Ps 97: Le triomphe du Seigneur et sa venue finale

Audience du 6 novembre

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CITE DU VATICAN, Mercredi 13 novembre 2002 (ZENIT.org) – « Le triomphe du Seigneur et sa venue finale »: sous ce titre, L’Osservatore Romano en français (http://www.vatican.va) publie la traduction de l’italien du commentaire de Jean-Paul II sur le Ps 97, lors de l’audience générale du 6 novembre.

Lecture: Ps 97, 1.3.5-6

1. Le Psaume 97, qui vient d’être proclamé, appartient à un genre d’hymnes déjà rencontré au cours de l’itinéraire spirituel que nous accomplissons à la lumière du Psautier.

Il s’agit d’un hymne au Seigneur Roi de l’univers et de l’histoire (cf. v. 6). Il est défini comme un « chant nouveau » (v. 1), ce qui dans le langage biblique signifie un chant parfait, plein, solennel, accompagné par un ensemble musical de fête. En effet, outre le chant choral, on évoque « le son mélodieux » de la harpe (cf. v. 5), de la trompette et du cor (cf. v. 6), mais également une sorte d’applaudissement cosmique (cf. v. 8).

De façon répétée retentit ensuite le nom de « Yahvé » (six fois), évoqué comme « notre Dieu » (v. 3). Dieu se trouve donc au centre de la scène dans toute sa majesté, alors qu’il accomplit le salut dans l’histoire et qu’il est attendu pour « juger » le monde et les peuples (v. 9). Le verbe hébreu qui indique le « jugement » signifie également « gouverner »: c’est pourquoi on attend l’action efficace du Souverain de toute la terre, qui apportera la paix et la justice.

2. Le Psaume s’ouvre par la proclamation de l’intervention divine à l’intérieur de l’histoire d’Israël (cf. vv. 1-3). Les images de la « droite » et de « son bras de sainteté » renvoient à l’exode, à la libération de l’esclavage d’Egypte (cf. v. 1). L’alliance avec le peuple élu est, en revanche, rappelée à travers les deux grandes perfections divines: l' »amour » et la « fidélité » (cf. v. 3).

Ces signes de salut sont présentés « aux yeux des païens » et dans « tous les lointains de la terre » (vv. 2-3), pour que l’humanité tout entière soit attirée vers Dieu sauveur et s’ouvre à sa parole et à son oeuvre salvifique.

3. L’accueil réservé au Seigneur qui intervient dans l’histoire se distingue par une louange chorale: en plus de l’orchestre et des chants du temple de Sion (cf. vv. 5-6), l’univers y participe également, constituant une sorte de temple cosmique.

Les chanteurs de cet immense choeur de louange sont quatre. Le premier est la mer et son grondement, qui semble presque servir de basse permanente à cet hymne grandiose (cf. v. 7). La terre et le monde entier, avec tous ses habitants la suivent (cf. vv. 4.7), unis dans une harmonie solennelle. La troisième personnification est celle des fleuves qui, étant considérés comme les bras de la mer, semblent au rythme de leur flux battre des mains comme en un applaudissement (cf. v. 8). En dernier apparaissent les montagnes, qui semblent danser de joie devant le Seigneur, bien qu’étant les créatures les plus massives et les plus imposantes (cf. v. 8; Ps 28, 6; 113, 6).

Il s’agit donc d’un choeur immense qui n’a qu’un seul but: exalter le Seigneur, roi et juge juste. La fin du Psaume, comme on le disait, présente en effet Dieu qui « vient pour juger (et gouverner) la terre… en justice et en droiture » (Ps 97, 9).

Telle est la grande espérance de notre invocation: « Que ton règne vienne! », un règne de paix, de justice et de sérénité, qui recompose l’harmonie originelle de la création.

4. Dans ce Psaume, l’Apôtre Paul a reconnu avec une joie profonde une prophétie de l’oeuvre de Dieu dans le mystère du Christ. Paul a utilisé le verset 2 pour exprimer le thème de sa grande Epître aux Romains: dans l’Evangile, « la justice de Dieu s’est révélée » (cf. Rm 1, 17), « s’est manifestée » (cf. Rm 3, 21).

L’interprétation de Paul confère au Psaume une plus grande plénitude de sens. Lu dans la perspective de l’Ancien Testament, le Psaume proclame que Dieu sauve son peuple et que toutes les nations, en le voyant, sont remplies d’admiration. Dans la perspective chrétienne, en revanche, Dieu opère le salut dans le Christ, fils d’Israël; toutes les nations le voient et sont invitées à profiter de ce salut, car l’Evangile est « force de Dieu pour le salut de tout homme qui croit, du Juif d’abord, puis du Grec », c’est-à-dire du païen (Rm 1, 16). Désormais, « tous les lointains de la terre » ont non seulement « vu le salut de Yahvé » (cf. Ps 97, 3), mais l’ont reçu.

5. Dans cette perspective, Origène, écrivain chrétien du troisième siècle, dans un texte ensuite repris par saint Jérôme, interprète le « chant nouveau » du Psaume comme une célébration anticipée de la nouveauté chrétienne du rédempteur crucifié. Nous suivons donc son commentaire, qui mêle le chant du Psalmiste à l’annonce évangélique.

« Le Fils de Dieu qui a été crucifié est un cantique nouveau – quelque chose que l’on n’avait encore jamais entendue. Une réalité nouvelle doit avoir un un cantique nouveau. « Elevez au Seigneur un cantique nouveau ». Celui qui a souffert la passion est en réalité un homme; mais vous élevez un chant au Seigneur. Il a souffert la passion comme un homme, mais il a sauvé comme Dieu ». Origène poursuit: le Christ « a fait des miracles parmi les juifs: il a guéri des paralytiques, purifié des lépreux, ressuscité des morts. Mais d’autres prophètes le firent également. Il a transformé un petit nombre de pains en une multitude et il a donné à manger à un peuple infini. Mais Elysée fit cela lui aussi. Alors, qu’a-t-il fait pour mériter un cantique nouveau? Vous voulez savoir ce qu’il a fait de nouveau? Dieu est mort en tant qu’homme pour que les hommes aient la vie; le Fils de Dieu fut crucifié, pour nous emporter jusqu’au ciel » (74 homélies sur le Livre des Psaumes, Milan 1993, pp. 309-310).
© L’Osservatore Romano

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ZENIT Staff

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