Oui, le pape allait passer la Porte Sainte Anne: la mobilisation des motards de la Police Nationale italienne ne laissait pas de doute. Les moteurs impatients vrombissaient déjà.
En ce 8 décembre 2002, fête de l’Immaculée Conception de Marie, Jean-Paul II, allait franchir le Tibre, pour prendre, comme ses concitoyens de Rome, le chemin de la Place d’Espagne où déjà les administrations et les entreprises, les citoyens romains et les religieux avaient déposé des fleurs au pied de la statue de la Vierge Immaculée. Les vendeurs Pakistanais proposaient aux nombreux passants une rose à offrir à Marie. Un pompier valeureux était monté placer une couronne de fleurs blanches au bras droit de la statue de la Vierge. Et, comme chaque année, la télévision nationale (RAI) retransmettait l’événement en direct et tous les journaux télévisés allaient évoquer l’événement.
Enfin, un crépitement d’applaudissement accueille la sortie de Jean-Paul II des Murs du Vatican. Une heureuse surprise: le pape passe en « papamobile » et tous peuvent le voir, le filmer, le photographier et l’acclamer sous le regard de Mgr Stanislas Dziwisz, son secrétaire. Il est quatre heures moins cinq. Les Romains, – qui se disent souvent « blasés », car, le pape, ils « l’ont » toute l’année! – démentent par leur fidélité ces paroles empreintes de pudeur. Ils savent que le pape est vraiment leur évêque: n’a-t-il pas mille fois manifesté sa sollicitude pour cette Eglise de Rome, dont ses visites dans plus de 300 paroisses ne sont qu’une expression au moins facile à mettre en chiffre. En quelques minutes, Jean-Paul II sera Place d’Espagne. Il a appris des Romains ce geste d’hommage public à la Vierge Marie.
Sur son passage, il marque un bref arrêt devant l’église de la Sainte Trinité pour le salut de l’Association des Commerçants de la fameuse Via Condotti, ruisselante des lumières de l’Avent.
Puis, c’est la montée vers la Place d’Espagne, au pied du splendide escalier que la France a jadis offert à Rome. Et lorsque la foule se tait, les lectures imposent le recueillement. Dans son manteau rouge, Jean-Paul II écoute aussi la Voix de l’Apocalypse: saint Jean a vu la Femme couronnée de douze étoiles, la lune sous ses pieds. D’une voix haute et ferme, Jean-Paul II offre alors sa méditation sur le destin de la Mère de Dieu, icône del’Eglise, dans sa disponibilité toute pure à la volonté de salut du Dieu de Miséricorde.
Les fidèles lui répondent en sollicitant l’intercession de la Vierge. Le ciel romain, d’un doux bleu gris enveloppe la place du mystère du soir. Le recueillement de la foule est soudain interrompu par des applaudissements nourris: les Romains remercient Dieu pour les 24 ans de pontificat de leur évêque.
Après la bénédiction finale, donnée debout par le pape, la foule enthousiaste acclame son évêque, agglutinée aux barrières métalliques, aux balcons de l’ambassade d’Espagne, solennellement décorée, ou blottie autour de la Propaganda Fide que le pape vient d’évoquer en invitant à proclamer la Bonne Nouvelle du Salut Urbi et Orbi.
Jean-Paul II achève son pèlerinage romain en se recueillant en privé au pied de l’icône de la Vierge, Salus Populi Romani, Salut du Peuple Romain, l’antique icône de la Vierge protectrice de la Ville, précieusement conservée en la basilique Sainte Marie Majeure, au fond, à droite, dans la chapelle dédiée à Elle, et revêtue d’ors et de lapis lazzuli. Puis il rentre au Vatican, de l’autre côté du fleuve, entre les Murs du Palais apostolique où demain, il poursuit ses audiences et l’examen des dossiers: nominations, béatifications, visites ad limina, préparation des célébrations de Noël, des voyages: la Croatie est prévue pour le printemps, et l’Espagne.
Mais le prochain rendez-vous avec les Romains – en dehors des rendez-vous du mercredi et du dimanche – aura lieu place Saint-Pierre pour l’arrivée de l’arbre de Noël qui vient cette année de Croatie.