Anne Kurian
ROME, vendredi 6 avril 2012 (ZENIT.org) – Il faut introduire l’éthique dans la formation économique et politique, estiment les participants de la rencontre de la Commission bilatérale des délégations d’Israël et du Saint-Siège.
La 11erencontre de la Commission bilatérale des délégations du grand rabbin d’Israël et de la Commission du Saint-Siège pour les relations religieuses avec le judaïsme, s’est tenue du 27 au 29 mars 2012 à Rome, sur le thème « Perspectives religieuses sur la crise financière actuelle: vision pour un ordre économique juste ».
La délégation juive était présidée par le rabbin Shear Yashuv Cohen et la délégation catholique par le cardinal Peter Turkson. A l’issue de la rencontre, les participants ont publié une synthèse commune de leurs réflexions et suggestions pour un « ordre économique juste ».
Introduire l’éthique dans la formation
Il existe certes de « nombreux facteurs » de la crise financière actuelle, cependant, la Commission bilatérale souligne qu’à la racine de cette crise, se tient « une crise des valeurs morales » : en effet, l’importance de « l’être », dans une culture « d’avidité », a été éclipsé par l’importance de « l’avoir ».
Ainsi aujourd’hui, la valeur de la « vérité », qui se décline en « honnêteté » et « transparence », manque « amèrement » dans l’activité économique. En outre, la crise a révélé le manque profond de l’élément « éthique » dans la pensée économique.
C’est pourquoi, conseille la Commission, il est urgent d’inclure des « cours d’éthique » dans les programmes d’étude économique et politique. Il faudrait également du « conseil en éthique » à ceux qui prennent des décisions au niveau national et international.
La richesse au service du bien commun
Les membres de la Commission soulignent par ailleurs le rôle des communautés croyantes, qui font « partie intégrante de la société civile », dans la contribution à un ordre économique responsable. Par conséquent il est important qu’elles s’engagent dans des institutions gouvernementales, éducationnelles, et dans les media.
Les religions, poursuit le texte, œuvrent à la « promotion du bien-être de l’individu », en relation avec la société. Elles rappellent les « obligations et responsabilités humaines » en affirmant la nécessité de « la solidarité et la fraternité ».
Les participants invitent en ce sens à une attention particulière pour les « plus vulnérables », en particulier « le migrant et travailleur étranger », « dont la condition sert de mesure de la santé morale de la société et de son degré de solidarité ».
Les visions juives et catholiques, précisent-ils, se rejoignent dans l’affirmation de la « souveraineté et la providence du Créateur », de qui « toute richesse trouve son origine », richesse qui est donnée à l’humanité « pour le bien commun ».
Cette vision implique que les plus riches ont des « obligations » envers ceux qui sont matériellement moins fortunés. Et de la même façon, à l’ère de la mondialisation, les pays avec des économies plus développées ont des « responsabilités et devoirs » envers les pays dans le besoin.
Un ordre économique juste
La Commission souligne par ailleurs des concepts incontournables pour un ordre économique juste, tels que la « destination universelle des biens » de la terre, une « éducation à la limite » c’est-à-dire à « l’autolimitation et la modestie », un « esprit de service responsable », un système « éthique » de distribution des ressources, et l’importance fondamentale de « l’honnêteté, la transparence, la gratuité et la responsabilité ».
Enfin, la Commission, prenant exemple sur les « remises partielles de dettes » au niveau national et international, suggère d’étendre cette démarche aux « familles et individus » pour leur « auto-réhabilitation économique ».