Les jésuites espèrent pouvoir retourner bientôt en Chine

Ils vivent « le temps de l’attente », affirme le supérieur général

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ROME, Mercredi 9 janvier 2008 (ZENIT.org) – Les jésuites vivent « le temps de l’attente », espérant pouvoir retourner bientôt en Chine, où ils ont été présents depuis les origines de la Congrégation.

C’est ce qu’a affirmé le supérieur général de la Congrégation, le père Peter-Hans Kolvenbach s.j., dans un entretien à L’Osservatore Romano, publié le 5 janvier dernier.

Le P. Kolvenbach a présenté sa démission, acceptée par Benoît XVI, pour raison d’âge (il aura 80 ans cette année), mais il continuera à être membre de la Congrégation.

Ce lundi s’est ouverte à Rome la 35ème Congrégation générale de la Compagnie de Jésus qui sera notamment chargée d’élire le successeur du P. Kolvenbach.

225 jésuites dont 217 électeurs, participent aux travaux de l’assemblée. Parmi les délégués, 18 viennent d’Afrique, 40 d’Amérique latine, 64 d’Asie et d’Australie, 69 d’Europe et 34 d’Amérique du Nord.

En choisissant le nouveau supérieur général, affirme le P. Kolvenbach, la Compagnie de Jésus « dit ce qu’elle attend pour son avenir : un prophète ou un sage, un innovateur ou un modérateur, un contemplatif ou un actif, un homme de pointe ou un homme d’union ».

La Congrégation générale, a-t-il ajouté « commence par faire un bilan de la situation actuelle, avec un discernement sur ce qui, dans la Compagnie, constitue des lumières ou plutôt des ombres dans son service à l’Eglise et au monde. C’est de ce bilan que doit naître ‘l’étincelle’ : voilà le jésuite dont nous avons besoin pour aller de l’avant sur le chemin de Dieu ».

Le fil conducteur, qui lie tous les jésuites, même s’ils oeuvrent dans des contextes divers et dans différentes parties du monde, est la mission, a observé le supérieur général.

« Ceci comporte une présence aux frontières, qui, il fut un temps, étaient davantage les frontières géographiques du christianisme ; aujourd’hui ce sont plutôt les frontières entre Evangile et culture, entre foi chrétienne et science, entre Eglise et société, entre la ‘bonne nouvelle’ et un monde troublé et bouleversé ».

« Selon les exigences de cette mission, il y aura toujours une incroyable variété de choix et d’œuvres apostoliques, mais dans chacun d’eux seront réunies les trois responsabilités : annoncer la parole de Dieu, partager la vie du Christ, témoigner de la charité que l’Esprit suscite et nourrit ».

Sur le thème de la mission, le P. Kolvenbach a souligné en particulier l’annonce de l’Evangile en Chine, où les jésuites sont présents depuis les origines de la Compagnie, « depuis le rêve de saint François Xavier, en passant par la merveilleuse activité apostolique de Matteo Ricci et de ses compagnons ».

« Ils ont réussi à annoncer le Christ avec le langage de la culture et de la mentalité chinoise, en surmontant les préjugés et les sentiments de supériorité européens », a rappelé le P. Kolvenbach.

Cette tradition pousse les membres de la Compagnie de Jésus à ne pas détacher leur regard de la Chine, au point que la Congrégation « n’a jamais renoncé au désir de servir le peuple chinois dans ses aspirations spirituelles ».

Pour cette raison, lorsqu’en 1949 les jésuites ont été expulsés de Chine, beaucoup d’entre eux sont restés dans les pays voisins, attendant une opportunité pour retourner en Chine.

« Pour la Compagnie de Jésus, à part une présence actuelle très modeste, c’est encore le temps de l’attente, a-t-il confessé. L’attente et l’espoir que les efforts du Saint-Siège pour renouer les relations avec la Chine nous permettent de retrouver une mission particulièrement liée à l’histoire de la Compagnie ».

Evoquant le thème du dialogue interreligieux, le supérieur général a affirmé que pour qu’un dialogue soit possible il est nécessaire de « commencer par un respect mutuel sincère qui aille au-delà de la pure courtoisie ».

Sans cela, a-t-il dit, « il n’y aura pas de dialogue, tout au plus, une confrontation ».

Un deuxième pas, a-t-il ajouté, a été soulevé par Jean-Paul II lorsqu’il parlait du « dialogue de la vie », c’est-à-dire de « partager les désirs et les problèmes de toute communauté humaine ».

Le P. Kolvenbach est convaincu que dans ce climat de partage des désirs et de recherche de solutions peut naître « un dialogue religieux avec un échange d’expériences spirituelles et de pratiques religieuses dans lesquelles on retrouve des sentiments religieux authentiques malgré les divergences évidentes ».

Il y a « enfin le dialogue religieux fondé sur les éléments théologiques des deux religions », « réservé aux théologiens », a-t-il poursuivi.

Dans le cas du dialogue avec les musulmans, a-t-il expliqué, les théologiens devraient « s’arrêter respectueusement devant un problème insoluble : la foi des chrétiens dans la Sainte Trinité ne peut se réduire à la formulation d’un monothéisme pur comme celui qui est professé par l’islam ».

Cette difficulté théologique, a-t-il conclu, ne devrait pas, toutefois, constituer un obstacle au dialogue de la vie « car aussi bien les chrétiens que les musulmans ont un véritable sens religieux de la vie et partagent la conviction que ‘l’homme ne vit pas seulement de pain’ ».

Roberta Sciamplicotti/Gisèle Plantec

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ZENIT Staff

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