Raif Badawi, saoudien de trente ans, fondateur d’un site Internet, risque la peine de mort pour avoir été un sincère paladin de la liberté.
Raif Badawi a fondé en 2006 le « Réseau saoudien libéral » et a critiqué à plusieurs reprises l’extrémisme islamique de prêcheurs wahhabites, mais également le régime saoudien pour son inertie devant la dérive de ces derniers.
Détenu depuis 2012 dans la prison de Briman à Djeddah, condamné à sept ans et 600 coups de fouet pour de prétendues offenses contre certaines figures religieuses de l’Islam, il subira prochainement un procès pour apostasie.
Pour l’Association des femmes marocaines en Italie (ACMID) et sa présidente Souad Sbai, les conclusions sont évidentes : Raif Badawi a été accusé d’apostasie pour être éliminé, car « l’ami de la libre pensée » gênait.
L’association organise une manifestation de protestation devant l’ambassade saoudienne à Rome, ce jeudi 9 janvier à 16h. Parmi les manifestants : des musulmans et non musulmans, italiens ou non. Ils demandent la libération immédiate de Raif Badawi.
Dans un entretien accordé au site libéral « Aafaq », en août 2007, Raif Badawi dénonçait sans ambages : « les libéraux résidant dans le Royaume vivent entre le marteau de l’Etat et l’enclume de la police religieuse ».
Il se décrivait ainsi : « Raif Badawi n’est qu’un simple citoyen saoudien. Mon engagement vise à faire avancer la société civile dans mon pays, à refuser toute sorte de répression au nom de la religion, à promouvoir les libéraux saoudiens éclairés dont le premier objectif est d’être présents dans la société civile, un objectif que nous atteindrons pacifiquement et en respectant la loi ».
Il réaffirmait ce concept peu de temps après: « La pensée libérale est fortement ancrée dans la réalité et le pragmatisme. Elle considère la patrie comme sacrée. Elle ne s’oppose pas à l’Islam, mais au contraire elle s’y enracine et se développe à partir de ses nobles principes. Nous sommes convaincus que l’évolution vers une pensée libérale exige une formation, une conscience et des sentiments ouverts au bien commun, au devoir et à la responsabilité ».
Dans les jours à venir, l’ACMID attend que l’Arabie Saoudite montre dans les faits que sa terre est « terre de dialogue » comme elle le disait pour célébrer ses 80 ans de relations diplomatiques avec l’Italie, en 2013.
Traduction d’Océane Le Gall