ROME, Jeudi 2 décembre 2010 (ZENIT.org) – Etre dans la mémoire de Dieu c’est vivre : le pape Benoît XVI souligne que Manuela Camagni, « Memor Domini » du mouvement Communion et Libération, victime d’un accident mortel de la circulation, manifeste cette réalité.
Le pape a en effet présidé, ce jeudi matin, en la chapelle Pauline une messe de suffrage pour Manuela Camagni qui faisait partie de la Famille pontificale (cf. Zenit des 24 novembre et 30 novembre 2010).
Dans son homélie, Benoît XVI a exprimé sa profonde gratitude pour le service accompli par Manuela Camagni. Il a rendu hommage au témoignage de « foi », de « sagesse » et de « charité » de cette femme laïque consacrée, et il a offert une méditation sur ce que signifie « mémoire de Dieu » : c’est une mémoire qui ne se tourne pas vers le passé, mais est signe de la présence vivante du Seigneur dans la vie de tout homme.
« La mémoire du Créateur est inscrite au plus profond de notre être », a fait observer le pape en s’inspirant de la pensée de saint Bonaventure, sur lequel il a écrit sa seconde thèse post-doctorale – Bonaventure et sa théologie de l’histoire -, cf. aussi les audiences générales des 3, 10 et 17 mars 2010, et Zenit à ces dates).
Et c’est justement parce que « cette mémoire est inscrite dans notre être que nous pouvons nous souvenir de lui, voir ses traces » dans la création. Pour le pape, cette mémoire « n’est pas seulement mémoire d’un passé, parce que l’origine est présente, c’est une mémoire de la présence du Seigneur ».
Et c’est aussi la « mémoire du futur », parce qu’il est « certain que nous venons de la bonté de Dieu et que nous sommes appelés à arriver à la bonté de Dieu » : « Dans cette mémoire est présent l’élément de la joie, notre origine dans la joie qui est Dieu, et notre appel à arriver à la grande joie. Et nous savons que Manuela était une personne intérieurement préparée à la joie, justement cette joie qui vient de la mémoire de Dieu ».
Mais, « blessée par le péché », cette mémoire est aussi « obscurcie », couverte par « d’autres mémoires superficielles », d’où cet « oubli de Dieu », cette offuscation de la joie, que l’humanité cherche ailleurs, parfois « désespérément ».
« Manuela, a dit le pape, n’était pas de ceux qui avaient oublié la mémoire, elle a justement vécu de la mémoire vivante du Créateur. Dans la joie de sa création, en voyant Dieu transparaître dans toute la Création, y compris dans les événements quotidiens de notre vie, elle a compris que la joie vient de cette mémoire ».
Ainsi, en tant que « Memor Domini », elle savait que Dieu est plus fort que la mort, source de la vie éternelle : « Dieu n’est pas le Dieu des morts mais des vivants et qui appartient au Nom de Dieu, qui est dans la mémoire de Dieu est vivant. Plus encore, nous, les hommes, nous ne pouvons conserver avec notre mémoire hélas que l’ombre des personnes que nous avons aimées. Mais la mémoire de Dieu ne conserve pas seulement les ombres, elle est origine de vie : ici, les morts vivent, dans Sa vie, et avec Sa vie, ils sont entrés dans la mémoire de Dieu qui est vie ».
Benoît XVI a fait remarquer que dans la liturgie renouvelée d’après le Concile Vatican II, on chante l’Alléluia aussi dans la messe pour les défunts car « la liturgie sait que nous sommes dans le Corps du Christ » et que nous vivons dans la mémoire de Dieu.
« Dans ce croisement entre Sa mémoire et notre mémoire, nous sommes unis, nous sommes vivants et nous prions le Seigneur de pouvoir sentir toujours davantage cette communion de mémoire, que notre mémoire de Dieu dans le Christ devienne de plus en plus vivante, et que nous puissions ainsi sentir que notre vie véritable est en Lui et là nous sommes tous ensemble ».
Anita S. Bourdin