durant le Jubilé de l’an 2000, a été rouverte après être restée fermée 32 ans pour des travaux de restauration. Depuis cinq ans, cette église est un lieu d’adoration eucharistique perpétuelle, jour et nuit; elle est ouverte vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Le Très Saint Sacrement y est exposé à la vénération des fidèles qui se succèdent. Cela a engendré 14 initiatives semblables, dont une à Rome et les autres dans diverses régions d’Italie; elle est également le siège d’un mouvement très actif d’évangélisation eucharistique. « Ma proposition, ma suggestion, mon souhait, mon aspiration, a dit le Recteur, serait que dans chacun des cinq Secteurs de Rome il puisse y avoir une adoration eucharistique perpétuelle, en considérant qu’on en trouve déjà six, au sein d’instituts religieux, principalement du Secteur Ouest. C’est également dans se secteur que se trouve la paroisse de la Mère de la Divine Providence. Etant donné que Rome devrait tenir une place d’honneur dans la « charité eucharistique », a-t-il ajouté, il serait souhaitable qu’il y ait de très nombreux lieux où, à travers la rencontre avec l’Eucharistie, l’Eglise puisse se régénérer: vocations, évangélisation, confessions, parce que là où le Christ est exposé, là où la prière est incessante, le Seigneur attire à lui ses fils ».

Dans sa brève intervention, Dom Andrea Lonardo, curé de « Santa Melania Juniore » (Secteur Sud, XXVIIe Préfecture), a qualifié Benoît XVI de « Maître »
orientant la pensée vers une foi « pleinement humaine ». « Nous sommes toujours touchés par vos interventions, a-t-il dit, par l’harmonie avec laquelle chaque point retrouve son centre, ses relations, ses nœuds. Et cela d’autant plus à une époque où tout est fragmenté. Cette capacité qui est la vôtre nous aide, parce qu’elle est une synthèse vivante, et non abstraite, qui va à la rencontre de l’homme du passé et de l’homme d’aujourd’hui; des non-croyants et des très nombreuses autres manières de penser. Vous pourriez nous aider, a-t-il demandé au Saint-Père, en évoquant pour nous la manière dont vous avez mûri, dont vous avez compris, lorsque vous étiez encore séminariste, puis prêtre, lors de nombreuses rencontres, l’importance de tout cela. Comment pouvons-nous mieux comprendre ? Comment pouvons-nous grandir dans notre réalité de prêtres romains ? Comment pouvons-nous aider les laïcs à comprendre cette synthèse harmonieuse, cette catholicité de la foi, qui ensuite va justement rencontrer, toucher, éclairer la réalité de la vie de notre temps ? »

Dom Gennaro Perucatti, salésien, vicaire de « San Giovanni Bosco » (Secteur Est, XXe Préfecture) a parlé du pape Pie XII: « Le 2 mars 1876 naissait à Rome Eugenio Pacelli et le 2 mars 1939, il était élu pape. Sur ce grand pape, il est peut-être tombé un léger voile de silence. Eugenio Pacelli a été consacré évêque par Benoît XV dans la Chapelle Sixtine, le 13 mai 1917, alors que Marie apparaissait à Fatima et tandis que Marie de Cléophée, en Russie, était assaillie par les cavaliers bolcheviques, qui assassinèrent les enfants du catéchisme. Pie XII aimait la Vierge: il a été le pape du dogme de l’Assomption; le pape de l’Année mariale. Il aimait les papes et il a été le dernier à canoniser un Souverain Pontife, saint Pie X. Il aimait les jeunes, et il canonisa Maria Goretti et Domenico Savio ». En s’adressant à Benoît XVI, le prêtre salésien a poursuivi: « Nous devons véritablement beaucoup à ce Souverain Pontife; et pourtant, il me semble qu’en descendant dans les Grottes Vaticanes, l’on ne parvient plus à trouver sa tombe, car le parcours ne le permet pas. Et sa tombe n’est pas fleurie.Votre Sainteté, redonnez-nous ce grand Souverain Pontife Pastor angelicus, qui aimait l’Allemagne. D’ailleurs, les Allemands aussi aimaient Pie XII, Nonce apostolique à Berlin ». « Votre Sainteté, a-t-il conclu, nous souhaitons véritablement tous, qu’aux côtés des Serviteurs de Dieu Jean-Paul II, Paul VI et Jean-Paul Ier, ainsi que du Bienheureux Jean XXIII, nous puissions voir également Eugenio Pacelli, Pie XII ».

