ROME, jeudi 24 janvier 2002 (ZENIT.org) – « Jean-Paul II, il n´y a que vous qui pouviez faire cela! » C´est ainsi que le rabbin américain Israel Singer a commencé son intervention au cours de la rencontre d´Assise pour la paix. Le pape a en effet réussi à convoquer aujourd´hui à Assise, 250 responsables religieux, représentant entre autre toutes les religions chrétiennes. Une rencontre historique.
La réunion d´Assise s´est déroulée sous un ciel gris. Un abri avait été construit pour l´occasion devant la Basilique de Saint François, pour accueillir les participants et plusieurs milliers de personnes, de différentes religions, venues assister à la rencontre. Des écrans géants avaient par ailleurs été placés dans différentes église d´Assise pour que les pèlerins (dont beaucoup de jeunes) qui n´avaient pu entrer dans l´abri construit devant la basilique Saint François, puissent suivre la rencontre en direct.
Au cours de son intervention, le pape a demandé aux croyants de toutes les religions d´éloigner les « nuages du terrorisme, de la haine, des conflits armés ». « On ne dissipe pas les ténèbres avec les armes; on éloigne les ténèbres en allumant des sources de lumière », car « la haine ne peut être vaincue que par l´amour » a-t-il affirmé. Dans son discours, on pouvait relever 28 fois le mot « paix ».
« L´humanité a toujours besoin de la paix, mais elle en a besoin plus encore aujourd´hui, après les tragiques événements qui ont ébranlé sa confiance et en présence des foyers persistants de conflits déchirants qui maintiennent
le monde dans l´appréhension », a déclaré Jean-Paul II.
Cette rencontre d´Assise, a-t-il poursuivi, est déjà « une réponse aux questions inquiétantes qui nous préoccupent. Cela sert déjà à dissiper les ombres du soupçon et de l´incompréhension ».
« Nous qui sommes ici réunis, nous affirmons ensemble que celui qui utilise la religion pour fomenter la violence en contredit l´inspiration la plus authentique et la plus profonde », a-t-il affirmé.
« Il faut donc que les personnes et les communautés religieuses manifestent le rejet le plus net et le plus radical de la violence, de toute violence, à commencer par celle qui prétend se parer de religiosité, allant jusqu´à faire appel au nom très saint de Dieu pour offenser l´homme. Offenser l´homme revient en définitive à offenser Dieu. Aucune finalité religieuse ne peut justifier la pratique de la violence de l´homme sur l´homme ».
Pour terminer, le pape a invité à prier: « Si la paix est un don de Dieu et a sa source en Lui, où est-il possible de la chercher et comment pouvons-nous la construire si ce n´est dans un rapport intime et profond avec Lui ? Bâtir la paix dans l´ordre, dans la justice et dans la liberté requiert donc l´engagement prioritaire de la prière, qui est ouverture, écoute, dialogue et en dernier ressort union avec Dieu, source originelle de la paix véritable ».
Avant l´intervention du pape, certains représentants religieux ont donné leur témoignage.
Le premier fut le patriarche oecuménique de Constantinople, Bartolomaios 1er, « primus inter pares » de l´Orthodoxie.
Le dirigeant musulman Ali Elsamman est également intervenu, au nom du Cheikh Mohamad Tantawi, de la mosquée de Al Azhar, la plus haute autorité musulmane d´Egypte. Il a affirmé que la paix est directement liée à la justice et inséparable de la justice.
Le rabbin américain Israel Singer a déclaré quant à lui qu´ »aucune religion nous oblige à tuer indistinctement et ceux qui ont dit le contraire l´ont fait en déformant les religions au nom desquelles ils parlent ».
Après les témoignages, les différents groupes religieux se sont dispersés à travers la petite ville d´Assise pour aller prier pour la paix, chacun selon son propre rite. Jean-Paul II a expliqué qu´il n´y avait aucun moment de prière commune car cette rencontre ne veut tomber « en aucune manière dans le relativisme ni dans le syncrétisme ». L´objectif de la rencontre était de prendre une « conscience plus vive du devoir du témoignage et de l´annonce ».
Après avoir prié, les responsables religieux ont déjeuné ensemble. Ils ont ensuite prononcé une déclaration commune solennelle contre l´utilisation de la violence.