ROME, lundi 10 mai 2004 (ZENIT.org) – Si de nos jours le christianisme n’est plus vu comme une source de joie, c’est parce qu’il est perçu comme quelque chose d’institutionnel et non comme une rencontre personnelle avec le Christ, affirme le cardinal Joseph Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.
« Le noyau du christianisme est une rencontre toujours nouvelle, un événement grâce auquel nous pouvons rencontrer le Dieu qui nous parle, qui s’approche de nous, qui se présente comme notre ami », affirme le cardinal Ratzinger dans un entretien accordé à don Ivan Maffeis, le directeur de l’hebdomadaire du diocèse de Trente « Vita Trentina ».
Si le christianisme n’est pas une rencontre, il « apparaît comme une vieille tradition, marquée par de vieux commandements, quelque chose que nous connaissons déjà et qui ne dit plus rien de nouveau, une institution forte, l’une des grandes institutions qui pèsent sur nos épaules ».
« Il est décisif d’arriver à ce point fondamental d’une rencontre personnelle avec Dieu, présent aujourd’hui encore et contemporain. Si l’on trouve ce centre essentiel, on comprend aussi le reste; mais si cet événement qui touche le cœur ne se réalise pas, tout le reste demeure un poids, presque une absurdité ».
Le cardinal Ratzinger explique par ailleurs qu’il y a encore « beaucoup » à apprendre du Concile Vatican II. « Il me semblerait d’ailleurs difficile, pour une génération, d’assimiler vraiment l’héritage d’un Concile », précise-t-il.
Après avoir souligné que « le cœur du message du Concile Vatican II » est « la centralité du Christ » et l’urgence d’une approche « personnaliste » de la religion, le cardinal a affirmé que « malheureusement nous en sommes souvent restés aux choses superficielles », si bien que « cette centralité du personnalisme chrétien reste encore à découvrir ».
« Le Concile voulait montrer que le christianisme n’allait pas contre la raison, contre la modernité mais qu’il était au contraire une aide pour permettre que la raison dans sa totalité puisse travailler non seulement au niveau technique mais aussi au niveau de la connaissance humaine, morale et religieuse » a-t-il ajouté.
En ce qui concerne l’élargissement de l’Europe, le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi précise que les nouveaux pays membres sont des « pays qui, sur le plan économique ont assurément beaucoup à faire, mais qui peuvent peut-être aussi contribuer à développer le monde économique de manière plus humaine et à rendre le christianisme plus présent dans notre vie et en Europe ».
En conclusion, le cardinal Ratzinger a évoqué le rapport entre catholiques et orthodoxes, affirmant que « la collaboration entre l’orthodoxie et le catholicisme n’est pas toujours facile » mais que « même s’il s’agit de deux expressions de la foi chrétienne qui ont grandi sous des formes différentes historiquement, elles sont pour ainsi dire jumelles et doivent donc se trouver ensemble », et « offrir une fraternité chrétienne profonde ».