Inde : Campagne de conversion de jeunes femmes à l’islam ?

Inquiétude de l’Eglise et des autorités

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ROME, Mardi 13 octobre 2009 (ZENIT.org) – Dans le sud de l’inde, dans l’Etat du Kerala, l’Eglise catholique et les autorités publiques s’inquiètent d’une possible campagne visant à convertir à l’islam de jeunes femmes de religion chrétienne ou hindoue, indique aujourd’hui « Eglises d’Asie », l’agence des Missions étrangères de Paris (MEP).

L’affaire est arrivée devant la justice au mois de septembre dernier : depuis quelques semaines, un tribunal juge deux jeunes musulmans auxquels il est reproché d’avoir séduit pour les convertir deux jeunes femmes, l’une chrétienne et l’autre hindoue. Les deux jeunes femmes en question et leurs familles se sont portées parties civiles. Le cas est jugé suffisamment grave et non exceptionnel pour que les autorités publiques ordonnent une enquête approfondie sur ce phénomène et que l’Eglise catholique mette en garde ses fidèles contre de telles pratiques.

Devant les juges de la Haute Cour du Kerala, les deux jeunes femmes, étudiantes dans une école de commerce, ont raconté comment elles avaient été séduites par deux jeunes musulmans, qui, une fois assurés de la profondeur des sentiments des deux jeunes femmes envers eux, n’ont pas hésité à les demander en mariage, puis à les séquestrer pour tenter de les convertir de force à l’islam. La presse locale s’est emparée de l’affaire, qu’elle décrit comme « le djihad de l’amour », et multiplie les enquêtes sur le sujet.

Les autorités s’intéressent, elles aussi, à l’affaire et c’est la police qui a permis de retrouver les deux jeunes femmes dont la disparition avait été signalée par leurs parents. Présentes au tribunal, les deux femmes ont été autorisées à regagner le toit familial, tandis que les juges rejetaient une demande de remise en liberté sous caution des deux accusés. Selon l’enquête de police, les deux jeunes musulmans étaient proches du Campus Front, une organisation étudiante issue du Popular Front of India, fédération d’associations musulmanes.

Le 30 septembre, les juges ont demandé à la police du Kerala ainsi qu’aux autorités fédérales de pousser plus avant les investigations au sujet du « djihad de l’amour ». Le tribunal a ainsi demandé au ministère fédéral de l’Intérieur une estimation du nombre des jeunes femmes mariées ces trois dernières années au titre de ce « djihad de l’amour ». Une enquête au Kerala même a par ailleurs été diligentée afin d’évaluer l’ampleur du phénomène. Selon le Times of India, un des juges du tribunal, K. T. Shankaran, estime que l’affaire qu’il a à juger n’est que l’aspect émergé de l’iceberg. Le policier responsable de l’enquête, K. S. Gopakumar, a déclaré que « le djihad de l’amour » est « un mouvement organisé doté d’un large réseau chargé de repérer et d’attirer à lui de jeunes femmes, de les mettre enceintes et de les abandonner ensuite ». « C’est un mouvement très dangereux qui vise à déstabiliser l’harmonie intercommunautaire », a-t-il ajouté.

Au Kerala, qui présente la particularité de compter de très fortes minorités chrétienne (19 % des 31,8 millions de Keralais) et musulmane (24 %) aux côtés de la majorité hindoue (56 %), les responsables religieux se sont saisi de l’affaire. Selon le Conseil mondial hindou (VHP, Vishwa Hindu Parishad), organisation nationaliste hindoue, 4 000 jeunes femmes sont tombées victimes de ce « djihad de l’amour » – la police va plus loin et évoque le chiffre de 8 000 victimes. Des organisations de l’extrême droite hindoue ont lancé des campagnes d’information pour dénoncer le phénomène.

Pour les responsables du Popular Front of India, le procès et les accusations qui fleurissent dans les médias sont injustes. Selon Naseeruddin Elamaram, avocat et l’un des dirigeants du Front, « se convertir n’est pas un crime ». « Les conversions au christianisme et à l’hindouisme existent bien. Il n’est pas possible de décrire une idylle amoureuse pour en faire un cas de conversion forcée mené à des fins extrémistes », explique-t-il.

Au sein de l’Eglise catholique au Kerala, le dossier est suivi avec une grande attention. « Il est très important que l’Eglise soit en alerte face à un tel mouvement, potentiellement porteur de menaces pour la paix et l’harmonie entre les communautés », déclare le P. Johny Kochuparambil, secrétaire de la Commission pour l’harmonie sociale des évêques catholiques du Kerala. Avant même l’issue du procès, la commission épiscopale a fait distribuer dans toutes les paroisses et institutions éducatives catholiques une brochure afin d’informer parents et enseignants et de les inviter à « protéger » les étudiantes de sexe féminin. Tous sont invités à garder un œil sur l’activité de ces jeunes, notamment l’usage que les jeunes filles et femmes peuvent faire du téléphone portable et d’Internet.

Ces dernières années, le Kerala a été très largement épargné par les phénomènes d’extrémisme religieux tels qu’ils ont pu être constatés dans d’autres Etats de l’Union indienne, notamment dans sa moitié nord. Toutefois, des affrontements se sont produits, notamment entre hindous et musulmans. A l’égard des chrétiens, les épisodes de violence ont visé jusqu’à présent des cibles matérielles et rarement des personnes. Toutefois, très récemment, en août dernier, il n’a pas échappé à l’attention de l’opinion publique qu’un groupe terroriste islamique basé hors d’Inde, le Lashkar-e-Taiba, a promis des attentats si un Etat musulman indépendant n’était pas créé dans la partie nord du Kerala, région où vit la plus grande partie de la minorité musulmane keralaise.

© Les dépêches d’Eglises d’Asie peuvent être reproduites, intégralement comme partiellement, à la seule condition de citer la source.

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ZENIT Staff

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