Si le pape François se rendait en Corée du Nord, « ce serait un pas gigantesque pour une péninsule coréenne pacifique », affirme Mgr Lazzaro You Heung-sik, évêque de Daejeon, ce 11 octobre 2018 : « la Corée du Nord entrerait dans le monde intégré ».
Lors d’un briefing au Vatican sur le Synode pour les jeunes, l’évêque coréen a été interrogé sur la prochaine visite du président de la République de Corée du Sud, Moon Jae-in au Vatican, le 18 octobre. Il sera porteur d’une lettre du leader nord-coréen Kim Jong-un adressée au pape François, disant que si le pape se rendait à Pyongyang il serait « accueilli chaleureusement ».
Si le pape s’y rendait, la Corée entrerait alors « dans le concert des nations comme un pays normal”, a souligné Mgr You Heung-sik. Mais « il y a encore tant de pas à faire… je sais combien le pape prie… pour que la péninsule coréenne trouve un avenir de paix ».
« Jusqu’à l’an dernier, a-t-il rappelé, tout le monde parlait du risque d’explosion d’une guerre en Corée, mais cette dernière année, grâce à l’Esprit Saint, la situation a changé à 180° » : grâce aux Jeux olympiques de février, « une nouvelle relation entre les deux Corées est née, il y a eu la rencontre entre les présidents Moon Jae-in et Kim Jong-un (le 27 avril), vraiment un grand succès : je pleurais et riais en regardant la télévision ».
« Je crois que la Corée du Nord est un pays prêt à s’ouvrir, prêt à renoncer aux armes nucléaires, à devenir un pays nouveau, poursuit-il. En ce sens en septembre le président Moon a dit au président Kim: la meilleure façon d’entrer dans le monde international pour la Corée du Nord est d’inviter le pape. Avant-hier encore le porte-parole du président a dit que durant la rencontre, Kim a répondu : quand le pape viendra, nous lui offrirons une grande bienvenue… ce serait beau si le pape allait à Pyongyang! »
« Mais, souligne Mgr You Heung-sik, en réalité il y a beaucoup de pas à faire, même si la visite du Saint Père serait pastorale. Certaines choses doivent changer, à partir de la question de la liberté religieuse et de la présence des prêtres, ce sont des thèmes à discuter ». Pour l’évêque, « la majorité des Coréens pensent qu’il faut ouvrir son cœur avec la Corée du Nord, qu’il y a beaucoup de choses à faire ensemble, à partir d’un chemin de fer qui relie sud et nord. Certains ont un peu peur, mais … beaucoup pensent que ce serait une bonne chose, qu’il faut continuer ».
Enfin, Mgr You Heung-sik évoque sa rencontre avec les deux évêques chinois présents au Synode : « Quand j’ai lu (la nouvelle) de l’accord entre le Saint-Siège et la Chine, j’ai été vraiment heureux parce que ce résultat a été très désiré aussi bien de Jean-Paul II que de Benoît XVI et de François… Et puis je suis venu à Rome, où sont arrivés les deux évêques et un prêtre. Je ne parle pas chinois mais je comprends assez bien l’écriture, je me suis approché d’eux, au petit-déjeuner et au déjeuner, j’ai écrit mon nom en chinois, nous avons échangé nos numéros de téléphone et puis peu à peu la relation a grandi. Pour moi ce sont des frères à aimer… c’était la première fois qu’ils participaient à un synode. Il m’ont traité comme un grand frère parce que je suis plus âgé ».
Mgr You Corée, capture Vatican News
Corée : la visite du pape serait un pas "gigantesque" pour la paix, souligne Mgr You Heung-sik
Réflexions au Vatican dans le cadre du Synode