ROME, Lundi 14 mars 2011 (ZENIT.org) – « Le Parvis des Gentils », sera le thème de deux jours de dialogue à Paris, à l’UNESCO les 24 et 25 mars prochains, à l’initiative du Conseil pontifical de la culture : Benoît XVI pose la « question de Dieu » aux nations.
L’événement sera présenté au Vatican vendredi prochain 18 mars par le président du dicastère romain, le cardinal Gianfranco Ravasi, et par le directeur exécutif du « Parvis des Gentils », le P. Laurent Mazas, de la Communauté Saint-Jean.
Cette nouvelle initiative rappelle, dans le cadre actuel de la nouvelle évangélisation, et comme une « première évangélisation », que le Conseil pontifical de la culture a été précédé par un « secrétariat pour les non-croyants », créé dans le sillage de Vatican II et confié alors par Paul VI au cardinal autrichien Franz König.
Le pape Benoît XVI entend ainsi poser la « question de Dieu » à ceux qui n’ont pas la foi. Il a annoncé la nécessité de ce dialogue dans son discours à la curie romaine du 21 décembre 2009 (cf. Zenit des 21 et 22 décembre 2009).
Des Bernardins à l’Unesco
L’expression « Parvis des Gentils » vient de la Bible et de l’archéologie : il s’agit de la partie du Temple de Jérusalem où les non-juifs avaient le droit de s’approcher du Dieu unique.
Dans son discours à la curie romaine, Benoît XVI allait plus loin en se référant à Isaïe – cité par Jésus lors de la Purification du Temple – qui parle d’une maison « pour toutes les nations ».
Benoît XVI a lancé cette proposition en référence explicite à son voyage à Paris et à son discours aux Bernardins : « A Paris, j’ai parlé de la recherche de Dieu comme du motif fondamental de la naissance du monachisme occidental et, avec celui-ci, de la culture occidentale. Comme premier pas de l’évangélisation, nous devons chercher à garder cette recherche vivante ; nous devons nous soucier que l’homme ne mette pas de côté la question de Dieu comme question essentielle de son existence ».
« Nous devons nous soucier, a insisté le pape, qu’il accepte cette question et la nostalgie qui se cache en elle. Il me vient à l’esprit une parole que Jésus reprend du prophète Isaïe, c’est-à-dire que le temple devait être une maison de prière pour tous les peuples (cf. Is 56, 7; Mc 11, 17). Il pensait à ce que l’on appelle la maison de prière pour toutes les nations, qu’il désencombra des activités extérieures pour qu’il y ait une place libre pour les païens qui voulaient prier là le Dieu unique, même s’ils ne pouvaient pas prendre part au mystère, auquel l’intérieur du temple était réservé ».
Le Dieu inconnu
Benoît XVI explicite ce que signifie un « espace de prière pour tous les peuples », où l’humanité se libère de ses faux-dieux en disant : « Un espace de prière pour tous les peuples – on pensait avec cela à des personnes qui ne connaissent Dieu, pour ainsi dire, que de loin; qui sont insatisfaites de leurs dieux, de leurs rites et de leurs mythes; qui désirent le Saint et le Grand, même si Dieu reste pour eux le « Dieu inconnu » (cf. Ac 17, 23). Ils devaient pouvoir prier le Dieu inconnu, mais cependant être ainsi en relation avec le vrai Dieu, malgré des zones d’ombre de natures diverses ».
Le pape y voit une tâche urgente pour l’Église aujourd’hui : « Je pense que l’Église devrait aujourd’hui aussi ouvrir une sorte de « parvis des Gentils », où les hommes puissent d’une certaine manière s’accrocher à Dieu, sans le connaître et avant d’avoir trouvé l’accès à son mystère, au service duquel se trouve la vie interne de l’Église. »
« Au dialogue avec les religions doit aujourd’hui surtout s’ajouter le dialogue avec ceux pour qui la religion est une chose étrangère, pour qui Dieu est inconnu et qui, cependant, ne voudraient pas rester simplement sans Dieu, mais l’approcher au moins comme Inconnu », a conclu Benoît XVI.
Dans ce cadre, le siège de l’UNESCO, carrefours des cultures est significatif, pour la première grande initiative du Conseil pontifical de la culture.
Cette initiative se tiendra toutefois dans trois lieux différents de la capitale française. En quelque sorte trois temples de la culture, sans lien explicite avec la religion : l’université de la Sorbonne, l’Unesco et l’Académie française.
Prendre en compte les athéismes
Le cardinal Ravasi a confié au quotidien catholique italien Avvenire (25 février 2010), que ce dialogue avec un nouvel « aréopage », prend en compte le dialogue avec les « athéismes » contemporains : celui de Nietzsche et de Marx (non sans « éthique ») ; l’« athéisme ironique et sarcastique qui prend comme cibles des aspects marginaux de la croyance ou des lectures fondamentalistes de la Bible », celui d’Onfray, de Dawkins et de Hitchens ; ou l’« indifférence absolue, fille de la sécularisation », comme celle que décrit Charles Taylor dans « L’âge séculier » où il « affirme que si Dieu venait aujourd’hui dans l’une de nos villes, la seule chose qui se produirait est que l’on lui demanderait ses papiers ».
Anita S. Bourdin