ROME, lundi 25 juin 2012 (ZENIT.org) – «Affrontons la nouvelle évangélisation avec enthousiasme. Apprenons la joie douce et réconfortante de l’évangélisation », exhorte l’Instrument de travail de la XIIIe assemblée générale ordinaire du synode des évêques.
Le retour de la question de Dieu dans la société est bien l’enjeu central du synode des évêques 2012 (7-28 octobre) sur « la Nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne », comme un remède à la « solitude » et au « découragement » et un appel à la « joie » chrétienne.
L’ « Instrument de travail » – Instrumentum laboris – du synode a été présenté ce 19 juin au Vatican par le secrétaire général du synode, l’archevêque croate, Mgr Nikola Eterovic et par le sous-secrétaire, un italien, Mgr Fortunato Frezza (cf. Zenit du 19 juin 2012).
Intervention de Mgr Nicola Eterovic
(Traduction intégrale de l’italien) :
I. Introduction
Du 7 au 28 octobre 2012, la XIIIème Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques se tiendra au Vatican sur le thème « La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne ». Sous la conduite du Saint-Père Benoît XVI, Président du Synode des évêques, des représentants des évêques du monde entier, dans un climat de prière, de dialogue et de communion fraternelle, réfléchiront sur la transmission de la foi chrétienne. Il s’agit d’un des grands enjeux de l’Eglise qui sera approfondi dans le contexte de la nouvelle évangélisation. Par conséquent, les deux aspects du sujet du synode sont intimement unis et se complètent mutuellement. Le but de la nouvelle évangélisation est la transmission de la foi chrétienne. Le devoir qui nous presse de transmettre aux nouvelles générations l’Evangile de Jésus – sans interruption du processus de transmission de la foi – se déroule dans le contexte de la nouvelle évangélisation.
La réflexion synodale sera pas mal enrichie par le lien avec l’Année de la Foi qui, selon la décision du Souverain Pontife, exprimée dans la Lettre apostolique sous la forme de motu proprio « Porta fidei », commencera le 11 octobre, au cours des Assises synodales, en commémoration du 50ème anniversaire du lancement du Concile œcuménique Vatican II et du 20ème anniversaire de la publication du Catéchisme de l’Eglise catholique.
L’Instrumentum Laboris, ordre du jour des Assises synodales, représente une étape importante dans la préparation des travaux synodaux. C’est le résultat des réponses aux Lineamenta, document de réflexion sur le thème de l’Assemblée synodale qui, publié le 2 février 2011 en la fête de la Présentation du Seigneur, a été envoyé aux 13 synodes des évêques des Eglises orientales catholiques sui iuris, aux 114 conférences épiscopales, aux 26 dicastères de la Curie romaine et à l’Union des Supérieurs généraux. Tous ces organismes, avec lesquels le synode des évêques entretient des relations officielles, ont fait parvenir leurs contributions au secrétariat général de ce dernier. Le secrétariat général a également reçu d’autres contributions d’institutions et de fidèles. Avec l’aide du Conseil ordinaire, le secrétariat général, s’appuyant sur la contribution de plusieurs experts, a préparé le document actuel présenté aujourd’hui. Il faut signaler en particulier la contribution du Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation, dont le Président a été associé au Conseil ordinaire qui a participé à la rédaction du document.
II. Plan de l’Instrumentum laboris
Outre la Préface, signée par le Secrétaire général, l’Instrumentum laboris est composé de quatre chapitres, précédés d’une Introduction et terminés par une brève Conclusion. Les chapitres sont consacrés aux thèmes suivants : 1) Jésus-Christ, Evangile de Dieu pour l’homme ; 2) Le temps de la nouvelle évangélisation ; 3) Transmettre la foi ; 4) Raviver l’action pastorale.
