Le card. Ladaria Ferrer, capture @ UFVedu

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Allemagne: oui à l'oecuménisme mais coup de frein au document sur l'inter-communion

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Le card. Ladaria explique les conclusions du pape François

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« Le pape freine les évêques allemands »: dans une lettre du 25 mai 2018, adressée au cardinal Reinhard Marx, archevêque de Munich et Freising, président de la Conférence épiscopale allemande, le cardinal préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, Luis Ladaria Ferrer, SJ, donne un coup de frein à l’inter-communion, a révélé Vatican News en allemand le 5 juin, sous un titre qui souligne que ce coup de frein vient du Pape lui-même, qui a paraphé le document (« Papst bremst deutsche Bischöfe »). La veille, en effet, le 24 mai, le Vatican indique que le pape a reçu – pour la seconde fois -, le théologien espagnol.
Oui aux progrès de l’oecuménisme
Quant au pape François, il a redit sa vision de la progression de l’unité lors d’une audience accordée à une délégation évangélique-luthérienne, hier, 4 juin 2018.
Le cardinal Ladaria assure une copie aux autres évêques allemands venus à Rome pour ce qu’il rappelle avoir été un « entretien fraternel », le 3 mai 2018, sur le document des évêques allemands intitulé: « Marcher avec le Christ. Sur le chemin de l’unité.  Mariages interconfessionnels et participation commune à l’eucharistie.  Un guide pastoral de la Conférence épiscopale allemande » (« Mit Christus gehen… »). « Nous avions convenu ensemble que j’aurais informé le Saint-Père de notre rencontre », rappelle le cardinal Ladaria, qui recevra sa barrette le 29 juin prochain.
Il dit avoir évoqué leur rencontre lors d’une audience avec le pape une première fois le 18 mai 2018, et il lui a alors remis « une synthèse de l’entretien ». Nouvelle audience, explique-t-il, le 24 mai. Et il indique ensuite trois questions, soulignant qu’il a « l’accord explicite du Pape ». Les notes de la lettre renvoient aussi aux dispositions du Droit canon
La lettre redit un grand « oui » aux efforts œcuméniques, spécialement en Allemagne. Mais elle souligne que le document des évêques allemands n’est pas « mûr » : il faut considérer toute l’Eglise et pas seulement un pays, et également les relations avec les autres confessions chrétiennes, et donc en cas de nécessité grave, laisser l’évêque juger. Enfin, la lettre encourage la « collégialité épiscopale », la communion.
Premièrement donc, oui aux efforts œcuméniques de la Conférence épiscopale allemande « et en particulier l’intense collaboration avec le conseil de l’Église évangélique d’Allemagne méritent d’être reconnus et appréciés ». Oui pour « aller de l’avant avec confiance sur le chemin d’une unité toujours plus profonde ».
Coup de frein au document allemand
Deuxièmement, le texte des évêques allemands « soulève une série de problèmes de grande importance » et le pape estime qu’il n’est pas « mûr » : « Le Saint-Père est donc parvenu à la conclusion que ce document n’est pas mûr pour être publié ».
Le cardinal Ladaria en donne trois raisons principales. Première raison, le thème ne concerne pas seulement l’Eglise en Allemagne, mais toute l’Eglise: « La question de l’admission à la communion de chrétiens évangéliques dans des mariages interconfessionnels est un thème qui touche à la foi de l’Église et qui concerne l’Église universelle. »
Deuxième raison, il faut tenir compte aussi des autres confessions chrétiennes : « Une telle question a des impacts sur les rapports œcuméniques avec d’autres Églises et d’autres communautés ecclésiales qu’il ne faut pas sous-estimer. »
Troisième raison, le Saint-Siège s’est déjà prononcé et s’il y a « grave nécessité », c’est sur le terrain, au cas par cas, que l’évêque local peut trancher : «  Il semble notamment opportun de laisser l’évêque diocésain juger de l’existence d’une « grave nécessité » ».
Le canon 861 § 4 dit en effet : «En cas de danger de mort ou si, au jugement de l’Évêque diocésain ou de la conférence des Évêques, une autre grave nécessité se fait pressante, les ministres catholiques peuvent administrer licitement ces mêmes sacrements aussi aux autres chrétiens qui n’ont pas la pleine communion avec l’Église catholique, lorsqu’ils ne peuvent pas avoir recours à un ministre de leur communauté et qu’ils le demandent de leur plein gré, pourvu qu’ils manifestent la foi catholique sur ces sacrements et qu’ils soient dûment disposés. »
C’est l’Esprit Saint qui conduit à l’unité
Troisième point de la lettre : le cardinal Ladaria souligne que le pape encourage « l’esprit de collégialité épiscopale ». Rappelons que dans un premier temps, le pape avait encouragé des décisions unanimes, or l’unanimité n’est pas au rendez-vous sur ce point.
Un coup de frein mais qui ne signifie pas finalement fermeture, mais au contraire, ouverture à la dimension de toute l’Eglise et de toutes les communautés qui se réclament de la foi dans le Christ Seigneur et Sauveur: pour faire progresser l’oecuménisme, il ne s’agit pas d’enjamber la Providence, mais d’être docile à l’Esprit.
Le dialogue doit donc se poursuivre car l’unité, disait le pape hier, 4 juin 2018, à une délégation évangélique-luthérienne d’Allemagne, se fait sous l’impulsion de l’Esprit Saint. Nous publions, ce mardi 5 juin, la traduction intégrale de ce document qui éclaire la réflexion proposée par le cardinal Ladaria dans sa lettre.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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