Luca Marcolivio

Traduction d’Océane Le Gall

ROME, vendredi 1erjuin 2012 (ZENIT.org) –  La famille « traditionnelle » est-elle seulement un héritage du passé, ou bien un élément indispensable pour la survie de la société et l’avenir des jeunes générations ?

Cette question est l’axe d’une enquête socio-anthropologique du Conseil pontifical pour la famille qui a donné lieu à la publication du livre italien « La famille : une ressource pour la société », par M. Pierpaolo Donati, professeur de sociologie à l‘université de Bologne (cf. Zenit du 22 mai).

Ce livre a été présenté hier, 31 mai, dans le cadre du Congrès international théologique et pastoral, en cours à la Fieramilanocity, pour la VIIe rencontre mondiale des familles.

Le sous-secrétaire du dicastère pour la famille, Mgr Simon Vazquez, a ouvert la table-ronde, expliquant qu’il y a un lien indissoluble entre la famille et le bonheur auquel chaque homme aspire, et que la recherche coordonnée par le professeur Donati révèle que la famille est au cœur des objectifs et des désirs prééminents, y compris parmi les jeunes générations.

Pierpaolo Donati a expliqué que l’enquête a mis en évidence que la famille, encore aujourd’hui tient un rôle de premier plan dans les aspirations les plus profondes des italiens et que la famille « normalement constituée » - un homme et une femme avec au moins deux enfants – est davantage en mesure de répondre au désir de bonheur, que d’autres situations familiales différentes.

Il en est ressorti que la famille « traditionnelle » est la plus « satisfaisante » et la plus productive en termes de « capital humain et social ». A l’inverse, on s’éloignant de ce modèle, la famille perd sa capacité à valoriser les personnes et à générer de la solidarité.

L’enquête relève un premier groupe de familles qui sont les foyers dits monoparentaux. En raison des difficultés de leur quotidien, ces foyers sont assimilés à des personnes isolées. Ceux qui entrent dans cette typologie peuvent connaitre de grosses difficultés dans leurs relations avec l’extérieur.

Et puis il y a les couples sans enfants, qui souffrent de précarité relationnelle : « Ces sont les enfants, a souligné M. Donati, qui font sentir un couple « vraiment couple » ».

La situation des couples avec un seul enfant, est probablement la meilleure mais l’enfant tend à être « hyper protégé » et la famille tend à se fermer face à la société.

Pour finir il y a les familles dites « normales », les plus « pro-sociales » et ouvertes à l’extérieur, et les plus aptes à transmettre des valeurs. Dans ce genre de familles, a commenté Pierpaolo Donati, la qualité de  vie est généralement la meilleure: celles-ci sont la « source principale du capital social ».

Les deux facteurs qui rendent une famille « vertueuse » sont donc le mariage et le nombre d’enfants. « Le mariage, a relevé le sociologue, améliore l’attitude vis-à-vis de la société, car il ne s’agit pas d’un simple acte juridique mais d’un rite qui met en contact la sphère publique et la sphère rivée ».

« Plus nombreux sont les enfants et plus grande est la richesse des relations, a-t-il ajouté. Même si les relations entre frères et sœurs ne sont pas forcément excellentes, il vaut mieux être en mauvais rapports avec eux qu’être des enfants uniques ».

L’intervention de M. Donati a été suivie de celle du président du Forum italien des familles, Francesco Belletti, qui a souligné le rôle de la famille comme rempart contre l’abus de pouvoir, « un pouvoir des sans pouvoirs », à commencer par saint Joseph et la Vierge Marie qui sauvent leur enfant de la furie meurtrière d’Hérode.

Par ailleurs, c’est très souvent par les familles que la société se renforce et que les exigences de celles-ci sont concrètement abordées. Par exemple, avec les associations de familles ayant des enfants porteurs d’un handicap. Celles-ci se retrouvent souvent obligées à exercer « une subsidiarité à l’envers », de suppléer aux manques de l’Etat.

Enfin, la conciliation entre la famille et le travail a été soulevée par une autre sociologue de la famille, Giovanna Rossi, de l’université catholique du Sacré-Cœur à Milan : s’appuyant sur une analyse, Mme Rossi souligne que la demande de conciliation est très forte mais se résout souvent par un choix exclusif au travail, renonçant à la famille ou vice-versa.

Le choix du plein temps pour un parent et d’un temps partiel pour l’autre, est considéré comme étant l’idéal pour les couples avec des enfants plus petits, mais au fur et à mesure que ces derniers grandissent, la tendance privilégie le plein temps pour tous les deux.

Malgré les propositions constructives pour affronter ce problème, le chemin à parcourir est « long et accidenté », a déclaré la spécialiste.