ROME, Mercredi 28 mars 2007 (ZENIT.org) – Le concert, à Rome, de « La Passion selon Matthieu » de l’évêque orthodoxe russe de Vienne et d’Autriche, Hilarion Alfeïev, constitue un « événement extraordinaire » pour le cardinal Paul Poupard, président du conseil pontifical de la Culture.
Le cardinal Poupard a présenté ce matin à la presse cet événement sans précédent qui aura lieu demain soir à l’auditorium de la Conciliazione, à deux pas de la place Saint-Pierre, en sa présence et en présence du cardinal Walter Kasper, président du conseil pontifical pour la Promotion de l’Unité des chrétiens.
Cette « Passion » du XXIe siècle sera interprétée par le Chœur de la Galerie Tretiakov (cf. http://www.tretyakovchoir.ru) et par l’orchestre symphonique Piotr Tchaïkovski, sous la direction du maestro Vladimir Fedoseïev. La transmission en direct sera assurée par le Centre télévisuel du Vatican.
La première représentation a eu lieu mardi soir au Conservatoire de Moscou, en présence du patriarche Alexis II et, après un temps de recueillement provoqué par la représentation musicale du Mystère, l’auditoire a fait un triomphe à l’œuvre, au compositeur et aux interprètes, a souligné au cours de la conférence de presse le chef du Choeur.
Cette œuvre, composée à l’automne 2006, est en effet une composition monumentale pour solistes, chœur et orchestre, divisée en six tableaux, et 48 moments musicaux, le récit de saint Matthieu étant proclamé par un diacre, selon la tradition de l’Eglise orthodoxe. Les textes de l’œuvre sont tirés de la liturgie orthodoxe de la Semaine sainte.
Le cardinal Poupard a souligné que ce concert constitue une « belle et importante étape sur le chemin de préparation à Pâques » d’autant plus significative que cette année, par une « heureuse coïncidence », la date de la Pâque orthodoxe et de la Pâque catholique est la même (les deux traditions suivant respectivement le calendrier Julien et le calendrier Grégorien).
Ce sera, disait encore le cardinal français « un moment significatif de rencontre et de connaissance réciproque, dans un dialogue confiant ».
Le cardinal Poupard a également replacé cet événement musical dans le cadre d’une « collaboration culturelle et artistique » déjà mise en route, comme l’ont manifesté le symposium de mai 2006 « Donner une âme à l’Europe », ou l’exposition des artites russes qui vient de se conclure au siège de ce conseil pontifical.
Le cardinal Poupard soulignait en outre « l’intérêt croissant suscité par le patrimoine artistique et liturgique » des Eglises, ce qui manifeste aussi l’importance de la « Voie de la Beauté » comme « itinéraire privilégié vers la Beauté du Christ ».
Tel était d’ailleurs le thème de l’assemblée plénière de ce dicastère. Le volume recueillant les interventions de cette assemblée vient de paraître en plusieurs langues dont le français.
Pour sa part, l’évêque Innocent de Chersonnèse – dont la sollicitude pastorale s’étend aux orthodoxes russes de 5 pays, d’Europe : la France, la Suisse, l’Espagne, le Portugal et l’Italie – a souligné, toujours dans le cadre de cette conférence de presse au siège du conseil pontifical, sa « grande satisfaction » à la veille de ce « grand événement culturel » dans lequel il voit un « signe très positif qui met en lumière le développement des relations » entre les deux Eglises.
Il s’agit d’une « étape » d’une « grande signification spirituelle », alors que les deux Eglises célèbrent cette année « la Pâque du Seigneur, ensemble », et vivront ensemble « la Semaine de la passion du Seigneur » dans « les monastères, les paroisses, les églises » du monde entier, « sans différence » quelles que soient les Eglises auxquelles on appartient.
Un tel événement, ajoutait l’évêque russe, est un signe de « proximité spirituelle » et il « témoigne positivement de ce que sera le développement futur de nos relations » : cela constitue une « grande responsabilité » reçue à la fois « de Dieu et de nos Eglises ». Il citait à ce propos les déclarations dans le même sens de Benoît XVI et Alexis II.
« Il est très important de se donner une ligne d’échanges culturels entre nos deux Eglises », insistait l’évêque Innocent.
Il soulignait la spécificité de la voie musicale, car les sentiments inspirés par la musique de l’évêque Hilarion aident les chrétiens à « mieux se comprendre ».