ROME, Vendredi 19 février 2009 (ZENIT.org) – La question de l’immigration, loin de toute instrumentalisation de partis, doit redevenir une priorité des politiques locales, déclarent en Italie la Commission épiscopale pour les migrations ( CEMI) et la Fondation Migrantes dans un communiqué diffusé au terme d’une réunion centrée sur les divers aspects de la situation des migrations en Italie, le 15 février dernier.
La CEMI et la Fondation Migrantes souhaitent que « les prochaines élections administratives soient une occasion importante pour que des thèmes comme la justice sociale et l’intégration, reviennent au cœur des programmes et des politiques locales, évitant que la question de l’immigration ne soit utilisée de façon idéologique à des fins électorales ».
A propos d’une récente affaire survenue à Rosario, en Italie, lorsque des immigrés ont réagi avec violence à une agression de la part d’habitants du lieu, les deux institutions relèvent que « l’absence des institutions sur le territoire, tout comme de la justice et la carence de projets politiques et sociaux, encouragent l’exploitation des immigrés, en situation régulière ou irrégulière, et sont sources de conflits sociaux ».
« Du sud au nord, pour arriver aux événements de Milan, poursuit le communiqué, l’exclusion sociale, la ghettoïsation des immigrés, le manque de projet d’intégration provoquent des heurts entre ethnies et font monter les tensions ».
Les deux institutions font également part de leur inquiétude devant « le démantèlement répété de camps de nomades dans de nombreuses villes et villages d’Italie. La situation déjà difficile d’une minorité de notre pays qui attend encore d’être reconnue, la moitié constituée d’enfants, dont les droits fondamentaux ne sont pas protégés : santé, école, participation sociale ».
« Les évacuations, poursuit le communiqué, sans un projet précis qui protège les familles nomades et leurs enfants, constituent une atteinte aux droits des personnes et des familles, et un nouveau motif pour exacerber les relations entre les personnes concernées ».
Pour ce qui est du rapport entre l’immigration et la criminalité, la CEMI et la Fondation Migrantes ont réaffirmé ce qu’avait dit le secrétaire de la Conférence épiscopale italienne, Mgr Mariano Crociata, en présentant le 29 janvier dernier le communiqué final du dernier conseil épiscopal permanent, à savoir qu’« il n’existe aucune coïncidence entre l’immigration et la criminalité », et que « chaque criminalisation préjudicielle des immigrés est donc incorrecte et fausse ».
Le communiqué cite ensuite une recherche présentée le 6 octobre 2009 à Rome sur « La criminalité des immigrés : données, interprétations et préjugés », réalisée par l’équipe du Dossier statistique immigration Caritas-Migrantes et par l’Agence « Redattore Sociale ».
Dans le dossier Caritas/Migrantes 2009, il est dit, « en extrapolant les plaintes portées contre des auteurs connus et faisant la comparaison entre italiens et le nombre effectif des immigrés, selon les âges, on obtient le même degré de criminalité entre italiens et étrangers résidants ».
Par ailleurs, poursuit le communiqué, « sur la base des chiffres fournis par le Ministère de l’intérieur, département de la sécurité publique, publiés dans L’Osservatore Romano sur les migrations, à l’initiative conjointe entre la chambre de commerce et la province de Rome, il s’avère qu’en 2008 la criminalité des étrangers a diminué de 7,6% dans le Latium et de 15,3% dans la province de Rome, bien que la population étrangère de ces territoires ait augmenté de près de 15% ».
Enfin, la CEMI et la Fondation Migrantes souhaitent « un engagement éducatif et social de la part des mouvements laïcs catholiques, afin que cette question de l’immigration soit au centre de l’intérêt commun et de la vie de nos villes ».