Le départ du pape François pour le Chili, et ses rendez-vous

Le charisme du pape François pour « faire la différence »

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Le pape François s’est envolé pour le Chili vers 8h55, ce lundi 15 janvier 2018, soit pour un voyage de 12.182 km qui lui fait survoler la France, la Sardaigne (Italie), l’Espagne, le Maroc, le Cap Vert, le Sénégal, le Brésil, le Paraguay, et son pays, l’Argentine, à bord d’un Boeing 777 de l’Alitalia (vol AZA4000), de l’aéroport de Rome-Fiumicino-Léonard de Vinci.
Le pape est attendu dans la capitale du Chili à 20h10, heure locale (0h10 à Rome). Il sera une heure plus tard à la nonciature.
Le thème du voyage au Chili (« Francisco en Cile« ) c’est la paix du Christ: « Je vous donne ma paix ».
Avant de partir, le pape a fait poster ce tweet sur son compte @Pontifex_fr: « Je vous demande d’accompagner avec la prière mon voyage au Chili et au Pérou. »
Le programme du pape que nous avons publié le 11 décembre comportera quelques petits changements, tandis que la presse locale annonce une vague importante de visiteurs d’Argentine venus au Chili rencontrer le pape et leur compatriote: certains media évoquent un million de personnes, un afflux « touristique » qui contribuera « largement », ajoutent des commentateurs, à payer les frais de la visite pontificale. Des dépenses qui donnent aussi du travail « à des milliers de personnes ».
L’itinéraire: centre, sud, nord

A Santiago, se tiendront les grandes rencontres officielles, avec le gouvernement, les évêques, et aussi les jeunes et l’université.

C’est à Santiago, le 3 avril 1987, que quelque six personnes venues assister à la messe du pape Jean-Paul II avaient été blessées lors d’affrontements entre opposants au régime et forces de l’ordre de la dictature, au Parque O’Higgins, où le pape François célébrera également la messe, mardi 16.

A Temuco, en territoire mapuche, au sud, le pape se rapprochera de la frontière avec son pays, l’Argentine et plaidera pour les « natifs ».

