CITE DU VATICAN, Mercredi 3 juillet 2002 (ZENIT.org) – Au Manipur, les prêtres catholiques continuent leur mission malgré l’insécurité ambiante, indique la revue des Missions étrangères de Paris (MEP), Eglises d’Asie (EDA, eglasie.mepasie.org) dans son édition du 1er juillet.
Rappelons que l’intention de prière missionnaire de Jean-Paul II pour le mois ce mois de juillet est: « Afin qu’il ne soit pas défendu aux chrétiens de l’Inde de professer publiquement leur foi et annoncer librement l’Evangile ».
A leurs risques et périls, malgré la mort de plusieurs de leurs confrères au cours de ces dernières années, les prêtres du Manipur continuent leur travail pastoral dans les zones dangereuses de la vallée, rapporte EDA. Leurs rencontres avec les insurgés sont loin d’être rares. Le 15 juin dernier, trois jeunes gens armés ont arrêté le P. K.C. George de la paroisse Saint Paul à Pallel, alors qu’il se rendait dans le village de Chayang, situé à 50 km. d’Imphal, pour y célébrer la messe. Le menaçant de leurs fusils, ils lui ont demandé de les conduire à un endroit situé à 5 km. environ de leur point de rencontre. Au cours du voyage, le P. George a pu engager une longue conversation avec eux.
Plus tard, le prêtre a expliqué au représentant de l’agence SAR News qu’il était bien obligé de “ faire avec ” les militants séparatistes de la vallée et qu’il les avait invités poliment à prendre place dans sa jeep. La voiture étant encombrée par du matériel cinématographique emporté en vue d’une projection de film dans l’après-midi, le prêtre s’est excusé, dans l’idiome local, pour le manque de place. Constatant qu’il utilisait avec facilité une langue du Manipur, les deux militants se sont adoucis et ils ont demandé au prêtre d’emprunter des routes détournées de peur de rencontrer des militaires gouvernementaux sur la route principale.
Le P. George a avoué avoir ressenti une peur intense à la pensée de ses confrères, fusillés par des militants indépendantistes il y a un peu plus d’un an, le 15 mai 2001. Il s’est également souvenu du P. Tomy Manjalil, également victime d’une agression de ce type, encore en train de se soigner dans son Kerala natal. Il a prié pour la conversion des meurtriers et la sécurité de tous ses confrères. Le prêtre a également révélé qu’il a longuement exposé à ses hôtes la doctrine du christianisme et la particulière convenance de cette religion avec la culture des populations autochtones du Manipur. Lorsque les jeunes gens ont entendu le prêtre leur dire qu’il avait servi la population du Manipur pendant plus de 37 ans, ils lui ont fait part de leur admiration. Ils sont descendus de voiture et ont quitté le prêtre dans un des villages traversés.
Une grande partie du territoire du Manipur est contrôlée par les rebelles et les forces de sécurité gouvernementales, peu nombreuses, ne peuvent pas grand chose contre les militants indépendantistes, bien équipés et bien armés. Aussi bien les incidents ne manquent pas. Il y a quelques semaines, à l’heure de la célébration de la messe dominicale dans la paroisse de Suignu, des rebelles en uniforme et armés sont entrés dans la sacristie, ont appelé le prêtre, le P. Mark Thangkhan Ai, et lui ont demandé la clé de la jeep de la paroisse, où ils étaient entrés en démolissant un mur. La voiture a été rendue à la paroisse au bout de trois jours mais le diocèse a dû dépenser vingt mille roupies pour la remettre en état.
Le même incident s’est produit à la paroisse de Kholian où la jeep a été prise de force et rendue au bout de cinq jours. “ Si nous n’obtempérons pas, a dit le curé de paroisse, ils nous menacent de mort. Si nous les laissons faire, les forces de sécurité nous accusent de coopération avec les rebelles. ”
Les prêtres catholiques du Manipur, spécialement ceux qui travaillent dans des établissements scolaires continuent d’être confrontés à des demandes diverses et à des tentatives d’extorsion de fonds de la part de la rébellion, explique EDA. Tant qu’il ne s’agit que d’emprunts de voitures ou d’aides financières modestes, la situation reste tolérable. Lorsque les demandes portent sur des sommes qui peuvent atteindre de trente à cinquante mille roupies, cela crée une tension génératrice de troubles et d’insécurité.