L’Introduction présente la structure de l’Instrumentum Laboris, et donne la signification du thème du synode, les points de référence et les attentes de la part des Eglises particulières, à partir des réponses aux Lineamenta. Avec la proclamation de l’Année de la Foi, le Saint-Père Benoît XVI a souligné l’importance du Concile œcuménique Vatican II pour la vie de l’Eglise ainsi que pour les travaux synodaux. L’Introduction met aussi en relief l’importance des documents conciliaires qui ont été des points de référence pour les évêques de Rome qui en ont appliqué les indications dans les décennies qui ont suivi, et qui ont ensuite convergé, par exemple, dans le Catéchisme de l’Eglise catholique. Dans l’Instrumentum Laboris, on mentionne souvent l’Exhortation apostolique de Paul VI, Evangelii nuntiandi, diverses déclarations du bienheureux Jean-Paul II, et en particulier l’encyclique Redemptoris missio, et la Lettre apostolique Novo millennio inneunte. Quant au Saint-Père Benoît XVI, on cite différentes déclarations, surtout Porta fidei, et on insiste sur l’herméneutique de la réforme, du renouvellement dans la continuité, avec laquelle il faut lire et recevoir le Concile pour qu’il devienne « toujours davantage une grande force pour le renouveau, toujours nécessaire, de l’Eglise » (N. 14).
Dans le sillage des réponses des épiscopats, on attend de l’Assise synodale qu’elle infuse des énergies nouvelles dans les communautés chrétiennes et qu’elle fournisse des réponses concrètes aux questions sur l’évangélisation dans le monde actuel. On sent la nécessité d’avoir de nouveaux instruments et de nouvelles expressions pour rendre compréhensible la Parole de Dieu dans les milieux de vie de l’homme contemporain. L’événement synodal devrait représenter une occasion de confrontation et de partage des analyses comme des exemples d’actions à faire partager dans le but d’apporter un encouragement aux Pasteurs et aux Eglises particulières. On souhaite que la nouvelle évangélisation conduise « à redécouvrir la joie de croire et aide à
retrouver l’enthousiasme de communiquer la foi » (N. 9).
III. Premier chapitre : Jésus-Christ, Evangile de Dieu pour l’homme
En accueillant les suggestions émises dans les différentes réponses, l’InstrumentumLaboris insiste sur le noyau central de la foi chrétienne, qu’un bon nombre de chrétiens ignorent. En même temps, on entend, par cette attitude, proposer l’Evangile de Jésus-Christ comme une Bonne nouvelle pour l’homme contemporain aussi.
L’Instrumentum Laboris confirme la vocation fondamentale de l’Eglise qui est d’annoncer aux hommes la Bonne Nouvelle qu’elle a reçue et dont elle vit. La foi chrétienne est surtout une rencontre avec la personne de Jésus-Christ au niveau personnel et communautaire, œuvre de l’Esprit-Saint, qui transfigure la vie des fidèles, les rendant participants de la vie divine. « Pour Jésus, l’évangélisation a pour objectif d’attirer les hommes au cœur de son lien intime avec le Père et l’Esprit » (N. 23). L’évangélisation conduit naturellement l’homme à une expérience de conversion, étape indispensable sur le chemin vers la sainteté. « L’Église qui annonce et transmet la foi agit comme Dieu Lui-même qui se communique à l’humanité en donnant
son Fils, qui répand l’Esprit Saint sur les hommes pour les régénérer en tant qu’enfants de Dieu. » (N. 36).
Jésus-Christ, « Évangile de Dieu, a été le tout premier et le plus grand évangélisateur » (Evangelii nuntiandi 7 in N. 21). Son Evangile est la reprise et l’accomplissement de l’annonce des Ecritures de l’Ancien Testament. « C’est justement en vertu de cette continuité que la nouveauté de Jésus apparaît en même temps évidente et compréhensible » (N. 22). Fidèle à la volonté de son Seigneur, « évangélisatrice, l’Église vit la mission qui est la sienne en recommençant chaque fois à s’évangéliser elle-même » (N. 37), à travers une conversion et un renouvellement constants dans l’écoute de la Parole de Dieu, dans la célébration des sacrements et dans l’œuvre de la charité. L’évangélisation n’est pas un choix de l’Eglise mais un devoir ; celle-ci existe pour évangéliser. D’autre part, « chaque personne a le droit d’entendre l’Évangile de Dieu pour l’homme, qu’est Jésus-Christ » (N. 33). L’évangélisation est le grand don de Dieu à tous les hommes. La nouvelle évangélisation est l’expression de la dynamique interne du christianisme, qui désire faire connaître aux hommes de bonne volonté « l’abîme de la richesse, de la sagesse et de la science » (Rm 11, 33) du mystère de Dieu révélé en Jésus-Christ, et non pas tant une réponse fébrile face à la crise de la foi et aux nouveaux défis que le monde actuel pose à l’Eglise.