La dernière étape sera Iquique, ancien port-franc du nord du pays, où se sont concentrés des immigrés de tout le continent sud-américain, notamment du Pérou, de Bolivie et de Colombie.
Le Chili a demandé au pape François, comme aux autres personnalités visitant le pays, de ne pas évoquer le conflit avec la Bolivie (pour l’accès à la mer) tant que le tribunal de La Haye ne s’est pas prononcé. Lors de son voyage en Bolivie, en 2015 le pape avait appelé au dialogue entre les deux pays.
Au XIXe s., après une conflit avec le Chili, la Bolivie a perdu 400 km de côtes et des territoires permettant un débouché maritime.
Un prêtre condamné par le Vatican en 2011
Il ne semble pas prévu que le pape rencontre des victimes de Fernando Karadima, aujourd’hui âgé de 87 ans, déclaré coupable d’abus sexuels et psychologiques par le Vatican en 2011: il a été condamné à se retirer dans un monastère pour une vie « de prière et de pénitence », sans aucune mission pastorale, tandis que les faits étaient prescrits pour la justice chilienne.
Lorsqu’un ancien séminariste formé par Karadima, Juan Barros Madrid, ancien évêque aux armées, devenu en 2015 évêque d’Osorno, a été nommé évêque, il a été accusé d’avoir couvert les actes de son mentor, ce que l’évêque nie formellement.
La Fundación Para la Confianza voulait rencontrer le pape. Le directeur de la salle de presse du Vatican, Greg Burke, a indiqué, jeudi 11 janvier, qu’aucune rencontre n’était prévue. Affirmant que « c’est un thème important », il a fait observer que « les meilleures rencontres sont celles qui ont lieu en privé ».
Victimes de la dictature
Quant à l’époque de la dictature, A Iquique, dans le nord du pays, désertique, où Augusto Pinochet a autorisé et financé deux centres secrets de détention et de torture, l’évêque, Mgr Guillermo Vera Soto, a confirmé la nouvelle d’une rencontre avec deux victimes, 28 ans après la fin de la dictature qui a duré 17 ans et qui laisse, selon Luis Badilla (Il Sismografo), des « blessures ouvertes », en dépit du « travail de réconciliation et de pacification »: il parle en connaissance de cause, il est lui-même Chilien. Ils remettront au pape François une lettre racontant leur itinéraire, précise-t-il. Cette rencontre constituera un « souvenir indélébile » dans le cœur des Chiliens, souligne Luis Badilla.
Le président Patricio Aylwin Azócar (1918-2016) s’est éteint l’an dernier: il avait été le premier président démocratiquement élu (1990-1994).
Statistiques
Le Chili, qui compte 16,9 millions d’habitants (plus de 6 millions à Santiago), est le pays d’Amérique latine qui a le moins confiance dans l’Eglise (37% selon un sondage). Le nombre des catholiques est de 69,9%. Le nombre des Evangélistes a augmenté, passant de 14% à 15%. La population « native », mapuche représente 5% des habitants.
Le pays a d’importantes ressources minières et agricoles : il est le 1er exportateur mondial de cuivre, et l’un des principaux producteurs de vin du monde. La croissance économique importante de la décennie 2000 a diminué dans les années 2009 et 2010, pour revenir, moins fortement.
On compte qu’un habitant sur cinq vit encore en « grande pauvreté », en dépit des politiques sociales, du fait de la crise mondiale et de catastrophes naturelles comme le séisme d’octobre 2017 (magnitude 6,3).
Les minorités amérindiennes représentent 1,7 million de personnes
Les villes de Valparaiso et Concepcion ont plus de 1 million d’habitants, Temuco, centre touristique du sud (à 670 km de Santiago), et Iquique, important port commercial du nord (autrefois ville péruvienne), et où le pape se rendra, comptent respectivement environ 380 000 et 320 000 habitants.
Le pays représente une longue bande de terre de 4 300 km et large de 180 km en moyenne. Le Chili revendique aussi la souveraineté sur un territoire de l’Antarctique.
Le nouveau président Sebastián Piñera, élu le 17 décembre dernier, avec 54% des voix (il a déjà été président de mars 2010 à mars 2014), ne sera installé que le 11 mars prochain, au terme du mandat de Mme Michelle Bachelet, élue en 2013, et qui accueillera le pape.
Le dialogue avec les mapuches
Vendredi 12 janvier, une église a été attaquée au Chili: on compte une quarantaine d’édifices religieux (catholiques et évangéliques) incendiés ou rasés au sol depuis 30 ans, fait observer Luis Badilla, sans que les auteurs ne soient formellement identifiés, mais des rebelles mapuches sont parfois désignés.
La parole du pape qui les rencontrera sera d’autant plus importante. Le pape sera à Temuco, en territoire mapuche, au sud, mercredi 18. Une population qui a beaucoup souffert sous la dictature – « féroce » contre eux, dit Badilla –  et dont une avant-garde « aguerrie et bien organisée » revendique une « nationalité mapuche » et des terres expropriées.
Pour Luis Badilla, à Santiago, comme à Temuco et Iquique, la « présence » du pape François, sa personnalité, son « charisme » peuvent « faire la différence »: “François sait tirer des situations difficiles énergie, projet, avenir et utopie ».
Petits changements au programme du Chili
Après son arrivée, vers 19h55 (vers minuit, heure de Rome) à l’aéroport Arturo Merino Benítez de Santiago, et la cérémonie de bienvenue, le pape se rendra sur la tombe du défunt évêque auxiliaire, Mgr Enrique Alvear Urrutia (1916-1982), connu comme « l’évêque de pauvres ». Il repose dans l’église San Luis Beltrán de Pudahuel, où le pape sera accueilli par le curé, le p. Julio Larrondo.
Ce sera la toute première étape de son voyage, avant de se rendre à la nonciature apostolique, sa résidence pendant sa visite au Chili. Le pape voyagera en « papamobile » par l’avenue principale de Santiago et par « Providencia » jusqu’à la nonciature.
Un deuxième petit changement d’itinéraire est prévu mercredi 17 janvier, dans les déplacements: le soir, à son retour de Temuco, le pape se rendra, à 17h, en voiture fermée à l’Avenida 5 Abril par la rue Monumento. Il montera ensuite en « papamobile »  jusqu’au Sanctuaire national de Maipu (basilique Notre Dame du Mont Carmel où l’on vénère une image de la Vierge Marie du XVIIIe s.), où il a rendez-vous avec les jeunes à 17h30.
Troisième léger changement ce même mercredi 17 janvier: après la rencontre avec les jeunes et celle, qui a lieu à 19h, à l’Université pontificale catholique, le pape remontera dans la « papamobile » pour prendre d’Alameda l’Avenida Portugal et rentrer à la nonciature.
Jeudi 18 janvier départ pour le Pérou
Le pape doit ensuite partir, jeudi 18 janvier, pour le Pérou (« El Papa en Perù« ), où il est attendu à 17h20 à l’aéroport de Lima. Le lendemain le pape rencontrera les peuples d’Amazonie – alors que se prépare le synode des évêques de 2019 sur l’Amazonie – et le surlendemain il se rendra à Trujillo. Le pays vient d’être frappé, ce dimanche 15 janvier, par un violent séisme de magnitude 7,3.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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