Anita Bourdin
ROME, lundi 9 juillet 2012 (ZENIT.org) – Le cardinal Sodano a été choisi par Benoît XVI, le 7 juillet, comme « légat pontifical » pour la consécration de la cathédrale du diocèse de Karaganda, au Kazakhstan, prévue le 9 septembre 2012.
La nouvelle cathédrale, revêtue de pierres du Caucase et de style néo-gothique est dédiée à « Notre-Dame de Fatima, Mère de toutes les nations », notamment en mémoire des représentants des nations prisonniers de quelque 60 camps – goulags – soviétiques. Il a fallu huit ans pour l’édifier (2004-2012).
Selon les chiffres de l’Aide à l’Eglise en détresse, la répartition de la population selon les religions indique 51,6 % de musulmans, 13,5 % de chrétiens (principalement orthodoxes), 34,4 % d’agnostiques et 0, 5 % d’autres religions. Les catholiques seraient 161 000, sur un total de quelque 16 millions d’habitants, por un pays plus grand que l’Union européenne.
En recevant le nouvel ambassadeur du Kazakhstan près le Saint-Siège, Amanzhol Zhankuliyev, en décembre 2008, Benoît XVI a à la fois salué les efforts du gouvernement kazakh en faveur du dialogue entre les cultures et les religions, et il a insisté également sur l’importance du respect de la liberté de religion en disant : « Il est certes de la compétence de l’Etat de garantir la pleine liberté religieuse, mais il lui revient aussi d’apprendre à respecter le religieux en évitant d’interférer en matière de foi et dans la conscience du citoyen », (cf. Zenit du 18 décembre 2008).
Le doyen du collège des cardinaux s’est déjà rendu au Kazakhstan, à Astana et à Karaganda, en 2003, du 16 au 19 mai, à l’invitation du président de la République, Nursultan Nazarbayev, pour commémorer l’anniversaire du voyage de Jean-Paul II de 2001. Une visite au cours de laquelle, justement, celui qui était alors secrétaire d’Etat n’avait pas accompagné Jean-Paul II, exceptionnellement, en raison du climat international provoqué par les attentats du 11 septembre.
A l’époque soviétique, le Kazakhstan devint, entre autres, un lieu de déportation: les opposants étaient systématiquement déportés dans les steppes immenses de l’Asie centrale, pour travailler dans les fermes collectives, ou étaient envoyés dans les camps de travail ou dans les terribles mines de charbon, dont le Kazakhstan est très riche.
Etant donné le besoin de main d’œuvre, des millions de personnes de différentes nationalités ont été déportées: le Kazakhstan est devenu « un immense camp de concentration ». Et parmi les prisonniers, des milliers de catholiques, surtout de nationalité polonaise, ukrainienne, allemande, mais aussi lituanienne et biélorusse, dont Jean-Paul II a évoqué le martyre au cours de son voyage.
La ville de Karaganda était au centre d’une toile de camps appelée « Karlag » – « Karaganda lager » -. Mais les nombreux prêtres déportés favorisèrent le jaillissement d’une église clandestine. Parmi eux, le P. Alexij Saritski béatifié par Jean-Paul II en 2001.
Karaganda compte un demi-million d’habitants, elle a déjà sa mosquée et une église orthodoxe. La nouvelle cathédrale rassemblera la minorité catholique et rappellera les déportés de plus de 120 nations.
Jean-Paul II, qui a inauguré le nouvelel cathédrale d’Astana, a lancé de la capitale du Kazakhstan, le dimanche 23 septembre 2001, un dramatique appel à la paix dans le monde, afin que la religion ne soit jamais un motif de conflit.
S’adressant aux quelque 50.000 personnes, en majorité musulmanes, rassemblées sur la place de la Mère Patrie à Astana, le pape a demandé aux musulmans et aux chrétiens d’élever une « intense prière » vers Dieu pour la paix (cf. Zenit du 23 septembre 2001).
« Je voudrais lancer un sérieux appel à chacun, chrétiens et fidèles d´autres religions, à travailler ensemble pour construire un monde sans violence, un monde qui aime la vie et qui grandit dans la justice et la solidarité », a déclaré le pape, prononçant un discours préparé à la dernière minute.