ROME, Dimanche 17 octobre 2010 (ZENIT.org) – « Un moment de vraie beauté capable d’élever l’esprit » : c’est en ces termes que le pape Benoît XVI a salué l’exécution « excellente » du Requiem de Verdi, samedi soir, au Vatican, par le maestro Enoch Zu Guttenberg à la tête du Chœur de Neubeuern et de l’orchestre Klang-Verwaltung.
Le pape s’est adressé à l’assemblée en allemand et en italien à l’issue du concert, pour remercier le chef d’orchestre et les musiciens, et pour évoquer les sentiments exprimés dans cette œuvre extraordinaire par Giuseppe Verdi qui se disait « un peu athée ».
Le pape voit au contraire dans cette œuvre « un grand appel au Père éternel dans la tentative de dépasser le cri du désespoir devant la mort ». Verdi y exprime « toute la gamme des sentiments humains devant la mort ».
Le pape a rappelé que Verdi (1813-1901) a composé cette messe de requiem en 1873 à l’occasion de la mort de l’écrivain Alessandro Manzoni que Verdi, a souligné le pape, admirait et pour qui il avait une forme de vénération.
« Dans l’esprit du grand compositeur, a souligné le pape, cette œuvre devait être le sommet, le moment final de sa production musicale. Ce n’était pas seulement un hommage à un grand écrivain, mais aussi la réponse à une exigence artistique intérieure et spirituelle que la confrontation avec la stature humaine et chrétienne de Manzoni avait suscitée en lui ».
Pour le pape, la messe de Verdi traduit une vision tragique des destinées humaines, surtout lorsqu’il s’agit de la réalité inéluctable de la mort, et de la question fondamentale de la transcendance, dans un genre musical où l’artiste ne doit plus se soucier de la mise en scène : « Libéré des éléments de la scène, Verdi exprime, avec les seules paroles de la liturgie catholique et avec la musique, la gamme des sentiments humains devant le terme de la vie, l’angoisse de l’homme face à sa nature fragile, le sentiment de rébellion devant la mort, l’effarement au seuil de l’éternité ».
Le pape cite cette lettre de Verdi à l’éditeur musical Ricordi dans laquelle il se définit comme « un peu athée ». Mais lorsqu’il écrit cette messe, fait observer le pape, c’est comme « un grand appel au Père, dans une tentative de dépasser le cri du désespoir devant la mort , pour retrouver l’aspiration à la vie qui se fait prière silencieuse et du coeur : « Libera me Domine ». »
Verdi décrit ainsi, souligne le pape, « le drame spirituel » de l’homme face à Dieu, auquel il aspire du plus profond de lui-même, et qui seul peut lui faire trouver la paix et le repos. Benoît XVI cite à ce propos la fameuse phrase des Confessions de Saint Augustin : « Notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose en Toi ».
Le concert a ensuite été diffusé en différé à la télévision catholique italienne « TV 2000 » : on a pu apprécier davantage les spectaculaires « pianissimo » de l’orchestre accordés à la supplication pour le repos éternel – « Requiem aeternam dona eis Domine » – contrastant avec l’effroi tonitruant du « Dies Irae » et l’apaisement confiant du « Libera me » final.
L’excellence du quattuor de voix s’est exprimée notamment dans les notes aiguës de la partition de Verdi pour la mezzo – Gerhilde Romberger -, ou la soprane – Susanne Bernhard -, avec cet art vocal caractéristique du Lied allemand où les notes les plus acrobatiques sont amenées pianississimo, rondes, nettes, jamais forcées.
La prise de son télévisée a aussi permis de mieux apprécier la pâte de voix du ténor, Reto Rosin, et de la basse, Yorck Felix Speer.
La qualité des voix et de la technique vocale – du Chœur et des solistes – c’était l’un des grands atouts de cette éxécution musicale et chorale sous la direction d’un chef d’orchestre dont la réputation n’est plus à faire, et dont le talent s’accompagne de sensibilité et de tempérament.
Anita S. Bourdin