IV. Deuxième chapitre : Le temps de la nouvelle évangélisation
Le second chapitre du Document est consacré principalement au signalement des défis actuels qui se posent à l’évangélisation ainsi qu’à la description de ce qu’est la nouvelle évangélisation.
L’Annonce de l’Evangile de Jésus-Christ, toujours la même, se confronte aujourd’hui à certaines situations sociales nouvelles qui interpellent l’Eglise et exigent d’elle des réponses adéquates pour rendre compte de l’espérance qui est en elle (1 P 3, 15). Il s’agit de nouveaux défis à l’évangélisation dans le monde contemporain, décrits par des scenarios différents. L’Eglise est appelée à discerner ces différentes scenarios « pour les transformer en lieux d’annonce de l’Évangile et d’expérience ecclésiale » ( N. 51). Ils étaient déjà indiqués dans les Lineamenta, mais les réponses des évêques ont contribué à en faire une description plus élaborée. Il s’agit de différentes scènes : culturelle (caractérisée par la sécularisation), migratoire, économique, politique, de la recherche scientifique et technologique. A cause de leur incidence sur la vie des Eglises particulières, on a développé plus loin les scènes liées aux domaines de la communication ou du religieux. De nombreuses réponses ont mis le doigt sur l’importance des moyens de communication, en particulier, de la culture des médias et du numérique pour la diffusion de la Bonne Nouvelle. Quant à la scène religieuse, on approfondit séparément le dialogue œcuménique ou interreligieux. On remercie la divine Providence pour tous les progrès significatifs effectués dans le dialogue de l’Eglise catholique avec les autres Eglises et communautés ecclésiales, sans ignorer pour autant les obstacles, mêmes récents, sur ce chemin tracé par la prière de Jésus pour que « tous soient un » (Jn 17, 21). En ce qui concerne le dialogue interreligieux, on souligne l’actualité du dialogue avec l’Islam et avec d’autres grandes religions du monde, indiquant leurs aspects positifs, mais sans nier les difficultés, surtout dans les pays où les chrétiens sont minoritaires.
L’expression bien connue du bienheureux Jean-Paul II sur la nouvelle évangélisation « nouvelle par son ardeur, par ses méthodes, par son expression » prononcée à Port au Prince, Haïti (9 mars 1983), a été appliquée bien souvent dans des contextes variés, au point de devenir une des idées forces de son pontificat. L’Instrumentum Laboris n’apporte pas de définition particulière, mais elle relève différentes significations. Par exemple, on indique que la nouvelle évangélisation « a été considérée avant tout comme une exigence, puis comme une opération de discernement et comme un encouragement à l’Église d’aujourd’hui. » ( N. 44). En outre, on indique que la nouvelle évangélisation est le nom donné à la relance spirituelle, au « départ d’un mouvement de conversion que l’Eglise demande à elle-même, à toutes ses communautés, à tous ses baptisés », pour « être le lieu où déjà maintenant l’on fait l’expérience de Dieu, où, guidés par l’Esprit du Ressuscité, nous nous laissons transfigurer par le don de la foi » (N. 88).
