Vie consacrée: dynamique de réconciliation pour les religieuses des EEUU

Rapport après la Visite apostolique dans différents instituts apostoliques

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Le Saint-Siège appelle à la réconciliation les instituts de religieuses apostoliques qui ont refusé de participer à la Visite apostolique organisée aux Etats-Unis de 2009 à 2012 : l’Année de la vie consacrée est « une occasion de transformer l’hésitation en une collaboration dans la confiance », souligne-t-il.

Il rend aussi hommage à l’oeuvre des religieuses : « Depuis les premiers jours de l’Église catholique [aux États-Unis], les femmes religieuses ont courageusement été à la pointe de sa mission évangélisatrice, en s’occupant de façon désintéressée des besoins spirituels, moraux, éducatifs, physiques et sociaux d’innombrables personnes ».

Le rapport final de la visite apostolique de la Congrégation pour les Instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique auprès des religieuses apostoliques des États-Unis a été présenté ce mardi matin, 16 décembre 2014, au Vatican. 

Précisons que ce document ne concerne pas la vie consacrée du pays dans son ensemble, mais, parmi les instituts religieux apostoliques féminins, seulement ceux qui sont représentés par l’organisation « Leadership conference of women religious » (Conférence des responsables des religieuses, LCWR).

La Congrégation pour la doctrine de la foi et la Congrégation pour la vie consacrée travaillent en effet depuis plusieurs années à une évaluation de la LCWR, au sein de laquelle sont représentées la majorité (près de 80%) des communautés religieuses apostoliques féminines du pays.

En juin 2012, la Congrégation pour la doctrine de la foi avait donné les résultats de son évaluation doctrinale en proposant un programme de « réformes » sous tutelle, notamment pour les prises de position controversées de la LCWR en matière de respect de la vie, de sexualité et d’accès des femmes aux ministères ordonnés.

Les participants de la conférence de presse étaient le cardinal brésilien Joao Braz de Aviz, préfet du dicastère pour la vie consacrée, Mgr José Rodríguez Carballo, O.F.M., Espagnol, secrétaire du dicastère, et trois religieuses des Etats-Unis : Soeur M. Clare Millea, A.S.C.J., directrice de la visite apostolique, Sœur Sharon Holland, I.H.M., présidente de la LCWR, Sœur Agnes Mary Donovan, S.V., coordinatrice du « Council of Major Superiors of Women Religious » (Conseil des supérieures majeures des religieuses femmes CMSWR). La conférence était modérée par le P. Federico Lombardi, directeur de la salle de presse du Saint-Siège et le P. Thomas Rosica, C.S.B., Canadien, assistant pour la Visite apostolique.

Appel à la réconciliation

Le cardinal Braz de Aviz a exprimé la reconnaissance de la Congrégation romaine « pour la présence des femmes religieuses aux États-Unis et pour leur contribution à la mission évangélisatrice de l’Église » : « Depuis les premiers jours de l’Église catholique dans leur pays, les religieuses ont courageusement été à la pointe de sa mission évangélisatrice, en s’occupant de façon désintéressée des besoins spirituels, moraux, éducatifs, physiques et sociaux d’innombrables personnes » en particulier dans les écoles, les hôpitaux et les organisations caritatives, a-t-il affirmé.

Si « la visite apostolique a été accueille avec appréhension » par certains instituts qui ont refusé de collaborer pleinement, le cardinal a confirmé la volonté et la disponibilité du Saint-Siège pour « un dialogue respectueux et fructueux avec ces instituts » et pour « renforcer la communion ecclésiale par un contact direct ».

Il a appelé à « travailler vers la pleine réconciliation qui offrira à tous un témoignage radieux et attrayant de communion fraternelle ». Publié à l’aube de l’Année de la vie consacrée – ouverte le 30 novembre dernier – le rapport est « une occasion de transformer l’incertitude et l’hésitation en une collaboration dans la confiance », a-t-il ajouté : « Notre époque a besoin de témoins crédibles et attirants de vie religieuse consacrée qui démontrent la puissance rédemptrice et transformatrice de l’Évangile ».

Déroulement de la visite

Mgr Carballo a expliqué que cette visite apostolique avait « été sans précédent » : elle concernait 341 instituts religieux féminins apostoliques ayant un programme de formation initiale aux États-Unis, représentant quelque 50.000 femmes consacrées.

La Visite apostolique, qui a eu lieu entre 2009 et 2012, était voulue « dans le respect, le dialogue « sœur à sœur » », à l’écoute de la réalité « du patrimoine, des défis actuels et des espoirs futurs ».

Elle a été divisé en quatre phases : dialogue avec 266 supérieurs généraux (78% du nombre total) ; questionnaire sur la vie spirituelle, communautaire et ministérielle de chaque institut ; visites de 90 instituts religieux (la moitié des religieuses apostoliques des États-Unis) ; et enfin rédaction d’un rapport général sur les grands enjeux.

Le document de la Congrégation, rédigé après le rapport, « avec le soutien du pape », explique le processus de la visite, évoque les principales questions évaluées – charisme et identité, vocations et formation religieuse, vie communautaire et ministère, gouvernance et gestion financière, communion ecclésiale – et formule les recommandations du dicastère.

Un rapport positif et réaliste

Sœur M. Clare Millea, a souligné « la confiance profonde du dicastère » et sa « grande sensibilité à l’égard des religieuses ».

Elle a détaillé les « résultats positifs » de la visite apostolique, entre autres : « une confrontation honnête avec la puissance de la Parole de Dieu ; conversations spirituelles profondes sur les fondateurs ; étude sérieuse des documents de l’Église sur la vie consacrée ; développement de la solidarité entre les religieuses… ».

Sœur Sharon Holland a salué quant à elle « un rapport positif et réaliste basé sur l’étude des réponses écrites et sur d’innombrables heures d’écoute attentive », un rapport qui invite « à réfléchir, à discerner, à agir selon nos charismes distincts mais complémentaires ».

« On peut lire le texte et se sentir apprécié et digne de confiance pour continuer », a-t-elle estimé en se réjouissant de cette « tonalité encourageante » : « ce n’est pas un document de blâme ou de solutions simplistes… il souligne la nécessité, selon les mots du pape, d’une « présence féminine plus incisive dans l’Église » ».

Pour sœur Agnes Mary Donovan, « il y a des raisons d’espérer : la voix de l’amour qui par le passé a appelé les femmes à se donner courageusement et généreusement aux pauvres, aux faibles et aux jeunes, appelle encore aujourd’hui les jeunes femmes d’aujourd’hui ».

« Il n’est rien de plus puissant, aucun acte ne peut « réveiller le monde », comme celui de la femme consacrée qui dit dans son être même : « Ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi » », a-t-elle conclu en annonçant des Journées « portes ouvertes dans les couvents des États-Unis durant l’année 2015.

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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