ROME, lundi 6 février 2012 (ZENIT.org) – « C’est le Saint Esprit » qui inspire au vieillard Siméon que l’Enfant présenté au Temple par Marie et Joseph est la « Consolation d’Israël », fait observer le patriarche Twal.
Le patriarche latin de Jérusalem Fouad Twal a en effet célébré la messe de la Présentation du Seigneur au Temple dans la « qéhilla » – communauté catholique hébréophone – de Jérusalem le dimanche, 5 février 2012.
Le patriarcat publie sur son site cette homélie en français.
1. « Les parents de Jésus le portèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, selon ce qui est écrit dans la loi du Seigneur » (Lc 2, 22-23).
Chers amis je suis heureux d’être avec vous, pour revivre le mystère de la Présentation de Jésus au Temple. Merci à notre cher Vicaire Patriarcale le P.Neuhaus qui a organisé cette rencontre, merci aussi à tous les aumôniers qui s’occupent de cette communauté. Le Bon Dieu qui voit en secret vous récompensera en secret et en public.
Cette fête revêt une saveur particulière ici-même en cette église dédiée à Saint Syméon et à Sainte Anne. Elle nous met de nouveau dans l’atmosphère de Noël, de l’enfance de notre Seigneur et de la Sainte famille de Nazareth. En cette fête se prolonge ainsi le thème du Christ lumière, qui caractérise la solennité de Noël et de l’Epiphanie. L’Enfant Jésus est présenté au Temple quarante jours après sa naissance conformément à la Torah pour être consacré au Seigneur. Il y est reconnu comme la :
2. « Lumière pour éclairer les nations […] et la gloire d’Israël » (Lc 2, 32).
Ces paroles prophétiques sont prononcées par le vieillard Syméon, inspiré par Dieu, lorsqu’il prend l’Enfant Jésus dans ses bras. Ces paroles sont le signe du peuple de la Première Alliance dans son attente de la venue du Messie. Une attente contre toute espérance symbolisée par cet homme « poussé par l’Esprit ». En effet, le peuple d’Israël n’a plus connu de prophètes depuis des siècles et il se trouve sous occupation romaine.
– C’est le Saint Esprit qui l’a maintenu dans l’espérance au-delà du contexte sociopolitique de l’époque et des contours extérieurs qui pouvaient mener au pessimisme.
– C’est le Saint Esprit qui lui inspire que cet Enfant est la « Consolation d’Israël » (Lc 2, 2, 25) répondant ainsi à sa longue attente. Saint Syméon reçoit cette révélation de la venue du Messie : « ses yeux ont vu le salut » (Lc 2, 30).
Il préannonce, dans le même temps, que le « Messie du Seigneur » accomplira sa mission comme un « signe en butte à la contradiction » (Lc 2, 34). Quant à Marie, sa Mère, elle participera elle aussi personnellement à la passion de son divin Fils . La Gloire manifestée sera intimement liée à la Croix. Et ce qui s’applique à Jésus, considéré comme « signe de division », et à Marie dont « le cœur sera transpercé par une épée » (Lc 2, 35) s’appliquera à nous-mêmes. Car le disciple n’est pas plus grand que le Maître.
Nous, ici en Terre Sainte, nous vivons chaque jour cette dimension dramatique de notre foi, à cause de la situation politique, économique et humaine. Mais comme pour Saint Syméon, c’est cette espérance de l’Avènement du Seigneur dans le cœur de chaque homme que nous portons ; « espérance qui ne déçoit pas, car c’est l’amour du Seigneur qui a été répandu en nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous fut donné » (Rm, 5, 5) comme le rappelle l’Apôtre Paul.
3. Nous célébrons aussi aujourd’hui le mystère de la consécration : consécration du divin Enfant, consécration de Marie, consécration de nous-mêmes par le Baptême et consécration de tous ceux qui se mettent à la suite de Jésus par amour du Royaume. Et aujourd’hui, ici parmi vous, nous consacrons cet autel, lieu de la sanctification. Ainsi la figure de la prophète Anne peut être aussi pour nous un témoignage de cette consécration, elle qui servait « Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière. » (Lc 2, 37)
Ainsi je vous remercie de votre prière et de votre fidélité. Vous savez que nous avons à Jérusalem une centaine de communautés religieuses dont 14 contemplatives, entièrement consacrées à la prière, frappant nuit et jour à la porte du cœur du Dieu de la Paix, collaborant à la victoire du Christ sur la haine, sur la vengeance et sur les structures du péché !
