De quoi le Big Bang est-elle la preuve ?

Les indices pensables Episode 49 par Brunor

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Résumé des épisodes précédents : Penzias et Wilson ont reçu le prix Nobel pour avoir découvert le « fond diffus cosmologique » que l’on appelle Big Bang et qui marque l’époque la plus ancienne de notre Univers. Mais est-ce pour autant la preuve du « commencement » ?

Eh bien non. Il faut comprendre que le Big Bang n’est pas la preuve du commencement de l’Univers. Cette découverte qui date de mai 1965 n’est pas précisément la découverte de l’instant zéro. Alors pourquoi en parle-t-on tant, si elle ne prouve rien ?
Réponse : elle prouve bien quelque chose : elle est la preuve que l’Univers est en expansion et qu’il se refroidit, car était autrefois immensément plus chaud, plus dense et plus petit ….

Ce qui confirmait de façon magistrale les théories de Friedman, Lemaître et Gamow, qui avaient émis l’hypothèse que l’Univers n’était pas fixe et immuable comme la grande majorité de la communauté scientifique le croyait jusqu’alors. Surtout que des génies comme Einstein avaient d’abord et longtemps refusé d’abandonner leurs préférence pour un Univers éternel et fixe. Grâce à la découverte du Big Bang, (1) on apprenait que l’audacieuse théorie mathématique d’un Univers dynamique  en expansion était donc une théorie exacte.

Ce qu’on ignorait encore lorsque le Pape Pie XII avait souhaité annoncer que le récit Biblique du commencement du monde semblait confirmé par les sciences.
Heureusement le physicien Lemaître, qui était aussi prêtre et proche du Pape, avait invité ce dernier à la plus grande prudence. Il fallait modérer ce bel enthousiasme et éviter les déclarations hâtives, ce que Pie XII n’eut aucune difficulté à comprendre.

En effet,  si cette théorie scientifique de l’expansion des galaxies dont Lemaître fut l’un des principaux artisans, venait à s’avérer fausse, tous ceux qui avaient échafaudé des plans hâtifs  sur cette comète se trouveraient immédiatement discrédités, disqualifiés, voire, ridiculisés. Il fallait impérativement épargner cela au Pape, même si son enthousiasme pour les sciences astrophysiques toutes récentes méritait qu’on rende hommage à son ouverture d’esprit.

De fait, pour s’exprimer officiellement  à ce sujet, le Pape Pie XII attendit désormais une confirmation de cette théorie mathématique par les sciences expérimentales. Malheureusement pour lui, cette confirmation n’arriva pas de son vivant, aussi le Pape  ne put-il jamais connaitre la joie d’annoncer au monde entier que la théorie d’un Big Bang était exacte. Il mourut en 1958, 6 ans avant la découverte par Penzias et Wilson du « rayonnement fossile » ou « Big Bang » qui donnait raison aux calculs de Friedman et Lemaître.

Cinquante ans plus tard, en 2014, c’est donc un autre Pape : François qui, prenant le relais, employa ce mot pour la première fois : «Le Big Bang, que nous pensons être à l’origine du monde, n’annule pas l’intervention d’un créateur divin. » Autrement dit : il n’y a pas de contradiction entre la métaphysique de la création et le constat physique d’un Univers construit par étapes, ou comme l’a énoncé le Pape : « L’évolution dans la nature n’est pas contradictoire avec la notion de création ….»

Ceci étant dit, le Big bang ne permet pas de remonter jusqu’à l’instant zéro de notre Univers. Il permet de remonter jusqu’à la toute première seconde qui suit cet instant zéro (encore théorique).

En effet, les observations des télescopes et les calculs des astrophysiciens permettent de connaître le Passé de l’Univers. Ainsi ils nous apprennent qu’ils peuvent connaitre non pas l’instant zéro qui est inaccessible, mais le premier dixième de seconde qui l’a suivi (1/10 ou 0,1), et je dirais même plus comme dirait Dupont : le premier centième de seconde (1/100 ou 0,01 ou 10-2) et même plus, surenchère Dupond : le premier millième de seconde (1/1000 ou 0,001 qu’on appelle aussi  10 puissance moins 3 car il y a trois chiffres après la virgule.) (2)

Eh bien les savants nous disent qu’ils peuvent remonter ainsi jusqu’à 10 puissance moins 43 soit 43 chiffres après la virgule à l’intérieur de la première seconde qui suit cet instant zéro inaccessible ! On se dit qu’on n’est pas loin de l’instant zéro hypothétique… Mais on se heurte à une sorte de « mur » infranchissable appelé « mur de Planck » en hommage au grand physicien Max Planck.

Au-delà de ce « mur » ou barrière, il y a cette zone inaccessible et inconnaissable qui a été appelée « l’ère de Planck ». On nous dit qu’il est impossible d’explorer cette période entre l’instant zéro et l’instant 10-43, car les quatre grands forces ou lois de la nature qui président à tout dans l’Univers étaient « mêlées » dans ce temps très infime, et leur
non-séparation exclue toute possibilité de franchir ce « mur » de Planck. (3)

Conclusion : C’est un exploit considérable de savoir remonter jusqu’au premier milliardième de milliardième de milliardième de seconde après l’instant zéro. Mais ce n’est pas l’instant zéro. Donc personne ne peut dire que nous avons la preuve d’un commencement de l’Univers…  Derrière ce mur de Planck, l’ère de Planck pourrait être non pas d’une durée infime de 10-43 secondes comme on le suppose, mais une durée infinie.

Par ce chemin d’enquête, nous voilà bloqués à ce mur de Planck, renommé infranchissable. Connaissons-nous d’autres moyens de répondre à cette question l’Univers a-t-il eu un commencement ?
Il semble que oui… C’est ce que nous verrons la prochaine fois… Avec la question restée en suspens : L’Univers aura-t-il une fin ? (4)

(A suivre…)

Brunor

1 – Voir les précédentes chroniques sur le Big Bang : http://www.brunor.fr/PAGES/Pages_Chroniques/44-Chronique.html
ou sur le site de Zénit                   http://www.zenit.org/fr/googlesearch?q=les%20indices%20pensables

2 – Voir : La lumière fatiguée (SPFC éditions)

3 – Nous y reviendrons…

4 – Voir L’Être et le néant sont dans un bateau, (Brunor Editions. 2014)

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