Toutefois, dans l’encyclique Redemptoris Missio 33, on a déjà cherché à indiquer la spécificité de la nouvelle évangélisation. A ce sujet, dans l’encyclique, on distingue l’évangélisation en général, œuvre constante de l’Eglise qui doit aussi être renouvelée et dynamisée à notre époque ; on souligne ensuite l’importance de l’activité missionnaire (ad gentes), le devoir d’annoncer l’Evangile de Jésus-Christ à ceux qui ne le connaissent pas encore ; et on s’arrête enfin sur la nouvelle évangélisation, dirigée surtout vers les personnes qui ont été baptisées mais insuffisamment évangélisées et vers celles qui se sont éloignées de l’Eglise et de la pratique religieuse. C’est mise en œuvre a été reprise et appliquée dans l’Exhortation apostolique post-synodale Africae munus. Elle est même signalée dans la Note doctrinale sur quelques aspects de l’évangélisation de la Congrégation pour la doctrine de la foi (3 décembre 2007). L’Instrumentum Laboris rapporte aussi cette vision dans une triple stratification de l’unique processus d’évangélisation : trois aspects qui sont liés et se complètent (Cf. Préface, NN. 85-89).
Dans cette œuvre de nouvelle évangélisation, on désire un renouvellement de la pastorale ordinaire dans les Eglises particulières. En même temps, on souhaite une nouvelle sensibilité, qui exige une certaine créativité et une audace évangélique, envers les personnes qui se sont éloignées de l’Eglise. Dans ce processus, une place particulière revient aux paroisses, « vues comme la porte d’entrée la plus capillaire à la foi chrétienne et à l’expérience ecclésiale » (N. 81). La paroisse devrait devenir le centre d’irradiation missionnaire et de témoignage de l’expérience chrétienne, en mesure d’accueillir des personnes qui ont des besoins spirituels et matériels. Pour que ceci se réalise, tous les membres du Peuple de Dieu sont responsables et surtout les prêtres. A ce sujet, la plupart des réponses ont signalé le manque de vocations au sacerdoce et à la vie consacrée, ce qui nécessite, entre autres, une pastorale des vocations forte.
V. Troisième chapitre : Transmettre la foi
La finalité de la nouvelle évangélisation est la transmission de la foi. L’Eglise transmet la foi qu’elle vit. Tous les chrétiens sont appelés à apporter leur contribution.
La foi, don de Dieu qui suscite une remise de soi au Seigneur, introduit à la vie de communion avec Dieu et permet l’entrée des fidèles dans l’Eglise. Avec la proclamation de l’Année de la Foi, le Saint-Père Benoît XVI a rappelé le primat de la foi, au sens où « les contenus essentiels qui, depuis des siècles, constituent le patrimoine de tous les croyants ont besoin d’être confirmés et approfondis d’une façon toujours nouvelle, afin d’en témoigner de façon cohérente dans des conditions historiques qui diffèrent du passé » (N. 94). Les obstacles à la foi peuvent être internes à l’Eglise (une foi vécu
e sur un mode passif et privé, le refus d’une éducation de la foi, une séparation entre foi et vie) ou en dehors de la vie chrétienne (la sécularisation, le nihilisme, le consumérisme, l’hédonisme). De nombreux signes de sensibilisation et de témoignages de formation, dans les Eglises particulières, dans la vie consacrée et dans les communautés ecclésiales permettent d’espérer en un avenir meilleur, en une renaissance de la foi.
L’Eglise transmet la foi qu’elle vit, surtout dans la liturgie qui devrait être en même temps culte divin, annonce de l’Evangile et charité en action. « Il existe un rapport intrinsèque entre foi et liturgie ‘lex orandi lex credendi’ » ( N. 97). A partir des Ecritures, la Tradition de l’Eglise a créé une pédagogie de la transmission de la foi professée (le Symbole), célébrée (les sacrements), vécue (le Décalogue) et priée (le Notre Père). C’est aussi la structure du Catéchisme de l’Eglise catholique qui ne manquera pas de fournir aux Pères synodaux les instruments nécessaires pour effectuer un discernement des efforts de ces dernières décennies en direction d’un renouveau de la catéchèse.
