« Puisse le monde comprendre qu’il y a toujours quelque chose à partager » : c’est le vœu de M. Armindo Fernandes do Espirito Santo Vieira, ambassadeur de l’Angola près le Saint-Siège et Doyen du Corps diplomatique.
Le nouveau Doyen a présenté des vœux de Nouvel An au pape François, ce lundi 11 janvier au Palais Apostolique du Vatican, lors de la rencontre du pape avec les diplomates.
A.B.
Discours de M. Armindo Fernandes do Espirito Santo Vieira
Très Saint-Père,
C’est avec un immense plaisir, et, une particulière émotion, que pour la première fois en qualité de Doyen du Corps Diplomatique, accrédité près le Saint-Siège, j’ai l’honneur et le privilège, de présenter à Votre Sainteté, des voeux de bonne santé et de fécondité de votre Ministère Apostolique.
L’année 2015, a été marquée par l’intensification de nombreux conflits sur tous les continents. Mais ce sont justement ces innombrables situations tragiques, qui se produisent dans un monde désireux de paix et appelé au pardon, qui me rappellent la convocation, par Bulle Papale, du Jubilé extraordinaire de la Miséricorde. En affirmant que « le mystère de la miséricorde est source de joie, de sérénité et de paix», et qu’ « il est la loi fondamentale qui habite le coeur de chacun lorsqu’il jette un regard sincère sur le frère qu’il rencontre sur le chemin de la vie », votre opportun message devient une lumière qui cherche à éclairer les consciences les plus obstinément endormies.
De son côté, le Synode sur la famille s’est révélé une occasion particulière de réflexion, où l’Église a confirmé l’amour qu’elle réserve à toute personne, dans les diverses situations que celle-ci vit au cours de son existence.
Lors des voyages apostoliques sur différents continents, Votre Sainteté a mis en relief, par exemple en Asie, l’importance de la tolérance et de la coopération entre les nations, et en même temps Elle a témoigné de l’amour et de l’espérance que l’Église nourrit envers les jeunes.
Par ailleurs, en Europe, Elle a souligné comment, tournant le dos aux conflits vécus le siècle passé, il est devenu possible de promouvoir le dialogue et la cohabitation pacifique.
En Amérique, Elle a fait appel à la connaissance de l’histoire et des racines, puisqu’en elles se trouvent les sources d’inspiration pour la construction de la paix. Dans ce contexte, grâce à la précieuse contribution reconnue de Votre Sainteté, il a été possible d’assister au rétablissement des liens, interrompus depuis des décennies, entre deux nations.
En ouvrant en Afrique, à Bangui, la première Porte Sainte du Jubilé de la Miséricorde, Votre Sainteté a couronné le chemin de l’espérance. Avec un tel geste, Elle a manifesté au monde que le coeur de l’Église se trouve partout, qu’il est proche surtout de ceux qui souffrent le plus.
Devant l’Assemblée Générale des Nations Unies, elle a élargi les horizons de la réflexion, en soulignant le « droit de l’environnement » comme bien fondamental, ainsi que par Son appel au « défi urgent de protéger notre maison commune », concept largement approfondi dans la Lettre encyclique Laudato Si´.
La Communauté Internationale, à son tour, n’a pas manqué de reprendre, dans le fond, les grands défis évoqués, en adoptant l’ Agenda 2030 pour le développement durable, lors du dernier Sommet mondial qui s’est tenu à New York. De plus, les engagements pris par les participants à la Conférence mondiale sur le Climat, qui s’est tenue à Paris en décembre dernier, nous donnent l’espérance d’une prise de conscience renouvelée concernant la sauvegarde de la Création.
Sainteté,
Le terrorisme prend aujourd’hui des dimensions planétaires, et l’intolérance s’est malheureusement étendue au cours de l’année qui vient de se terminer, en particulier sous la forme de persécutions à caractère religieux. La déclaration Nostra Aetate sur les relations de l’Église avec les religions non chrétiennes, qui fête ses cinquante ans, se révèle d’autant plus actuelle que jamais. Le Bienheureux Paul VI y rappelait que l’Église exhorte les hommes à vivre ensemble leur commun destin. Cependant, malgré les efforts, nous avons dû constater, effarés, l’existence et l’extension des conflits dans diverses régions du monde.
En effet, ce cycle de violences frappe désormais des nations entières, avec des conséquences particulières sur les parties les plus vulnérables des populations (les femmes, les enfants, les jeunes et les personnes âgées). De plus, il aggrave dramatiquement la grande pauvreté et est un facteur décisif de la crise migratoire actuelle, sans précédents, en ce début de siècle.
Combien opportun, et sans équivoque, est Votre avertissement : « Utiliser le nom de Dieu pour justifier ce chemin est un blasphème » !
Sainteté,
Il y a six cents ans, plus précisément le 27 mars 1416, naissait Saint François de Paule. On lit dans sa biographie qu’un jour, entendant dire à des travailleurs pauvres qu’ils n’avaient rien à partager, il les a invités à vérifier dans leurs sacs, où stupéfaits, ils ont trouvé du pain frais. Puisse aussi le monde comprendre – comme d’ailleurs Votre Sainteté le répète régulièrement – qu’il y a toujours quelque chose à partager, afin que tous puissent trouver le pain qui rassasie les besoins des hommes.
Avec ses sentiments, je Vous assure, Sainteté, au nom du Corps Diplomatique accrédité près le Saint-Siège, de mes sincères et respectueux voeux de Bonne année 2016, avec le souhait que ce Jubilé Extraordinaire de la Miséricorde, s’accomplisse pleinement dans son esprit de pardon et de grâce pour chacun.
Bonne Année, Très Saint-Père
© Librairie éditrice du Vatican
