ROME, Mardi 16 septembre 2008 (ZENIT.org) – Padre Pio de Pietrelcina a reçu en 1918 les stigmates de Jésus Crucifié qui lui est apparu pour l’inviter à s’unir à sa Passion et participer au salut des frères, et en particulier des personnes consacrées.
C’est ce que nous apprenons aujourd’hui avec certitude grâce à l’ouverture récente, réalisée à la demande du pape Benoît XVI, des archives de l’ancien Saint Office allant jusqu’à l’année1939, où sont conservées les révélations secrètes du frère capucin concernant des faits et des phénomènes jamais racontés à personne.
Ces révélations sont contenues dans le livre Padre Pio sotto inchiesta. L’«autobiografia segreta», (Enquête sur padre Pio. L’« autobiographie secrète ») préfacé par Vittorio Messori, introduit et dirigé par don Francesco Castelli, historien de la postulation pour la cause de béatification de Jean-Paul II et professeur d’Histoire de l’Eglise moderne et contemporaine à l’ISSR « Romano Guardini » de Tarente, en Italie.
Jusqu’à aujourd’hui, on pensait en effet que padre Pio, par pudeur ou se jugeant peut-être indigne des charismes extraordinaires reçus, n’avaient jamais voulu révélé à quiconque ce qui s’était passé le jour où il reçut les stigmates.
Une seule allusion à cela se trouve dans une lettre envoyée à son directeur spirituel, le père Benedetto da San Marco in Lamis, quand il parle de l’apparition devant lui d’un « mystérieux personnage » mais sans toutefois en dévoiler les détails.
Ce livre, qui rapporte pour la première fois la version intégrale de l’exposé écrit à la main, que Mgr Raffaello Carlo Rossi, évêque de Volterra et visiteur apostolique, chargé par le Saint Office de « se renseigner » secrètement sur padre Pio, finit par révéler que, le jour où il a reçu les stigmates, le saint du Gargano a également eu un entretien avec Jésus Crucifié.
Une seconde source autobiographique de padre Pio, certifiée sous serment, accompagne donc sa correspondance, fournissant les justes clefs de lecture pour connaître la personnalité et la mission de « prêtre associé à la Passion du Christ » du frère capucin.
Appelé à répondre en prêtant serment sur l’Evangile, très peu de temps après l’apparition des phénomènes mystiques, padre Pio révèle pour la première fois l’identité de celui qui lui a donné les stigmates.
Nous sommes le 15 juin 1921, il est un peu plus de 17h00. Padre Pio, interrogé par l’évêque, répond : « Le 20 septembre 1918 après la célébration de la messe, alors que je m’étais attardé pour, comme il se doit, rendre grâce à Dieu au pied de l’autel, je fus saisi d’un grand tremblement auquel succéda un apaisement, puis je vis devant moi N. S. [Notre Seigneur] dans une attitude rappelant celle d’un homme en croix ».
« Je n’ai pas remarqué s’il y avait la Croix ou non. Il se plaignait que les hommes, en particulier ceux qui Lui sont consacrés et qui reçoivent de lui davantage, ne répondent pas comme ils le devraient ».
« A partir de ce moment-là, poursuit-il, on voyait qu’il souffrait et souhaitait associer des âmes à sa Passion. Il m’invitait à me laisser envahir par ses souffrances et à les méditer »
« A la suite de quoi je me suis senti plein de compassion pour les souffrances du Seigneur et lui ai demandé ce que je pouvais faire », ajoute-t-il.
« J’entendis cette voix : ‘Je t’associe à ma Passion’. Puis la vision a disparu, je suis revenu à moi, j’ai retrouvé ma raison, et j’ai vu ces signes d’où s’écoulaient du sang. Avant je n’avais rien ».
Padre Pio révèle donc qu’il n’a pas reçu les stigmates sur une demande personnelle de sa part mais sur invitation du Seigneur qui, se plaignant de l’ingratitude des hommes, en particulier des consacrés, lui avait confié cette mission, comme sommet d’un chemin de préparation intérieur et mystique.