Le sujet de la transmission de la foi est l’Eglise dans son ensemble, qui se manifeste dans les Eglises particulières, présidées par un évêque. Autour de lui, sont impliqués des prêtres, des diacres, des personnes consacrées, des parents, des catéchistes, des hommes et des femmes. Une place particulière est réservée à la paroisse, « communauté de communautés » (N. 107), ainsi qu’à la famille, « lieu exemplaire d’évangélisation » (N. 110). A l’œuvre d’évangélisation est appelé tout chrétien, qui doit réveiller sa propre identité baptismale et, en particulier, les membres de vie consacrée et contemplative, des groupes et des mouvements. Tous doivent être prêts à rendre compte de leur foi à qui le leur demande. La riche contribution des ‘nouveaux évangélisateurs’ à la diffusion de la Bonne Nouvelle demande un approfondissement supplémentaire de la relation entre dons charismatiques et dons hiérarchiques pour le bien des Eglises particulières et de l’Eglise universelle.
L’Année de la Foi représente un appel pressant à la conversion pour que chaque chrétien et chaque communauté, transformés par la grâce, portent des fruits abondants. Parmi les fruits de la foi sont mentionnés l’engagement œcuménique, la recherche de la vérité, le dialogue interreligieux, le courage de dénoncer les infidélités et les scandales dans la communauté chrétienne. Il existe un rapport intrinsèque entre foi et charité. La foi se manifeste dans la charité et la charité sans la foi serait philanthropie. « La charité est le langage qui, dans la nouvelle évangélisation, plus que par les paroles, s’exprime dans les œuvres de fraternité, de proximité et d’aide aux personnes dans le besoin, aussi bien spirituel que matériel » (N. 124).
VI. Quatrième chapitre : Raviver l’action pastorale
La transmission de la foi dans le contexte de la nouvelle évangélisation propose à nouveau les instruments mûris au cours de sa Tradition et, en particulier, la première annonce, l’initiation chrétienne et l’éducation, en cherchant à les adapter aux conditions culturelles et sociales actuelles.
En mettant en pratique le commandement du Seigneur de faire de tous les peuples des disciples, l’Eglise a développé des pratiques pastorales pour annoncer l’Evangile aux hommes enracinés dans les différentes cultures. Face aux changements notoires de la société actuelle, les hommes d’Eglise ont réfléchi et révisé les façons d’introduire à la foi, à l’éducation et à l’annonce du message chrétien. A ce sujet, certaines certitudes restent largement partagées : le baptême des petits enfants, ainsi que celui qui est demandé par des adultes ou des adolescents. On est d’accord pour appliquer la structure du catéchuménat au parcours d’entrée dans la foi des plus petits, lui donnant davantage un caractère de témoignage et ecclésial. Si un accord substantiel demeure sur l’administration du baptême et de l’Eucharistie, une plus grande diversité s’affiche en ce qui concerne le temps de la célébration de la Confirmation. De toute façon, il vaudrait « mieux comprendre, d’un point de vue théologique, la séquence des sacrements de l’initiation chrétienne qui culmine dans l’Eucharistie, et réfléchir sur les modèles pour traduire dans la pratique l’approfondissement souhaité » (N. 137).
On attend des Assises synodales qu’elles soient une aide pour les communautés chrétiennes, à commencer par les paroisses, pour adopter un style plus missionnaire dans leurs activités pastorales. Il est très important, à ce sujet, de diriger la première annonce surtout vers ceux qui ne connaissent pas encore Jésus-Christ. Alors qu’au niveau de l’Eglise universelle ou nationale les formes générales de première annonce ne manquent pas (Journées mondiales de la jeunesse, voyages apostoliques, béatifications ou canonisations), il faudrait les développer dans la vie quotidienne au niveau local et paroissial (homélies, missions populaires, sacrements de la réconciliation et du mariage, piété populaire, dévotion envers Marie et les saints, en particulier dans les sanctuaires, attention aux situations de souffrance et de maladie).
L’évangélisation exige un lien entre l’initiation à la foi et l’éducation de l’homme. L’Eglise possède « une tradition de ressources pédagogiques, de réflexion et de recherche, d’institutions, de personnes […] en mesure d’offrir une présence significative dans le monde de l’école et de l’éducation » (N. 147). Dans le monde contemporain, le processus d’éducation devient de plus en plus difficile, au point que le Saint-Père Benoît XVI a parlé d’ « urgence éducative ». Dans un tel contexte, l’engagement de l’Eglise est d’une importance particulière, surtout « faisant ressortir la racine anthropologique et métaphysique du défi actuel autour de l’éducation » (N. 151), et s’opposant à une anthropologie marquée par l’individualisme et le relativisme.
