ROME, Mardi 24 avril 2001 (ZENIT.org) – Collaboration et dialogue, et non « concurrence », tel est l´esprit de la Charte, la « Charta Oecumenica », pour la collaboration des Eglises en Europe.
Elle a été signée dimanche 22 avril à Strasbourg par le cardinal Miloslav Vlk, archevêque de Prague et président du Conseil des Conférences épiscopales européennes, et par le métropolite Jérémie, président de la conférence des Eglises européennes qui regroupe 123 communautés orthodoxes et de la réforme. Le texte se divise en trois parties. Nous reprenons la synthèse du service en italien de Radio Vatican.
Cette Charte est d´abord le fruit d´un travail de quatre ans entrepris dans le sillage de l´assemblée œcuménique de Graz, dans le but de donner des indications pour favoriser la collaboration entre les Eglises en Europe. Le chemin œcuménique se poursuit en effet en dépit de ralentissements. L´introduction précise: « Nous ne pouvons pas nous contenter de l´état actuel des choses ». « Conscient de notre faute et prêts à la conversion, nous devons nous engager à surmonter les divisions qui existent encore entre nous de façon à annoncer l´Evangile ensemble et de façon crédible ».
Le premier point rappelle le fondement théologique commun de l´adhésion au Credo de Nicée-Constantinople. Vient ensuite une série d´engagements entre les Eglises et des Eglises ensemble par rapport à la société en Europe.
Avant tout, dit le texte, en substance, face au manque de repères et à l´éloignement des valeurs sociales, mais aussi à la recherche de sens, les Chrétiens sont particulièrement interpellés pour témoigner de leur foi. Mais ils s´engagent par cette Charte à ne pas se faire de « concurrence » et à ne pas utiliser des méthodes de pression morale ou matérielle, en somme à respecter au maximum la conscience et la libre adhésion de chacun à telle ou telle confession.
Pour favoriser également le rapprochement, la Charte rappelle la nécessité de ré-élaborer ensemble l´histoire des Eglises chrétiennes et de reconnaître les dons spirituels des différentes traditions. La Charte dit « non », en d´autres termes, à l´autosuffisance et « oui » à l´ouverture et à la formation.
Une façon de se rapprocher consiste aussi dans la collaboration au service de la défense des droits de minorités, en cherchant à se défaire des ambiguïtés et des préjugés entre Eglises majoritaires et minoritaires.
Il s´agit aussi de prier ensemble, et de liturgie. La communion eucharistique reste certes un signe douloureux. Mais le dialogue doit se poursuivre, dans les domaines théologique et éthique, de façon à chercher à surmonter les obstacles qui demeurent.
La dernière partie de la Charte est consacrée aux responsabilités des chrétiens du continent qui construit peu à peu son unité. Strasbourg, ville de la signature, se trouve au cœur d´une Europe qui a besoin d´un souffle vital. C´est pourquoi les signataires s´engagent à contribuer à la construction d´une Europe humaine et sociale, où seront sauvegardées les valeurs de la famille et de la vie.
Il s´agit en particulier d´empêcher que l´Europe se développe avec un Ouest intégré et un Est désintégré, et se referme sur elle-même, dans l´égocentrisme. Etant donnés les désastres du siècle dernier, les flots de sang qui en ont caractérisé aussi la fin, il est nécessaire, souligne la Charte, de promouvoir la réconciliation des peuples ou des cultures, et de combattre toute forme de nationalisme qui laisse dans l´ombre les autres peuples.
La Chartre souligne aussi l´importance de sauvegarder la création, pour l´homme, qui doit être plus important que la technique.
La Charte aborde ensuite les relations des Chrétiens avec le Judaïsme et avec l´Islam. Elle condamne fermement toute forme d´anti-sémitisme, affirme la nécessité de promouvoir l´estime réciproque et de travailler ensemble sur des thèmes d´intérêt commun. De même pour les personnes de religion musulmane.
Le dernier chapitre concerne la rencontre avec les autres religions non-monothéistes et les différentes visions du monde. Mais il convient de discerner, dit la Charte, avec quelles communautés il faut chercher le dialogue et les rencontres, et celles face auxquelles il convient de rester prudent, dans une optique chrétienne.