ROME, Mercredi 23 juin 2010 (ZENIT.org) – Le climat de tension qui prévaut entre la Corée du nord et la Corée du sud exige de nouvelles voies favorisant le dialogue et la réconciliation, souligne le président de la conférence épiscopale coréenne et évêque de Cheju, Mgr Peter Kang, dans un entretien à l’agence Fides.
« La guerre serait une tragédie effroyable, que nous voulons tous conjurer, en utilisant le moyen le plus puissant et le plus efficace que nous ayons : la prière », affirme-t-il.
Dans cet entretien, Mgr Kang affirme craindre une « catastrophe humanitaire éminente au nord » et un « risque de guerre ».
Le gouvernement nord coréen a bloqué l’arrivée des aides. Et bien qu’il soit difficile d’obtenir des informations directes, les ONG parlent d’une tragédie humanitaire éminente.
Caritas Corée, par exemple, « ne peut rien faire et toutes ses activités d’aide vers le nord sont bloquées ».
« C’est une situation d’impasse que l’on ne connaissait pas depuis des décennies, souligne l’évêque. Notre préoccupation est de sauver les civils innocents et les groupes les plus vulnérables, comme les enfants ».
Les évêques, ainsi que d’autres représentants de communautés religieuses, ont demandé officiellement au gouvernement sud coréen de reprendre l’envoi des aides humanitaires au nord.
« Ce geste manifesterait la volonté d’aider tous nos frères nord coréens qui souffrent de faim et de pauvreté : cela pourrait également avoir un effet positif sur le gouvernement du nord », souligne Mgr Kang.
Dans cette phase de tension extrême, « trouver de nouvelles voies pour relancer le dialogue et promouvoir la réconciliation, devient urgent », affirme-t-il.
Déjà en 2008, le gouvernement du président Lee avait suspendu plusieurs activités de coopération qui avaient été réactivées sous le gouvernement précédent, avec des aides économiques à divers niveaux.
La crise commencée en mars suite au naufrage du navire sud-coréen Cheonan torpillé par un engin, semble-t-il, d’origine nord-coréenne a aggravé la situation, portant à la fermeture totale des frontières.
Depuis, les aides humanitaires ont été interrompues et la peur et les sentiments d’hostilité se sont répandus dans tout le pays, qui souffre également d’une recrudescence de la violence, explique l’évêque.
Pour Mgr Kang, « il est urgent d’arrêter cette spirale qui s’auto-alimente, et d’essayer de trouver de nouvelles voies et de nouveaux moyens pour réactiver le dialogue ».
Il souligne que le dialogue direct avec le nord « est très difficile », en raison tout d’abord de « la tension qui s’est créée au niveau du gouvernement et dans la société », mais aussi parce que le nord « est un interlocuteur sui generis, qui ne répond à aucun critère conventionnel ».
« C’est pourquoi il est fondamental qu’il y ait un dialogue indirect, au travers d’autres pays, comme la Chine, qui peuvent avoir une influence déterminante sur Pyongyang », relève-t-il, ainsi qu’ « une plus grande implication des institutions internationales comme l’ONU ».
Quant à la fonction de l’Eglise, l’évêque souligne que « dans une situation aussi délicate, les responsables religieux continuent à proclamer un seul mot : réconciliation ».
« Nous continuerons à sensibiliser l’opinion publique coréenne, qui est aujourd’hui divisée entre ceux qui comprennent l’importance de désamorcer la tension et de donner un nouvel espace au dialogue, et ceux qui ressentent encore beaucoup d’hostilité et ne voudraient pas, comme on dit, ‘tendre une main à ceux qui nous attaquent’ ».
Dans ce contexte incertain, tous les diocèses coréens sont revenus célébrer dimanche dernier 20 juin, jour de la fin de la guerre civile en 1953, la Journée de prière pour la réconciliation et l’unité du peuple coréen, lancée par les évêques coréens.
Cette année, la Journée avait pour thème « Heureux les artisans de paix car ils seront appelés Fils de Dieu » (Mt 5,1).
Les catholiques se sont unis en prière et ont jeûné pour la paix en Corée du Nord et Corée du sud, et les évêques ont demandé à toutes les Eglises du monde de s’unir à eux dans la prière universelle pour un avenir de paix dans la péninsule coréenne.