4.400 : c’est le nombre de projets réalisés par la fondation Populorum Progressio depuis sa fondation il y a 25 ans, en particulier auprès des peuples autochtones, métis et afro-américains en Amérique latine, « qui font partie des groupes les plus marginalisés de la société latino-américaine et des Caraïbes ».
Le pape a adressé un message aux participants à la conférence qui a commencé à Rome ce mardi matin 12 décembre 2017, pour le XXVème anniversaire de l’institution de la fondation Populorum Progressio. Le message, intitulé « Pour les personnes marginalisées de la société latino-américaine » et adressé au cardinal Turkson, préfet du dicastère pour le Service du Développement humain intégral et président de la fondation Populorum Progressio, est daté du 20 novembre 2017.
La Fondation met au cœur de ses projets « l’option préférentielle pour les pauvres », souligne le pape pour qui ceux-ci doivent « redevenir les protagonistes de leur développement humain intégral » et redécouvrir « leur dignité d’êtres humains aimés et désirés par Dieu, pour pouvoir aussi contribuer au progrès économique et social de leur pays, avec toute la richesse qui habite dans leur cœur et dans leur culture ».
Voici notre traduction du message en italien du pape François.
HG
Message du pape François
À Monsieur le Cardinal Peter K. A. Turkson, préfet du dicastère pour le Service du Développement humain intégral et président de la fondation Populorum Progressio.
À l’occasion du XXVème anniversaire de l’institution de la fondation Populorum Progressio, je vous prie de transmettre mes salutations à tous les membres du Conseil d’administration de cette institution, à ses collaborateurs et à tous ceux qui se réuniront pour célébrer cet événement à Rome.
Le 13 novembre 1992, mon prédécesseur saint Jean-Paul II a institué la fondation Populorum Progressio pour contribuer à améliorer les conditions des peuples autochtones, métis et afro-américains en Amérique latine, qui font partie des groupes les plus marginalisés de la société latino-américaine et des Caraïbes. Il désirait que cette institution montre la proximité du pape à l’égard des personnes qui sont privées même de l’indispensable pour vivre et que la société ou ses autorités négligent souvent. Les initiatives lancées par cet organisme veulent être une manifestation de l’amour de Dieu et de la présence maternelle de l’Église parmi tous les hommes, en particulier les plus pauvres parmi les pauvres (cf. Lc 7,22).
Depuis lors, la fondation a soutenu environ 4.400 projets grâce à la générosité de tant de catholiques et de personnes de bonne volonté, qui ont généreusement offert ce qu’ils avaient afin que d’autres puissent améliorer leurs propres conditions de vie.
Il est important de rappeler que les Églises particulières d’Amérique latine participent à la réalisation des projets et au Conseil d’administration, formé de six Ordinaires de la région et qui étudie les initiatives présentées par les évêques et par les responsables pastoraux.
La situation en Amérique latine requiert toutefois un engagement plus solide, afin d’améliorer les conditions de vie de tous, sans exclure personne, luttant également contre les injustices et la corruption, pour réussir à obtenir le meilleur résultat à partir des efforts consentis. De fait, malgré les potentiels des pays latino-américains – habités par des peuples solidaires avec les autres et qui disposent d’une grande richesse du point de vue de l’histoire et de la culture, ainsi que des ressources naturelles – l’actuelle crise économique et sociale, aggravée par le fléau de la dette extérieure qui paralyse le développement, a frappé la population et a fait augmenter la pauvreté, le chômage et les inégalités sociales, et elle a en même temps contribué à l’exploitation de notre maison commune, en en abusant, à un niveau jamais imaginé auparavant.
Quand un système économique ne met au centre que le dieu argent, les politiques d’exclusion se déchainent et il n’y a plus de place ni pour l’homme ni pour la femme. Alors l’être humain crée cette culture du rejet qui engendre la souffrance, privant tant de personnes du droit de vivre et d’être heureux (cf. Lettre encyclique Laudato si’, n. 44).
La Fondation est née pour être un signe de la proximité du pape et de l’Église à l’égard de tous, surtout des communautés qui restent marginalisées et de celles que l’on considère comme à rejeter, privées des droits humains fondamentaux et de la participation à la table du bien commun, comme cela se produit malheureusement pour les peuples autochtones, métis et afro-américains en Amérique latine. L’Église est appelée à être proche et à toucher, dans son prochain, la chair du Christ qui est aussi la mesure du jugement du Christ (cf. Mt 25).
En dépit des moyens limités dont elle dispose, la Fondation incarne dans ses projets l’option préférentielle pour les plus pauvres, soulignant leur dignité (cf. Lettre encyclique Laudato si’, n.158), à travers le témoignage de la charité du Christ qui se fait aide, main tendue au frère et à la sœur pour qu’ils se lèvent, recommencent à espérer et à vivre une vie digne. C’est seulement ainsi qu’ils pourront redevenir les protagonistes de leur développement humain intégral, retrouvant leur dignité d’êtres humains aimés et désirés par Dieu, pour pouvoir aussi contribuer au progrès économique et social de leur pays, avec toute la richesse qui habite dans leur cœur et dans leur culture. Et ce développement humain sera l’œuvre de tous parce qu’il sera le fruit d’un effort commun qui, à travers les moyens fournis avec beaucoup de générosité par les communautés ecclésiales, transforme le rejet en une authentique ressource, au bénéfice non seulement d’un pays mais aussi de toute l’humanité.
La Fondation, qui finance de nombreux projets en faveurs des peuples autochtones, pourra trouver dans l’Assemblée spéciale du synode des évêques pour la région pan-amazonienne qui se tiendra à Rome au mois d’octobre 2019, une source d’inspiration pour l’avenir et pour l’évangélisation du continent.
Permettez-moi de remercier les représentants de la Conférence épiscopale italienne qui, avec tant de générosité et de fidélité, accompagnent la Fondation, ainsi que les Organisations catholiques et les bienfaiteurs qui ont offert une contribution appréciée au financement des projets. M’unissant à la gratitude de ceux qui ont bénéficié de cette aide si importante, je désire m’adresser à Dieu afin qu’il les récompense par d’abondantes bénédictions spirituelles. Je salue enfin les collaborateurs du secrétariat à Bogota et du dicastère, les remerciant pour leur engagement actif en faveur des frères et sœurs plus nécessiteux.
Je vous encourage dans votre travail en faveur du développement humain intégral et du bien commun sur notre continent américain, afin que la collaboration entre tous contribue à créer un monde toujours plus juste et plus humain, qui voie le visage du Christ dans tous les frères et sœurs des populations plus marginalisées de l’Amérique latine, en suivant l’exemple que nous a laissé sainte Thérèse de Calcutta.
Je confie les célébrations de cet anniversaire à la maternelle intercession de la Vierge de Guadalupe, vénérée sur tout le continent américain et que le Seigneur bénisse les membres de la Fondation et ses bienfaiteurs.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat