ZENIT – Vingt ans après la chute du Mur, comment vit-on aujourd’hui dans votre région ? Et quelle est la situation de l’Eglise ?
Card. Sterzinsky – L’euphorie provoquée par la chute du Mur est passée. Je ne me suis jamais attendu à ce que les églises se remplissent, même si c’est ce qu’ont toujours pensé mes confrères des anciens Länder. J’ai toujours répondu que dans leurs diocèses les églises ne sont finalement pas si pleines non plus. En Allemagne de l’est nous avons toujours vécu dans la diaspora et je ne pense pas qu’au temps de la RDA, les gens aient pu décider de ne pas se faire baptiser par peur des persécutions.
Beaucoup ont sûrement attendu de l’Allemagne réunifiée des choses qui ne se sont pas réalisées. En repensant à la RDA, beaucoup estiment, à tort, que l’on y vivait bien. Même si depuis, l’est et l’ouest se sont développés au même rythme dans divers domaines, à mon avis il y a encore des différences fondamentales. Ceux qui ont grandi dans les anciens Länder, sont plus individualistes dans leur manière de penser et de se présenter. Les personnes qui viennent d’Allemagne de l’Est ont, au contraire, une manière de sentir et de penser plus collective, comme avant. Il s’agit d’un autre goût de vivre.
Propos recueillis par Serena Sartini