Le Pacte mondial relatif aux réfugiés contient « des engagements et des arrangements orientés vers l’action qui peuvent être considérés comme moralement contraignants pour la communauté internationale dans son ensemble », a déclaré Mgr Jurkovic. Tout d’abord, « la dignité de chaque personne humaine et ses droits humains fondamentaux devraient guider et soutenir tous les aspects du Programme d’action ».
Mgr Ivan Jurkovic, nonce apostolique et observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations Unies et d’autres organisations internationales, a fait une déclaration à Genève lors de la sixième Consultation officielle en vue d’un Pacte mondial relatif aux réfugiés Partie I « Introduction » et Partie II « Cadre global d’intervention des réfugiés », à Genève, le 3 juillet 2018.
Le représentant du Saint-Siège a entre autres mis l’accent sur « le caractère composite » des mouvements de population. Ainsi, a-t-il souligné, dans le paragraphe 13, la référence aux « besoins divers » permettrait « de mieux saisir l’ensemble des déplacements, y compris ceux qui ont besoin de protection, et prend en compte toutes les dimensions et les aspects fondamentaux de la personne humaine, ainsi que le respect des communautés locales ».
Voici notre traduction de la déclaration de Mgr Jurkovic.
HG
Déclaration de Mgr Jurkovic
Merci, Monsieur le Président.
Alors que nous nous réunissons pour la dernière série de consultations formelles, la délégation du Saint-Siège souhaite remercier le Haut Commissaire assistant et son équipe pour leur dévouement à cet effort important. Bien que le Pacte mondial relatif aux réfugiés (PMR) ne soit pas destiné à servir d’instrument juridiquement contraignant, il contient des engagements et des arrangements orientés vers l’action qui peuvent être considérés comme moralement contraignants pour la communauté internationale dans son ensemble. Pour évaluer l’efficacité prospective et la praticabilité concrète de la version actuelle du PMR, nous devons l’estimer par rapport aux objectifs énumérés au paragraphe 7.
À cet égard, permettez-moi de contribuer à la discussion en commençant par quelques considérations : Premièrement, nous souhaitons souligner une fois de plus l’importance pour le PMR d’être fermement centré sur la personne humaine, insistant sur le fait que la dignité de chaque personne humaine et ses droits humains fondamentaux devraient guider et soutenir tous les aspects du Programme d’action. À cet égard, nous rappelons les paroles du pape François selon lesquelles « la dignité d’une personne ne dépend pas de sa qualité de citoyen, de migrant ou de réfugié » (1).
Deuxièmement, nous saluons la référence aux principes fondamentaux d’humanité et de solidarité internationale, ainsi que la référence à la non-politisation du PMR, y compris sa mise en œuvre, et nous encourageons à ce que cela s’applique également aux plateformes de soutien proposées. En effet, l’existence du système international de protection des réfugiés est un témoignage du patrimoine commun qui lie la famille humaine.
Troisièmement, notre délégation apprécie la reconnaissance du fait que les mouvements de population peuvent être de caractère composite, impliquant à la fois des réfugiés et d’autres personnes en déplacement, et que les catastrophes naturelles et la dégradation de l’environnement contribuent à ces mouvements mixtes.
Quatrièmement, compte tenu de l’objectif général du Règlement et afin d’assurer une meilleure protection des réfugiés, en particulier dans les pays touchés par d’importants mouvements de réfugiés ou par des situations de réfugiés prolongées, cette délégation souhaite réaffirmer qu’il serait plus utile et efficace de se référer, au paragraphe 13, aux « besoins divers » plutôt qu’aux considérations plus abstraites de « diversité ». La référence aux « besoins divers » permet de mieux saisir l’ensemble des déplacements, y compris ceux qui ont besoin de protection, et prend en compte toutes les dimensions et les aspects fondamentaux de la personne humaine, ainsi que le respect des communautés locales.
Il est donc louable que le PMR fasse délibérément référence aux « besoins divers » dans ses différents paragraphes et sous-sections, par exemple dans la partie III.B dans les sous-sections « Répondre aux besoins spécifiques », « identifier les besoins de protection internationale », « répondre aux besoins et soutenir les communautés » et autres.
Enfin, nous saluons la reconnaissance au sein du PMR du rôle des organisations confessionnelles. Nous rappelons que les communautés religieuses ont une présence durable sur le terrain, qui précède généralement les efforts conjoints de la communauté internationale, puisqu’elles sont basées dans les communautés locales. Ainsi, elles servent souvent de premiers fournisseurs de protection en cas d’urgence et continuent leur service après le départ des agences internationales des zones touchées.
Je vous remercie.
1. Pape François, Tweet, 21 juin 2018, https://twitter.com/Pontifex/status/1009400469314138112.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat
Mgr Ivan Jurkovic, © wikipedia
ONU: les engagements «moralement contraignants» du Pacte mondial sur les Réfugiés, par Mgr Jurkovic
La dignité de la personne au cœur du Programme d’action