ROME, jeudi 6 mai 2004 (ZENIT.org) – « L’idée d’un Institut nous a été inspirée par une pensée de Jean-Paul II. Ce dernier a en effet expliqué que la crise de notre société était en fait une crise anthropologique. Nous nous sommes dit qu’il fallait absolument faire quelque chose ». C’est ainsi que le père Nicolas Buttet, inspirateur du projet Philanthropos, explique la décision de proposer aux jeunes une année de formation pour mieux comprendre « qui est la personne humaine ».
Le père Nicolas Buttet est juriste de formation. Il est le fondateur de la communauté Eucharistein. Il a été collaborateur du card. Etchegaray au Conseil Pontifical Justice et Paix. Dans cet entretien accordé à Zenit, il présente le projet Philanthropos.
Zenit : L’institut européen d’études anthropologiques a pris naissance à Fribourg, en Suisse. Est-ce un institut de plus dans le paysage de la formation ?
P. Nicolas Buttet : On pourrait le voir ainsi. Mais si l’on regarde de près le contenu de la formation proposée par philanthropos, on se rend compte qu’il s’agit d’une réponse unique en son genre. Philanthropos entend délivrer une formation permettant à celle ou celui qui l’a suivie d’affronter de manière responsable et positive la crise anthropologique qui ronge notre société actuelle. Derrière tous les grands débats éthiques, apparaît toujours le même problème : qui est la personne humaine ? Sans une réponse claire à cette question, il n’y a pas de solutions responsables aux défis de notre temps. La formation dispensée à philanthropos est destinée à former des personnes capables ensuite de répondre à cette question à divers niveaux de responsabilité.
Zenit : De quelle manière ?
Les cours permettront d’approfondir de manière unifiée et systématique la vision de la personne humaine en philosophie, en théologie, comme dans les grandes cultures de l’humanité et dans les différents domaines de l’agir humain. Le caractère de l’institut est donc à la fois académique, interdisciplinaire et interculturel, ce qui fait de philanthropos une œuvre unique en son genre.
Zenit : Philanthropos répond donc à un besoin de notre temps ?
P. Nicolas Buttet : J’en suis persuadé. Toute notre culture est fondée sur la dignité de la personne humaine. Perdre le sens de la personne, c’est détruire la culture avec des conséquences incalculables que l’on aperçoit déjà. En fait, philanthropos se veut vraiment une réponse à cette réflexion du pape Jean-Paul II : « La diffusion des idéologies dans les différents champs de la société appelle les chrétiens à un nouveau sursaut dans le domaine intellectuel, afin de proposer des réflexions vigoureuses qui fassent apparaître aux jeunes générations la vérité sur l’homme et sur Dieu, les invitant à entrer dans une intelligence de la foi toujours plus affinée. C’est par la formation philosophique et catéchétique que les jeunes sauront discerner la vérité. Une démarche rationnelle sérieuse constitue un rempart contre tout ce qui a trait aux idéologies; elle donne le goût d’aller toujours plus en profondeur, pour que la philosophie et la raison s’ouvrent au Christ; cela s’est produit dans toutes les périodes de l’histoire de l’Église, notamment durant la période patristique où la culture chrétienne naissante a su entrer en dialogue avec les autres cultures, en particulier les cultures grecque et latine. Une telle réflexion sera aussi une invitation à passer d’une démarche rationnelle à une démarche spirituelle, pour parvenir à une rencontre personnelle avec le Christ et pour édifier l’être intérieur » (Jean-Paul II, discours au Conseil pontifical pour la culture 2004).
Zenit : Qui participe à l’institut philanthropos ?
