Traduction d’Hélène Ginabat
ROME, mardi 3 juillet 2012 (ZENIT.org) – « Le consensus sous-jacent à ce que signifie ou exige la dignité humaine est de plus en plus remis en question », fait obsever l’archevêque de Westminster, qui s’interroge sur l’utilisation contemporaine de ce concept capital dans l’évolution de notre société.
Mgr Vincent Nichols, s’est en effet adressé, lundi 25 juin, aux membres de la « Thomas More Society », à Londres, et il a appelé à une compréhension plus développée et partagée de la dignité humaine pour le bien de tous dans la société.
La « Thomas More Society », basée à Chicago, est un cabinet d’avocats national d’intérêt public dont l’objectif est de restaurer le respect envers le droit pour la vie, le mariage et la liberté religieuse.
« Cela a beaucoup d’importance parce que la notion de dignité humaine joue un rôle clé en particulier dans les conventions internationales, et dans notre compréhension de la vie morale » a-t-il dit.
« La manière dont nous nous développons dans notre société pluraliste, et dont nous nous attachons à une compréhension commune d’un tel concept clé peut avoir une influence immense sur la qualité du développement moral et social des personnes », a-t-il ajouté.
Mgr Nichols a fait observer que l’idée de dignité humaine a une longue histoire, remontant à Cicéron, saint Augustin et saint Thomas d’Aquin. Elle a ensuite été développée par l’école de Salamanque des Dominicains en Espagne au moment de la colonisation de l’Amérique. Par la suite, aux alentours du siècle dernier, elle a fait l’objet des encycliques sociales de l’Église.
La dignité humaine a également une grande importance en dehors de l’Eglise, a-t-il ajouté. La Déclaration des droits de l’homme des Nations Unies, à l’article 1, stipule : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité ».
L’archevêque anglais a également noté que l’article 1 (1) de la loi fondamentale allemande, également rédigé en 1948, stipule que « la dignité humaine est inviolable. Il est du devoir de tout le pouvoir de l’Etat de la respecter et de la protéger ».
« De nos jours, le recours généralisé au concept de dignité humaine à la fois en droit et en éthique est aussi sous le feu des projecteurs, en particulier dans les domaines du droit et de l’éthique médicale, et le consensus sous-jacent à ce que signifie ou exige la dignité humaine est de plus en plus remis en question », a-t-il commenté.
Mentionnant le professeur Steven Pinker, qui a écrit en un article intitulé « La bêtise de la dignité », Mgr Nichols a également évoqué les débats sur l’euthanasie et sur ce que signifient vivre et mourir dans la dignité.
La compréhension catholique de la dignité humaine peut aider dans ce débat, a-t-il poursuivi. Elle est fondée sur « la compréhension que nous avons » du livre de la Genèse selon lequel « toutes les choses créées ont une dignité qui leur est propre, mais que la dignité humaine est quelque chose de spécial parce que les êtres humains sont créés à l’image et à la ressemblance de Dieu ».
« Elle acquiert une nouvelle profondeur avec la réflexion chrétienne sur l’incarnation, la mort et la résurrection du Christ qui, d’une part révèle la splendeur de notre dignité humaine, et d’autre part, par sa résurrection, nous offre, à travers lui, la voie vers la plénitude de la vie avec Dieu, à laquelle nous sommes tous appelés », a-t-il poursuivi.
La dignité humaine peut également être perçue par la raison, a ajouté l’archevêque de Westminster ; c’est ce qu’a rappelé le pape Benoît XVI dans son discours à Westminster Hall, quand il a parlé de la façon dont la religion et la raison ont besoin l’une de l’autre.
Vous n’avez pas besoin d’être croyant « pour affirmer (…) que la « dignité humaine » est l’idée qui résume le mieux la vérité universelle de cette revendication, avec la force morale qu’elle possède ».
« La dignité humaine peut être et doit rester un cri de ralliement efficace pour la protection des droits fondamentaux de l’homme », a -t-il insisté.