Par ailleurs, l’auteur du livre explique que le thème de l’ingratitude des hommes, en particulier de ceux qui avaient reçu le plus de Dieu, n’est pas nouveau dans les révélations privées du capucin.
Interrogé par ZENIT, don Francesco Castelli estime que le fait que padre Pio n’ait pas demandé ces stigmates est « un aspect décisif ».
« Cela nous fait comprendre toute la mesure de cette liberté et humilité qui habitaient le capucin », qui ne montre aucun intérêt à faire connaître ses plaies.
« L’humilité de padre Pio transparaît aussi dans la réaction qu’il a eue, après s’être ressaisi, en voyant les signes de la Passion imprimés dans sa chair, a souligné l’historien. En effet, dans son entretien avec l’évêque, une fois que la scène mystique est terminée, il n’y revient plus ».
Des conversations avec padre Pio, de sa correspondance, des témoins interrogés par Mgr Rossi, et même de son propre récit, on a l’impression que cela lui déplaît de porter les signes de la Passion, qu’il essaie de les dissimuler et qu’il souffre de devoir les montrer à chaque demande insistante du visiteur apostolique.
La blessure au côté et la sixième plaie du patibulum crucis
Le livre rapporte ensuite les conclusions de Mgr Rossi sur la reconnaissance des stigmates de padre Pio, qu’il a lui-même effectuée et dont on ne connaît qu’une partie, des conclusions qui s’avèrent porteuses de grandes nouveautés, notamment pour ce qui est de la morphologie de la blessure sur le côté et la présumée sixième plaie de l’épaule.
Dans son exposé, le visiteur apostolique révèle que les blessures de padre Pio ne suppuraient pas, ne se refermaient pas et ne cicatrisaient pas. Elles restaient inexplicablement ouvertes et sanguinolentes ».
« La description de Mgr Rossi concernant le stigmate sur le côté, a déclaré don Castelli à ZENIT, est très différent des stigmates de ceux qui les ont eus avant lui et de ceux qui les ont eus après lui. Le stigmate n’apparaît pas sous la forme d’une croix à l’envers ou oblique, mais comme une ‘plaque triangulaire’ aux contours très nets ».
Dans le procès verbal de l’examen, l’évêque de Volterra, contrairement à ce que les autres médecins avaient relevé, affirme qu’ « il n’y a aucune ouverture, coupure ou blessure », auquel cas « on peut légitimement supposer que le sang sort par exsudation », autrement dit, explique don Castelli, qu’il s’agit d’une « substance sanguine qui s’écoule en raison d’une hyperperméabilité des parois vasculaires ».
« Ce qui parle en faveur de son authenticité, a expliqué l’historien, car l’acide phénique qui, selon certains serait utilisé par padre Pio pour provoquer les plaies, une fois appliqué finit pas user les tissus et enflammer les zones environnantes ».
« Il est impossible de penser que padre Pio ait pu produire sur lui de telles blessures aux contours si nets, pendant 60 ans et de manière constante », a commenté don Castelli.
« Par ailleurs, ses plaies dégageaient un intense parfum de violette et non l’odeur fétide habituelle des plaies en voie de décomposition, nécrosées, ou infectées ».
Autre élément saillant, le fait que padre Pio ait confessé ouvertement qu’il n’avait aucun autre signe visible de la Passion sur lui si ce n’est ceux sur ses mains, sur ses pieds et au côté, excluant ainsi toute existence d’une plaie à la hauteur de l’épaule où Jésus portait sa croix, dont parle une prière attribuée à saint Bernard.
L’existence de cette plaie avait été envisagée en particulier sur la base de révélations faites à ce sujet par le cardinal Andrzej Maria Deskur qui, lors d’une interview, avait parlé d’une rencontre, à San Giovanni Rotondo, en avril 1948, entre le futur pape Karol Wojtyla et le frère stigmatisé.<
/p> Mirko Testa