Le Saint-Siège dénonce « le prolongement de la dissuasion nucléaire », véritable « moteur du développement d’armes nucléaires toujours nouvelles », obstacle principal à « un vrai désarmement nucléaire ».
Mgr Dominique Mamberti, secrétaire du Saint-Siège pour les rapports avec les Etats, est intervenu durant la rencontre de haut-niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies sur le désarmement nucléaire, hier, 26 septembre 2013, à New York.
Pour l’archevêque, la résolution de l’Assemblée générale convoquant la réunion « a exprimé la conviction commune que l’élimination complète des armes nucléaires est essentielle pour écarter le danger d’une guerre nucléaire » : c’est « le cri de l’humanité pour être libérée du spectre de la guerre nucléaire ».
Non à la dissuasion nucléaire
Selon les termes du Traité de non-prolifération (TNP), rappelle-t-il, « les Etats sont sommés de faire des efforts de ‘bonne foi’ pour négocier l’élimination des armes nucléaires ». Ce qui exige « un engagement significatif de la part des États dotés d’armes nucléaires, pour s’en départir ».
Le Saint-Siège diagnostique « l’obstacle principal » pour commencer ce travail : « l’adhésion à la doctrine de la dissuasion nucléaire ». Il condamne « le prolongement de la dissuasion nucléaire », véritable « moteur du développement d’armes nucléaires toujours nouvelles, empêchant ainsi un vrai désarmement nucléaire ».
Depuis la fin de la guerre froide, « cette doctrine est depuis longtemps révolue », estime-t-il, appelant à « rompre la chaîne de dépendance à la dissuasion » en travaillant « sur une approche globale pour assurer la sécurité sans compter sur la dissuasion nucléaire ».
Une coopération cohérente et responsable
En outre, « la poursuite d’une politique de dissuasion nucléaire » n’est pas justifiable au regard de la « pénurie de fonds pour la santé, l’éducation et les services sociaux à travers le monde » et des « menaces actuelles à la sécurité humaine comme la pauvreté, le bouleversement climatique, le terrorisme et la criminalité transnationale », fait observer Mgr Mamberti.
Dans ce contexte, il invite à « considérer la dimension éthique et la légitimité morale de la production, de la transformation, du développement, de l’accumulation, de l’utilisation et de la menace d’utilisation des armes nucléaires ».
« Il est temps de contrer la logique de la peur par l’éthique de la responsabilité, de favoriser un climat de confiance et de dialogue sincère, capable de promouvoir une culture de paix, fondée sur la primauté du droit et du bien commun, à travers une coopération cohérente et responsable entre tous les membres de la communauté internationale », ajoute-t-il.
Pour une convention internationale
Le Saint-Siège appelle de ses vœux « la négociation d’une convention sur les armes nucléaires ou d’un cadre d’instruments », qui conduise « à une interdiction mondiale des armes nucléaires », au moyen d’une « élimination graduelle et vérifiable des armes nucléaires ».
Cet objectif est « clair, parfaitement compréhensible et supportable par tous ceux qui veulent vraiment que le monde aille au-delà des doctrines obscures de la destruction mutuelle assurée », insiste l’archevêque.
« Il est maintenant impératif d’aborder d’une manière cohérente et systématique les conditions légales, politiques et techniques pour un monde exempt d’armes nucléaires » et ce « dès que possible », souligne-t-il.