Dom Paolo Ricciardi, curé de « Santa Silvia » (Secteur Ouest, XXIXe Préfecture), est parti du présupposé que ces dernières années, le diocèse de Rome s’interroge sur la manière de répondre au mieux aux demandes et aux besoins des familles d’aujourd’hui. « Il faut, a-t-il dit, redonner vitalité à la famille, faire des familles non l’objet, mais le sujet de la pastorale, en faisant de nos communautés un milieu familial, dont personne ne se sente exclu. La famille est menacée par le relativisme et par l’indifférence de notre époque; les enfants du catéchisme manifestent sans s’en cacher, un fort désir de famille. Souvent, les pères sont absents; les grands-parents ont beaucoup à faire; aujourd’hui, certaines familles n’en ont plus que le nom et même au sujet de l’éducation, les parents semblent résignés, en particulier lorsque les enfants arrivent à l’adolescence. Il n’est pas facile aujourd’hui de soutenir et d’aider les familles: dans les programmes pastoraux, nous essayons d’ouvrir, au-delà des voies traditionnelles, de nouveaux chemins: la catéchèse familiale, les rencontres avec les parents avant et après le baptême, les groupes familiaux. Je crois toutefois que les familles d’aujourd’hui ont soif de rapports humains, de redécouverte de relations; un besoin d’accueil et d’ouverture. Elles ont besoin de prêtres experts en humanité, afin de reconnaître ce Dieu qui par amour s’est fait homme, en partageant les joies et les difficultés de tout homme et qui continuellement s’offre à chacun justement à travers la famille ». Le curé de « Santa Silvia » indique comme un domaine d’action extrêmement enrichissant, l’accompagnement des fiancés vers le mariage. « Ils proviennent de situations extrêmement diverses, beaucoup ne fréquentent plus la paroisse depuis la Confirmation, voire depuis la Première Communion. Ils arrivent avec quelques préjugés, mais ensuite ils se sentent accueillis, aimés et jamais jugés, ils découvrent dans la communauté une source qui réanime chez beaucoup la foi. Les cours de préparation au mariage deviennent alors des parcours de redécouverte de Dieu et de l’Eglise; des parcours où la Parole de Dieu doit être annoncée et partagée. Il faut proposer aux fiancés une annonce crédible et enthousiaste de l’amour de Dieu, qu’ils seront appelés à manifester grâce au sacrement nuptial; ils ont besoin, comme toutes les familles que nous rencontrons, de quelqu’un qui non seulement leur parle de Dieu, mais qui parle à Dieu avec eux et écoute Dieu avec eux. De très nombreux couples demandent ensuite à poursuivre sur le chemin de la foi, même après le mariage et cela devient une voie précieuse qu’il faut réinventer et parcourir même si elle est exigeante ». Dom Ricciardi estime nécessaire d’accompagner immédiatement les nouveaux époux. « Il faut leur faire ressentir leur importance, les aider à raviver la grâce du Sacrement, entrer dans leurs maisons avec amitié également pour prier ensemble, pourquoi pas en leur faisant rencontrer d’autres familles déjà en chemin depuis davantage de temps. Etre proche des couples est une grâce également pour notre sacerdoce: les deux vocations non seulement se complètent, mais ne peuvent se passer l’une de l’autre ». Enfin, après avoir remercié le pape Benoît XVI, au nom des familles, d’avoir consacré à l’amour sa première Encyclique, il a conclu en citant l’œuvre théâtrale de Jean-Paul II, « La Boutique de l’Orfèvre » où celui-ci décrivait le chemin serein ou difficile de trois couples d’époux qui avaient en commun l’artisan de leurs alliances. « Votre Sainteté, a dit Dom Ricciardi, aidez-nous à aider les familles à fixer le regard sur cet orfèvre qui pèse la foi des époux à la balance de son amour ».
[Fin de la première partie des interventions des prêtres]

© Copyright du texte original en italien : Libreria Editrice Vaticana
Traduction réalisée par Zenit

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ZENIT Staff

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