4. « Anne (…) proclamait les louanges de Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem. » (Lc 2, 38)
La « prophète Anne, fille de Phanuel », en s’approchant de l’Enfant et de ses parents, portée par la joie qui l’animait, a naturellement témoigné de ce qu’elle a vu.
Comme vous le savez, nous sommes actuellement entre deux Synodes portant sur cette dimension de témoignage : le premier a été célébré à Rome en octobre 2010 et avait pour thème « Communion et Témoignage » et le second aura lieu en octobre de cette année avec pour thème « la Nouvelle Evangélisation » ; il est d’ailleurs prévu que le Saint Père nous donne l’exhortation apostolique du premier Synode en septembre au Liban.
Le fait que nous célébrions prochainement un second Synode ne signifie pas que nous ayons épuisé la richesse et toutes les propositions du premier. De fait, demain nous aurons une rencontre de l’Assemblée des Ordinaires Catholiques pour étudier ensemble l’unification des Fêtes de Pâques Catholique et Orthodoxe. Ceci, pour vous dire que nous sommes encore loin de la pleine communion avec nos frères Orthodoxes. A cet égard le souvenir de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, vécue la semaine dernière est encore vif.
Très chers fidèles, je savais et je sais que je peux compter sur vous de façon particulière pour cette extraordinaire mobilisation en faveur de la paix et de la communion en ce pays. Je vous exprime ma profonde gratitude pour cela. Cette communion nous est nécessaire. Car c’est en « proclamant les louanges de Dieu » (Lc 2, 38) ensemble avec tous nos frères chrétiens à l’image de la prophète Anne, que nous pourrons être le témoignage vivant du Christ à toutes les nations.
Pour ce qui est de la Nouvelle Evangélisation, je dirais que l’Evangélisation reste toujours fondamentalement la même : annoncer Jésus par notre témoignage vivant et notre charité réciproque. Ce qu’il y a de nouveau, c’est plutôt le contexte dans lequel nous sommes appelés à travailler :
– Les paroisses classiques ne sont plus les mêmes, les congrégations religieuses habituelles s’affaiblissent de plus en plus.
– De nombreux mouvements apostoliques émergent, qui sont plus forts que les paroisses et ont plus de succès.
– De plus, sont entrés chez nous de nouveaux paroissiens parmi lesquels des milliers de demandeurs d’asile et de migrants.
– Et outre les personnes, nous devons évangéliser la politique et l’économie.
Comme vous voyez le chemin devant nous est encore long . Mais nous croyons que comme Saint Siméon, « l’Esprit Saint est sur nous » (Lc 2, 25). Et ce même Esprit, premier acteur de l’Evangélisation, nous donnera de témoigner avec une vigueur nouvelle face à une société de plus en plus sécularisée et sujette à tant de changements.
5. Que peut-t-on donc « retenir des ces événements » de la Présentation de Jésus au Temple ? Que peut-on « méditer en nos cœurs » (Lc 2, 19) ?
De la Sainte Vierge Marie et de la prophète Anne, retenons que par nos actes, notre conduite, et en vertu de notre consécration par le Baptême, nous sommes appelés à offrir Jésus aux autres. Tout en sachant le p
rix que cela va nous coûter. De Saint Syméon, méditons cette belle nostalgie, , de tenir le Seigneur entre nos bras et dans notre cœur, et dans nos familles. C’est notre principale richesse et une fois que nous avons cela, nous pouvons nous écrier comme Saint Syméon que nous sommes prêts à « aller dans la Paix », prêts à la rencontre du Seigneur pour la vie éternelle ! « Me voici Seigneur ! » Nous voici Seigneur !
Pour cela, comme il est réconfortant de savoir que Marie est à nos côtés, et qu’elle nous accompagne comme elle a accompagné Jésus durant toute sa vie jusqu’au Golgotha. Une même épée les transperce tous les deux, la Mère et le Fils. La même douleur. Le même amour. Puisse ce même amour transpercer nos cœurs afin de témoigner « de l’Enfant Jésus à tous ceux qui attendent la délivrance de Jérusalem » (Lc 2, 38).
Ô Marie, Mère du Christ et notre Mère, présente-nous aujourd’hui à nouveau à Dieu comme tu as présenté ton Fils au Temple.
+ Patriarche Fouad Twal