Le pape François a échangé avec le Nobel de la paix 2018, le Congolais Denis Mukwege, à l’audience générale de ce 22 mai 2019, a annoncé le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, Alessandro Gisotti.
Le pape et le médecin gynécologue se sont salués au terme de la rencontre hebdomadaire qui avait lieu place Saint-Pierre.
Denis Mukwege, qui pratique à l’hôpital Panzi de Bukavu, dans le sud-ouest de la République démocratique du Congo, a aidé des milliers de femmes violées dans ce qu’il appelle « une situation formelle ni de guerre ni de paix, mais d’authentique impunité ».
En 2012, il avait dû se réfugier en Europe, rescapé d’une attaque après avoir dénoncé les responsables des violences dans la région. Mais il était rentré en RDC l’année suivante pour poursuivre son engagement.
Le pape « connaît très bien les problèmes de mon pays », explique Denis Mukwege au micro de Vatican News après leur entrevue. Il salue « les principes défendus par le Vatican, comme le respect de la dignité humaine », souhaitant que ces valeurs, qui aujourd’hui se perdent, soient enseignées.
Le médecin plaide pour l’égale dignité des hommes et des femmes : « notre société congolaise ne pourra pas se mettre en marche si l’on ne donne pas à la femme la place qu’elle mérite ». Une nécessité valable pour l’Afrique et le monde entier, ajoute-t-il.
Il raconte ainsi son parcours d’obstétricien : « Depuis plus de huit ans, après avoir “vécu” en salle d’opération où je soignais les mères et leurs filles… tout cela n’était pas acceptable pour moi. C’est pourquoi j’ai quitté le bloc opératoire pour chercher simplement à sensibiliser le monde sur ce qui arrive en République démocratique du Congo. »
La RDC « est martyrisée depuis plus de 20 ans », martèle-t-il : « Ce pays a perdu plus de six millions de personnes, souvent à cause de massacres, de la faim, ou d’absence de soins… mais dix millions de personnes c’est un chiffre énorme ! Et des centaines de milliers de femmes ont subi des violences… cette situation est très grave. »
Il est le lauréat du Prix Nobel de la paix 2018, avec Nadia Murad, survivante et témoin du génocide des Yézidis par Daech : tous deux ont été récompensés pour leurs efforts pour mettre fin à l’emploi des violences sexuelles en tant qu’arme de guerre.
Denis Mukwege est également lauréat du prix Sakharov au Parlement européen (2014). « Dans un monde d’inversion des valeurs, refuser la violence, c’est être dissident », a-t-il déclaré en novembre 2014, au moment de la remise du prix.