« Dans notre situation actuelle du monde, le «progrès» doit être redéfini en termes de construction et de préservation du monde vraiment habitable », déclare le cardinal Peter Turkson.
Le président du Conseil pontifical Justice et Paix a donné une conférence intitulée « Laudato Si’ : redéfinissons le « progrès » à l’Université du Collège Saint-Michel, à Toronto, Canada, lundi 21 mars.
Le cardinal a évoqué trois engagements principaux: « tracer une nouvelle voie pour la nature et la société selon Laudato si ‘; valoriser les peuples autochtones au Canada et ailleurs; et respecter le caractère sacré de la vie en ses derniers moments ».
Redéfinir le progrès
« Il s’agit de redéfinir notre notion du progrès, a affirmé le cardinal. Un développement technologique et économique qui ne laisse pas comme résultat un monde meilleur et une qualité de vie intégralement supérieure ne peut pas être considéré comme un progrès. »
« Redéfinir le progrès signifie … l’abandon de l’attrait du pouvoir, a-t-il poursuivi. L’augmentation de la puissance n’est pas nécessairement le progrès… Nos objectifs doivent être réglés sur les sons de l’éthique et de la culture et une vraie spiritualité. Dans le cas contraire, nous continuerons à découvrir – trop tard – que notre soi-disant « progrès » est effectivement en déclin. »
Le nouveau progrès « doit privilégier », estime le cardinal ghanéen, « les individus et les groupes locaux » qui sont capables de « faire une réelle différence ».
Respect des êtres autochtones
Evoquant les peuples autochtones du Canada, il a souligné qu’ils avaient « un plus grand sens de la responsabilité, un fort sentiment de communauté, une volonté de protéger les autres, un esprit de créativité et un profond amour de la terre ».
« Les communautés autochtones, ne sont pas seulement une minorité parmi les autres, mais devraient être les principaux partenaires du dialogue, en particulier lorsque de grands projets touchant leurs terres sont proposés », a-t-il ajouté en citant l’encyclique.
L’accompagnement de la fin de la vie
Le cardinal a consacré une partie de sa présentation à la question des soins en fin de vie, particulièrement importante pour Canada ou les discussions sont en cours depuis plusieurs mois.
Quand « la dignité et le caractère sacré de la vie sont rejetés, a dit le cardinal Turkson, la mise en valeur de l’individu peut être étendue trop loin » : l’idée d’être le maître absolu de sa vie mène à une « autonomie » « folle ».
« Donc, une seule considération à retenir dans le jugement de la Cour suprême et dans les débats des législateurs, a poursuivi le cardinal, est la crainte qu’une personne puisse, dans un moment de faiblesse, exercer imprudemment son «droit» autonome pour déterminer le moment de sa mort » Toute la discussion, a-t-il ajouté, devrait être « concentrée » sur « les mesures de protection contre une telle décision hâtive » prise « par inadvertance ».
Cardinal Peter Kodwo Appiah Turkson, WIKIMEDIA COMMONS - Missmarple76
Canada: le card. Turkson présente Laudato si’ à Toronto
Construire et préserver le «monde vraiment habitable»