Le traumatisme du 31 octobre, et les deux formes d’hostilité envers les chrétiens

Appel de Benoît XVI aux autorités des nations

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ROME, Jeudi 16 décembre 2010 (ZENIT.org) – Le 31 octobre 2010 reste gravé dans les mémoires comme le massacre de catholiques d’Irak rassemblés pour la messe. C’est de cet exemple de haine religieuse que part Benoît XVI dans son message pour la Journée mondiale de la Paix 2011 (44e édition), pour affirmer au contraire que la liberté religieuse constitue une vraie « arme de la paix ». Il diagnostique deux formes d’hostilité envers les chrétiens, actuellement les plus répandues.

Le pape « exhorte les hommes et les femmes de bonne volonté à renouveler leur engagement pour la construction d’un monde où tous soient libres de professer leur religion ou leur foi, et de vivre leur amour pour Dieu de tout leur cœur, de toute leur âme et de tout leur esprit (cf. Mt 22,37) ».

L’Irak, déplore le pape, continue « à être une scène de violences et d’attentats » après l’attaque contre la cathédrale syro-catholique de Bagdad, Notre-Dame du Perpétuel Secours, où, le 31 octobre dernier, deux prêtres et plus de cinquante personnes, dont des enfants, ont été tués, alors qu’ils étaient rassemblés pour la célébration de la messe dominicale.

Le pape évoque cette tragédie d’emblée et s’adresse, vers la fin de son message, aux communautés de chrétiens persécutés dans le monde.

L’année 2010 « a été marquée, elle aussi, malheureusement par la persécution, la discrimination, par de terribles actes de violence et d’intolérance religieuse », regrette le pape.

« Je pense en particulier à la chère terre d’Irak qui, dans sa marche vers une stabilité et une réconciliation tant souhaitées, continue à être une scène de violences et d’attentats », ajoute le pape.

Il évoque le 31 octobre en ces termes : « Viennent à la mémoire les récentes souffrances de la communauté chrétienne, et tout particulièrement le lâche attentat contre la cathédrale syro-catholique Notre-Dame du Perpétuel Secours, à Bagdad, où, le 31 octobre dernier, deux prêtres et plus de cinquante fidèles ont été tués, alors qu’ils étaient réunis pour la célébration de la sainte Messe ».

Benoît XVI mentionne les autres violences : « Et il y eut d’autres attaques les jours suivants, aussi contre des habitations privées, suscitant la peur au sein de la communauté chrétienne et le désir, chez beaucoup de ses membres, d’émigrer pour aller chercher de meilleures conditions de vie ».

Il adresse ce message aux catholiques d’Irak en rappelant la solidarité de toute l’Eglise et du synode notamment : « Je les assure de ma proximité et de celle de toute l’Église. Ce sentiment a été concrètement exprimé lors de la récente Assemblée spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des Évêques. Cette Assemblée a adressé un encouragement aux communautés catholiques en Irak et dans tout le Moyen-Orient à vivre la communion et à continuer à offrir un témoignage courageux de foi en ces régions ».

Benoît XVI évoque avec gratitude la solidarité manifestée à cette occasion : « Je remercie vivement les Gouvernements qui s’efforcent de soulager les souffrances de ces frères en humanité et j’invite les catholiques à prier pour leurs frères dans la foi qui souffrent violences et intolérances, et à leur manifester leur solidarité ».

Le pape confie que ces événements l’ont décidé à consacrer son message pour cette 44e Journée mondiale de la Paix (inaugurée par Paul VI) à « quelques réflexions sur la liberté religieuse, chemin vers la paix ».

Le pape identifie deux sortes de persécution. La persécution violente, la coercition : « Il est douloureux en effet de constater que, dans certaines régions du monde, il n’est pas possible de professer et de manifester librement sa religion, sans mettre en danger sa vie et sa liberté personnelle ». Et une persécution voilée : « En d’autres points du monde, il existe des formes plus silencieuses et plus sophistiquées de préjugés et d’opposition à l’encontre des croyants et des symboles religieux ».

En accord avec l’OSCE, et des rapports d’ONG ou de gouvernement, qui ont établi que les chrétiens sont 75 % des communautés persécutées dans le monde, le pape constate que « les chrétiens sont à l’heure actuelle le groupe religieux en butte au plus grand nombre de persécutions à cause de leur foi ».

Il distingue les différentes formes d’atteinte à cette liberté : « Beaucoup subissent des offenses quotidiennes et vivent souvent dans la peur à cause de leur recherche de la vérité, de leur foi en Jésus Christ et de leur appel sincère afin que soit reconnue la liberté religieuse ».

Le pape ne s’attarde pas aux différents cas, mais condamne toutes ces situations au nom de la dignité humaine, de la coexistence pacifique des sociétés et du développement: « Tout cela ne peut être accepté, parce que cela constitue une offense à Dieu et à la dignité humaine ; de plus, c’est une menace à la sécurité et à la paix, et cela empêche la réalisation d’un réel développement humain intégral ».

Le pape voit dans la liberté religieuse « l’expression de la spécificité de la personne humaine, qui peut ainsi ordonner sa vie personnelle et sociale selon Dieu ». C’est pourquoi il affirme que « nier ou limiter de manière arbitraire cette liberté signifie cultiver une vision réductrice de la personne humaine ; mettre dans l’ombre le rôle public de la religion signifie engendrer une société injuste, puisque celle-ci n’est pas en harmonie avec la vraie nature de la personne humaine ; cela signifie rendre impossible l’affirmation d’une paix authentique et durable de toute la famille humaine. »

Au paragraphe 14 de son Message, Benoît XVI s’adresse aussi aux chrétiens souffrant de « persécutions, de discriminations, de violences et d’intolérance, particulièrement en Asie, en Afrique, au Moyen-Orient et spécialement en Terre Sainte, lieu choisi et béni par Dieu ».

Et il interpelle les responsables politiques et les autoritésdes Nations : « Tout en leur renouvelant l’assurance de mon affection paternelle et de ma prière, je demande à tous les responsables d’agir avec promptitude pour mettre fin à toute brimade contre les chrétiens qui habitent dans ces régions. Puissent les disciples du Christ, confrontés aux adversités du moment, ne pas perdre courage, car le témoignage rendu à l’Évangile est et sera toujours signe de contradiction ! »

« La violence, rappelle le pape, ne se vainc pas par la violence. Que notre cri de douleur soit toujours accompagné par la foi, par l’espérance et le témoignage de l’amour de Dieu ! »

Il lance aussi cet appel en direction des démocraties occidentales: « J’exprime aussi le souhait qu’en Occident, spécialement en Europe, cessent l’hostilité et les préjugés à l’encontre des chrétiens qui veulent donner à leur vie une orientation cohérente avec les valeurs et les principes exprimés dans l’Évangile. Que l’Europe apprenne plutôt à se réconcilier avec ses propres racines chrétiennes : elles sont essentielles pour comprendre le rôle qu’elle a eu, qu’elle a et veut avoir dans l’histoire ; elle saura ainsi faire l’expérience de la justice, de la concorde et de la paix, en cultivant un dialogue sincère avec tous les peuples ».

Anita S. Bourdin

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ZENIT Staff

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