P. Nicolas Buttet : Dès le départ, nous avions décidé de faire de philanthopos une œuvre d’Eglise. Nous ne voulions pas que l’institut soit rattaché à une seule communauté ou à une spiritualité unique. Il va de soi que ce qui nous réunit tous, c’est la fidélité totale au Magistère et l’enracinement intellectuel dans la philosophie réaliste dont S. Thomas en a fait une synthèse magistrale. Cependant, participent à la vie de l’institut des dominicains, des carmes, des jésuites, des bénédictins, des membres de communautés nouvelles. De nombreux laïcs sont aussi associés à ce projet, dont certains sont liés à divers mouvements d’Eglise. Nous tenons absolument à permettre aux personnes qui suivront la formation d’être en contact avec la riche diversité de l’Eglise catholique fondée sur Pierre et ses successeurs.
Zenit : Y a-t-il quelques noms de personnes que l’on pourrait citer ?
P. Nicolas Buttet : Parmi les personnes qui soutiennent le projet dans le comité d’honneur, on peut citer le Card. Cottier, théologien de la maison pontificale et le Card. Schönborn, archevêque de Vienne ainsi que l’évêque du lieu, Mgr Bernard Genoud. Il y a également différentes personnalités des milieux socio-professionnels, associatifs ou humanitaires comme sœur Emmanuelle du Caire. Parmi les professeurs ordinaires on peut citer entre autre le p. Benoît-Dominique de La Soujeole op, et le Prof. François-Xavier Putallaz ; parmi les professeurs invités, nous aurons la joie de voir la participation du P. Joseph-Marie Verlinde, du P. Pascal Ide, du prof. Jean-Marie Meyer. Yves Semen, docteur en philosophie et professeur à l’IPC en est le directeur.
Zenit : Comment s’organisent les cours ?
P. Nicolas Buttet : Philanthropos dispense un crédit de 700 heures de cours sur un an. Les cours sont organisés en deux formes : des cours fondamentaux durant l’année universitaire et qui concernent surtout l’anthropologie philosophique et théologique. Ces cours sont donnés en début de semaine. Les fins de semaines sont réservées aux modules thématiques : anthropologie comparée, anthropologie interculturelle (quelle vision de la personne dans l’Islam, dans la Chine, dans les cultures animistes, en Inde …). Des modules permettront aussi de réfléchir sur la place de la personne humaine dans la politique, les sciences, la médecine, l’économie. Il y aura aussi des modules réguliers portant sur la personne et l’oralité ou sur les humanismes et l’anthropologie.
Zenit : Philanthropos vise donc essentiellement à dispenser une formation académique ?
P. Nicolas Buttet : Nous avons voulu mettre l’accent sur la qualité de la formation intellectuelle. Tous les enseignants disposent des diplômes académiques et des capacités pédagogiques pour assurer une formation de qualité. Il ont été aussi choisis parce qu’ils sont non seulement des maîtres mais aussi des témoins par leur vie et leurs engagements. Mais en fait, philanthropos repose sur trois piliers : la formation intellectuelle bien sûr, mais aussi la proposition d’une vie commune au foyer et d’une vie spirituelle par la liturgie de l’Eglise. Chaque étudiant est en outre suivi personnellement par un tuteur pour des travaux de recherche spécifique. Il aura également la possibilité de disposer d’un accompagnement spirituel afin de profiter de cette année comme un temps d’approfondissement de sa vie intérieure ou de discernement de vie.
Zenit : Quel public entendez-vous rejoindre par cette formation ?
P. Nicolas Buttet : Nous proposons cette formation aux personnes disposant d’un bac ou d’une formation jugée équivalente. Nous voulons offrir aux jeunes ce temps de construction de la pensée, de leur personnalité, cette occasion de réflexion avant de commencer leur formation professionnalisante. Des jeunes pourraient également suivre les cours au terme de leur formation académique, avant d’en
trer dans la vie active. Enfin on peut aussi envisager que des jeunes professionnels désirent prendre une année de recul face à leurs engagements et décident de réfléchir sur les fondements de leurs activités.
Zenit : Comment peut-on s’inscrire ?
P. Nicolas Buttet : Il suffit de consulter le site internet de l’institut Philanthropos et de prendre contact avec le directeur par les adresses mentionnées sur le site info@philanthropos.org ou par téléphone +41.(0)26.347.31.29