Le « cas sérieux » des homélies (II)

La Bible et les Pères de l’Eglise : définition et méthode

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Mgr Enrico Dal Covolo

Traduction d’Océane Le Gall

ROME, jeudi 19 juillet 2012 (ZENIT.org) –  « Transmettre la foi » : c’est le titre de la troisième partie de l’Instrument de travail pour préparer la prochaine Assemblée Générale du Synode des évêques sur el thème de la Nouvelle évangélisation pour la transmission de la Foi chrétienne.

On y lit au n. 91: « on ne peut pas transmettre ce à quoi on ne croît pas et que l’on ne vit pas. On ne peut pas transmettre l’Évangile sans avoir comme base une vie qui est modelée par cet Évangile, qui dans cet Évangile trouve son sens, sa vérité, son avenir. »

C’est dans cette perspective que Mgr Enrico Dal Covolo, Grand Recteur de l’Université Pontificale du Latran, affronte  le « cas sérieux » des  homélies.

Après une première partie , diffusée mercredi 18 juillet, sur le ministère de la prédication, Mgr Dal Covolo centre la deuxième partie de sa réflexion sur la définition et la méthode d’une homélie, dans le sillage de la Bible et des Pères de l’Eglise..

Mais pourquoi tant d’attachement aux homélies ?

La réponse est bien connue. Pour une bonne partie du peuple de Dieu, celle-ci est restée l’unique occasion de « catéchèse » (dans le sens que nos Pères nous ont enseigné), et  plus généralement, une occasion de « formation religieuse », à part la prière et la célébration des sacrements.

En effet, l’homélie représente un espace particulier de communication qui touche au spirituel et à l’humain : une communication qui permet d’atteindre chaque dimanche un nombre si élevé de personne qu’aucune autre « agence » n’est en mesure de l’égaler.

D’où le « défi » et la « responsabilité » que cela implique.

* Considérons tout d’abord le terme employé, c’est-à-dire le mot « homélie ». Parmi les divers substantifs utilisés par les Pères de l’Eglise pour définir cette forme particulière de communication religieuse – comme surtout l’homélie et le sermon – la réforme liturgique avancée par le Concile Vatican II a préféré précisément celui  de l’homélie, qui renvoie directement à l’épisode relaté par Luc, à la fin du troisième Evangile, sur la rencontre entre Jésus et les disciples d’Emmaüs. Alors que ces derniers « conversaient » entre eux (en to homiléin), Jésus lui-même s’approcha d’eux, pour expliquer ce qui, dans toutes les Ecritures, se rapportait à lui (cf. Luc 24,13ss.: les versets 14 e 15 emploient deux fois le verbe omiléo, mot grec qui veut dire « converser »).

Jésus se révèle ainsi comme le premier dispensateur d’homélie, comme il s’était déjà manifesté dans la synagogue de Nazareth (cf. Luc 4,14-21).

* Mais dans les deux épisodes relatés par Luc, Jésus Christ enseigne aussi la méthode fondamentale de l’homélie, celle que nos Pères ont largement utilisée et élaborée de multiples façons. C’est en substance la méthode qui règle la traditionnelle lectio divina.

Théorisée et systématisée au XIIème siècle, en milieu monastique (que le nom de Gigues II, prieur de la Grande Chartreuse soit valable pour tous), la lectio divina remonte en réalité à une époque bien plus lointaine, et non postérieure à la Bible, précisément parce qu’on la trouve déjà à l’intérieur de la Bible. Substantiellement, la lectio prévoit un double mouvement. Le premier mouvement est comme un « voyage aller », durant lequel la Parole de Dieu est lue et méditée, pour qu’elle descende au fond des cœurs; puis du cœur part le second mouvement, qui est come un « voyage retour », où la Parole se met à convertir la vie des croyants.

Mais il nous faut préciser que dans le cas de l’homélie, les deux mouvements – à l’aller comme au retour – impliquent une Parole insérée dans le contexte de  l’année liturgique. En effet, l’homélie se trouve vitalement insérée dans la liturgie eucharistique. Donc les deux mouvements ne renvoient pas à une Parole isolée, mais à une Parole qui est proposée par l’Eglise en relation étroite avec l’événement liturgique célébré.

Dans le cadre de l’Eglise de Rite romain on trouve le projet d’annonce dans les divers Lectionnaires, alors que la description théologique est présentée dans l’Introduction générale au Lectionnaire .

De là une conséquence concrète très importante. Il faut que celui qui prononce l’homélie soit extrêmement attentif aux thèmes offerts par les Lectionnaires pour chaque célébration. L’homélie n’est pas l’endroit pour parler de tout et de rien, mais le moment pour opérer une formation religieuse à partir des conseils suggérés dans le Lectionnaire. Si la méthodologie du Lectionnaire, avec les titres proposés à chaque lecture, n’est pas un patrimoine connaturel à celui qui prononce l’homélie, les fidèles ne pourront pas saisir le projet d’annonce qui est soumis à la célébration liturgique.

(La troisième partie de la réflexion de Mgr Dal Covolo, sera publiée demain, vendredi 20 juillet.)

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ZENIT Staff

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