Europe/Judaïsme: Dix points pour préparer la paix (Conférence de Davos)

Hommage au grand rabbin Samuel-René Sirat

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CITE DU VATICAN, Jeudi 31 janvier 2002 (ZENIT.org) – Lors des premières « Rencontres européennes entre juifs et catholiques », organisées à Paris, les 28 et 29 janvier dernier. Mgr Gaston Poulain a rendu l´hommage suivant au grand rabbin Samuel-René Sirat, qui a participé à la Journée de prière pour la paix à Assise (cf. ZF020125), le 24 janvier dernier. Dans son hommage, Mgr Poulain cite les dix points pour « préparer la paix » proposés par le rabbin français à la Conférence internationale de Davos, en janvier 2001. Le rabbin concluait: « Alors, si tu prépares tout cela, la paix te sera donnée par surcroît ».

Rappelons que les rencontres de Paris avaient pour titre: « Après Vatican II et Nostra ætate: l’approfondissement des relations entre Juifs et Catholiques en Europe sous le pontificat de Sa Sainteté Jean-Paul II », et étaient organisées à l´initiative du Congrès juif européen.

– Hommage à Monsieur le Grand Rabbin René Samuel SIRAT –

Je veux tout d´abord dire combien je suis heureux et reconnaissant de pouvoir participer à l´hommage solennel rendu à Monsieur le Grand Rabbin René Samuel SIRAT.
Je le fais certes en mon nom personnel, et aussi au nom du Comité épiscopal pour les relations avec le Judaïsme, et avec la conscience de traduire le sentiment de l´ensemble de l´épiscopat.

Des voix autorisées retracent votre itinéraire, M. le Grand Rabbin, elles évoquent votre carrière rabbinique, et elles rappellent ce que vous avez été et ce que vous êtes au sein de la Communauté juive, et bien au-delà… ce que vous avez été et êtes toujours comme universitaire, professeur et formateur, passionné d´éducation et d´enseignement.
Nous savons que vous avez créé l´École des Hautes Études du Judaïsme, l´Institut Universitaire RACHI à Troyes ; vous avez fondé l´Académie HILLEL. Nous bénéficions assurément de ces travaux, de ces enseignements et recherches.
L´approfondissement de la foi, de la recherche spirituelle, dans chacune de nos confessions religieuses, ne peut pas ne pas servir le rapprochement des hommes religieux de bonne volonté et l´ouverture réciproque, dans une humble quête de la vérité.

Monsieur le Grand Rabbin,
Je vous ai souvent rencontré personnellement et dans le cadre du dialogue judéo-chrétien. Permettez-moi de dire qu´une respectueuse amitié s´est créée entre nous. Nos rencontres sont des moments privilégiés de dialogue confiant et, je puis dire, fraternel.
Je ne vais pas relever ce soir toutes les occasions qui ont permis ces rencontres et contribué à approfondir ces échanges. Des événements très importants et oh ! combien significatifs, ont nourri ce dialogue.

Il y a eu ce que l´on appelle « l´affaire du Carmel d´Auschwitz ». Vous avez participé à l´élaboration et à la conclusion des  » Accords de Genève « . Je sais que les relations qui se sont nouées entre vous-même et les cardinaux, en particulier le Cardinal Albert DECOURTRAY, ont profondément marqué votre engagement dans le service des relations judéo-chrétiennes.
Je n´étais pas à Genève, mais j´en ai eu tant et tant d´échos de la part du Cardinal DECOURTRAY auquel je dois presque tout de mon engagement dans les relations avec le Judaïsme.
C´est à travers le Cardinal que je vous ai connu et estimé avant même de vous rencontrer.

Vous avez été aussi passionnément présent et attentif à la démarche des évêques de France qui s´est traduite par la Déclaration de Repentance de Drancy en 1997.
Vous avez parfaitement saisi la portée de cette Déclaration et vous œuvrez ardemment pour que ce geste continue de porter des fruits pour resserrer, pour affermir la fraternité judéo-chrétienne.

Et dans l´ordinaire de la vie de notre Église, vous êtes toujours disponible pour participer activement à des rencontres fraternelles.
Comme évêque de Périgueux et Sarlat, j´ai fait appel à vous, je viens de le faire encore tout récemment. Vous avez participé à un Colloque inter-religieux à Sarlat sur le thème : « Qu´est-ce que nos religions disent de l´Homme, de sa vocation et de sa dignité ? » Vous avez été le témoin que nous attendions. Votre connaissance de la Bible, de la littérature talmudique, a inspiré votre témoignage de croyant et de maître spirituel.
Beaucoup d´évêques, de responsables d´Églises, de formateurs, font appel à vous : ce n´est jamais en vain. Je vous en exprime toute notre reconnaissance.

A un moment où l´urgence de l´échange inter-religieux se fait pressante, nous avons besoin de vous pour promouvoir et garantir la vérité et la clarté, dans le respect mutuel, de la rencontre des Religions.
Vous étiez présent, jeudi, à Assise, avec les représentants des Religions qui ont répondu à l´invitation du Pape. Vous avez participé à cette rencontre des croyants venus prier pour la Paix dans le monde.
Oui, les Religions – en particulier celles qui professent la foi au Dieu Unique, au Dieu Saint – sont invitées, provoquées, à se comprendre, à s´apprécier, à avancer dans une fraternité qui sera un signe lumineux pour notre monde en quête de paix et d´unité.

Je rends grâce à notre Dieu pour ces 50 ans d´engagement, pour votre action tenace et éclairée au service du dialogue judéo-chrétien et de la rencontre inter-religieuse.
Je fais des vœux pour que vous demeuriez avec nous et pour nous ce que vous êtes, serviteur et témoin d´une inlassable recherche de fraternité et de paix.

Je parle de PAIX; alors je conclus en vous citant. Je donne seulement, sans leur développement, les dix points que vous avez proposés à la Conférence de DAVOS, en janvier 2001. C´est presque l´anniversaire.
Je les ai médités ; j´ose dire que je les fais miens et j´en fais l´objet de ma prière aujourd´hui, et pour demain, en ce début du XXIème siècle.

SI TU VEUX LA PAIX, PREPARE…
1. … Surtout, ne prépare pas la guerre.
2. Bien au contraire, si tu veux la paix, prépare d´abord la fraternité.
3. Mais aussi, si tu veux la paix, prépare l´enseignement de l´amour du prochain.
4. Car, en effet, si tu veux la paix, donne la priorité des priorités à l´éducation.
5. Mais n´oublie pas : si tu veux la paix, prépare la justice et respecte la dignité de l´adversaire.
6. Mais aussi, si tu veux la paix, purifie les mémoires.
7. Si tu veux la paix, prépare la vérité.
8. Surtout, si tu veux la paix, prépare la solidarité.
9. Enfin, si tu veux la paix, prépare la miséricorde.
10. Alors, si tu prépares tout cela, la paix te sera donnée par surcroît.

C´est votre Foi, c´est la nôtre.
Merci, Monsieur le Grand Rabbin, pour votre message.
Merci pour ce que vous êtes.

Mgr Gaston POULAIN, évêque de Périgueux et Sarlat
et Président du Comité épiscopal pour les relations avec le Judaïsme

© Cef.fr

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ZENIT Staff

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