Il existe un lien entre la foi et la connaissance, exprimé par le concept d’ « écologie de la personne humaine », entendue comme « une façon d’établir la compréhension du monde et le développement de la science qui tienne compte de toutes les exigences de
l’homme, y compris l’ouverture à la vérité et la relation originaire avec Dieu » (N. 153). Il revient surtout aux scientifiques chrétiens de montrer, en particulier par leur vie, l’harmonie enrichissante qui existe entre la foi et la raison pour le bien de l’humanité.
Pour évangéliser, l’Eglise n’a pas tant besoin de renouveler ses stratégies que d’augmenter la qualité du témoignage des hommes d’Eglise. L’affirmation de Paul VI reste toujours valable : « «L’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres ou s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins » (Evangelii nuntiandi 41 in N. 158).
On attend de l’Assemblée synodale qu’elle souligne le caractère central pour l’Eglise de la question de la vocation. Dieu appelle chacun personnellement, révélant ainsi que la vie est vocation en relation avec Dieu. L’appauvrissement de l’expérience chrétienne porte à l’affaiblissement des vocations qui se reflète dans la diminution des vocations sacerdotales et à la vie consacrée, mais aussi dans la fragilité à la fidélité dans les grandes décisions existentielles, comme par exemple l’indissolubilité du mariage.
Dieu appelle à la sainteté à travers des choix de vie radicaux, en assumant des ministères et des charges dans l’Eglise et dans la société. Le secret de la nouvelle évangéli
sation, qui est aussi le signe de son efficacité, est la réponse de chaque chrétien à l’appel à la sainteté et, donc, « la redécouverte de la vie comme vocation et la naissance de vocations à suivre le Christ de façon radicale » (N. 161).
VII. Conclusion
La nouvelle évangélisation devrait favoriser un nouvel élan apostolique, fruit d’une nouvelle Pentecôte, en rendant plus dynamique l’activité d’évangélisation ordinaire de l’Eglise, en mesure d’attirer aussi des personnes qui s’en sont éloignées et en donnant une nouvelle impulsion à l’annonce de l’Evangile ad gentes.
Dans la conclusion, on réaffirme l’importance de l’Esprit-Saint pour la nouvelle évangélisation. La première évangélisation a commencé le jour de la Pentecôte. Les apôtres ont reçu l’Esprit tandis qu’ils étaient réunis en prière au Cénacle avec la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de Jésus-Christ. A partir de ce moment, Marie, « comblée de grâces » (Lc 1, 28), se trouve sur toutes les routes de l’évangélisation, y compris la route actuelle sur laquelle l’Eglise invoque une nouvelle Pentecôte. C’est pour cela que la Mère de Dieu est invoquée, avec raison, sous le nom d’« Etoile de la nouvelle évangélisation ».
Nouvelle évangélisation ne signifie pas « un nouvel Evangile » « car Jésus-Christ est le même hier et aujourd’hui, il le sera à jamais » (He 13, 8) » (N. 164). Selon les paroles du bienheureux Jean-Paul II, nouvelle évangélisation veut dire « raviver en nous l’élan des origines, en nous laissant pénétrer de l’ardeur de la prédication apostolique qui a suivi la Pentecôte » (Novo millennio ineunte 40 in N. 165). Nouvelle évangélisation veut dire « rendre raison de notre foi, en communiquant le Logos de l’espérance au monde qui aspire au salut » (N. 167). Sur ce chemin, il faut repartir de Jésus-Christ qui offre l’espérance et donne la joie aux évangélisateurs afin qu’avec un enthousiasme renouvelé et sans peur ils annoncent au monde entier « Jésus-Christ, Evangile de Dieu, pour la foi des hommes » (N. 169).